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EMILIE SIMON – Interview – Paris, vendredi 18 septembre 2009

C’était l’un des retours les plus attendus de l’année. La ‘Big Machine’ d’Emilie Simon s’est mise en marche dès le 17 septembre lors d’un concert au Point Éphémère à Paris. Le lendemain nous avons eu le plaisir de la rencontrer dans un charmant hôtel parisien afin de parler plus en détail de la conception de son nouvel album et de la ville où il a grandi : New-York.

Interview EMILIE SIMONTon dernier album, ‘Live à L’Olympia’ – ou j’ai eu le plaisir de te voir jouer – est sorti il y a 2 ans, entre temps tu as sorti un album aux Etats-Unis, tourné là-bas, et tu t’y es installée. La raison de ton départ était-elle artistique ou personnelle ?

Emilie Simon : La raison de mon départ était personnelle. J’y suis partie parce que j’avais tout simplement besoin de vacances. Je suis d’abord allée à Montréal, puis j’en ai profité pour passer un peu de temps à New-York. Une fois là-bas j’ai ressenti une énergie qui me faisait du bien te j’ai eu envie d’y prolonger mon séjour, encore et encore… !

Pour ‘The Big Machine’ tu as complètement changé l’équipe qui travaille autour de toi ?

Emilie Simon : Oui, mais c’était une conséquence de ce qui se passait dans ma vie. Je ne me suis pas dit que j’allais changer d’équipe, mais plutôt que j’allais vivre cet album comme une expérience au quotidien et que ceux qui ont travaillé et contribué à ce disque sont des gens que j’ai rencontré sur mon chemin. Bien sûr j’aurais pu faire appel à mes musiciens Français qui sont exceptionnels et que j’adore, nous sommes très proches… Mais tout ça, ce sont des aventures, il y a une magie qui s’opère, il y a des moments pour les choses. ‘Végétal’ s’est passé d’une certaine manière, ‘The Big Machine’ c’était autre chose, il n’y a aucune règle. On peut travailler avec les mêmes personnes toute sa vie et être épanoui ainsi ; on peut aussi travailler avec différentes personnes qui correspondent à différentes périodes de vie… On peut aussi faire les deux d’ailleurs, puisque François Chevallier qui a travaillé sur cet album et fait un travail exemplaire et magnifique travaillait avec moi depuis ‘La Marche De l’Empereur’ par exemple. Sinon, c’est vrai qu’il y a beaucoup de nouvelles collaborations sur ‘The Big Machine’.

J’imagine que l’écriture et l’enregistrement de ton album ont donc été assez différents des précédents, je crois que tu as notamment beaucoup moins travaillé sur ordinateur pour le composer ?

Emilie Simon : En fait j’ai travaillé beaucoup sur l’ordinateur, mais pas à la base de la composition. Je l’ai utilisé comme partie de la réalisation une fois que l’écriture a été terminée. Avant ça, j’écrivais sur l’ordinateur, donc la période d’écriture et de réalisation étaient intimement liées, pour ne pas dire simultanées. Alors que cette fois-ci j’ai beaucoup plus divisé mon travail, j’ai écrit pendant environ 2 ans, jusqu’à ce que j’ai la vision artistique de l’album que je recherchais, c’est-à-dire la cohérence, la direction, le cap et les couleurs… et à ce moment-là je suis passée à la réalisation, c’est là que l’ordinateur est entré dans mon jeu.

Cet été j’ai beaucoup écouté ton nouveau single, ‘Dreamland’, il semble augurer une nouvelle ère dans ta carrière, avec un penchant plus Pop et enjoué, en comparaison à l’ambiance plus posée et très élaborée de Végétal.

Emilie Simon : Ce sont des choses qui sont sorties naturellement, je ne l’ai pas décidé. Je crois que j’avais cette énergie au fond de moi, qui correspondait à ce que j’avais vécu ces dernières années, notamment une espèce d’urgence d’écriture, le fait de me sortir de mon contexte, de partir de mon pays et de me confronter à autre chose. Ce sont de belles expériences du quotidien, j’absorbais la vie et ce qui se passait autour de moi à chaque minute. Donc j’ai beaucoup appris, j’ai l’impression d’avoir grandi avec cet album, d’avoir changé et évolué.

Alors, tu me diras si j’ai raison mais je trouve que sur certaines chansons y a une tonalité ‘asiatique’ dans la musique.

