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EDITORS – Interview – Paris, mardi 28 mai 2013

Quatre ans après le surprenant ‘In This Light And On This Evening’, Editors rebranche ses guitares avec un nouvel album intitulé ‘The Weight Of Your Love’. Après les problèmes internes, les doutes, le départ du guitariste Chris Urbanowicz, ils ont retrouvé le plaisir de jouer avec deux nouvelles recrues, et composé des nouvelles chansons étonnamment classiques qui marquent une nouvelle étape dans leur carrière. Dans ce long entretien le chanteur Tom Smith nous confie tout sur cette période difficile et comment son groupe en est ressorti plus fort.

EDITORS - Interview - Paris, mardi 28 mai 2013

J’ai lu que ce nouvel album a bien failli ne jamais voir la lumière du jour, que les premières tentatives d’enregistrement des nouvelles chansons avec Flood ont échoué, peux-tu me dire ce qu’il s’est passé ?

Tom Smith : Le mot « échec » est peut-être un peu fort, mais les chansons n’étaient pas assez bonnes, donc j’imagine que c’en était un d’une certaine manière ! Tout cela ne s’est pas passé en un jour, c’était sur une longue période