Emilie Simon : Oui, il y a eu beaucoup de voyages en Asie quand j’étais en tournée. Et puis quand je suis arrivée à New York, le premier quartier où j’ai habité c’était Chinatown. C’est d’ailleurs là-bas, dans mon appartement, que j’ai écrit ‘Chinatown’ qui était mon premier morceau à New York. Et pour moi New York c’est ça, c’est un melting pot. Beaucoup de gens viennent avec leur culture, que ce soit dans le cas présent des instruments chinois, mais ç’aurait pu être indien ou beaucoup d’autres choses. Il y a aussi le côté synthétique, le côté électronique, le côté basse/batterie… le fait d’être relié à la terre, ‘Rock’ quelque part, même s’il n’y a pas de guitares : tout ça c’est New York !

Après les premières écoutes du nouvel album, j’ai entendu pas mal de gens te comparer à Kate Bush. Que penses-tu cette comparaison ? Tu l’acceptes, ça te dérange ?

Emilie Simon : Non, ça ne me dérange pas ! Kate Bush c’est une grande dame qui a marqué et qui marque toujours les esprits. C’est l’une des artistes que j’écoutais quand j’étais petite. Pour moi c’est une énergie libératrice, des références à mon enfance puisque je l’écoutais alors. Bien sûr ce sont mes morceaux, c’est différent. Mais je suis contente de ça, et c’est assez étonnant de voir ressortir les choses comme ça à mon âge. Je veux dire ‘pourquoi maintenant sur cet album’, ça s’analyse certainement, mais bon, moi j’ai juste laissé venir les morceaux pendant cette période et je les ai laissés comme ils étaient.

Ça vient peut-être aussi du fait que ton chant est plus au centre des morceaux ?

Emilie Simon : Oui, mais j’ai écrit avec le piano et c’est tout. Donc il y avait beaucoup de place pour mes mélodies par rapport à ce que je faisais avant. Je faisais un travail sur les sons en même temps et il y avait d’autres éléments qui devenaient partie centrale de la composition, alors que là, la partie centrale c’est effectivement ma voix, mes mélodies, mon piano…

Interview EMILIE SIMONParmi les instruments que l’on trouve sur l’album, on remarque tu avais envie d’utiliser plus de cuivres, sur ‘Rocket To The Moon’, ‘Devil At My Door’, est-ce que tu penses que l’Amérique t’as plus ouvert au Jazz et aux comédies musicales également? Tout ça, c’est un peu l’Amérique ?

Emilie Simon : Oui, les cuivres, c’est vrai… Là évidemment tu vois on en parle donc on intellectualise tout, mais sur le moment quand j’écris je ne me dis pas ‘tiens, ça c’est un apport américain…’. C’est plutôt une palette de couleurs, comme les chœurs d’enfants, ce qui n’est pas spécialement américain par exemple. Ce sont des grands contrastes parce que New York, c’est une ville monstrueuse, et puis ma vie est pleine de grands contrastes, c’est n’importe quoi… dans le bon sens du terme ! C’est très coloré, il y a plein de choses, une sorte de montagne russe comme l’album. Donc voilà, la force, la densité, la texture des cuivres était importante pour moi de la même façon que le côté pur et innocent d’une chorale d’enfants qui avaient entre 10 et 14 ans.

A l’arrivé ton album semble également avoir une énergie beaucoup plus live ? Est-ce que tu le considérerais plus comme un album de groupe par rapport à ce que tu as fait avant ?

Emilie Simon : Oui, puisque les musiciens avec qui je tourne ce sont ceux qui ont joué sur l’album, qui se sont beaucoup investi et qui adorent les morceaux. Ils donnent énormément sur scène et en studio. Ils sont là à 100%, et ça c’est important pour moi, de travailler avec des gens qui s’expriment pleinement.

Chacun de tes albums semble avoir un fil conducteur, notamment le thème de la glace sur ‘La Marche De L’Empereur’, la nature sûr ‘Végétal’… En est-il de même pour celui-ci ? Est-ce que ‘The Big Machine’ a aussi une ligne directrice liée à son côté plus enjoué et énergique ?

Emilie Simon : Oui, je crois que le fil conducteur c’est surtout New York, parce que c’est cette ville qui m’a donné l’énergie pour faire cet album et ça se ressent. Donc voilà, c’est un album non pas urbain mais citadin qui a été écrit sur cette énergie que la ville de New York m’a donnée et qui a été très bonne pour moi.

Propos recueillis le vendredi 18 septembre 2009 à Paris

Un grand merci à Emilie Simon, Pauline Bérenger, Damien Fischetti, ainsi que toute l’équipe de Barclay.
Pour plus d’infos :

Lire la chronique de ‘The Big Machine’ (2009)

Voir la galerie photos du concert au Point Ephémère, le jeudi 17 septembre 2009

‘L’Olympia’ (2007)
‘Végétal’ (2006)
‘La Marche De L’Empereur’ (2005)
‘Emilie Simon’ (2003)

L’Olympia, Paris, mardi 19 septembre 2006 : compte-rendu / galerie photos

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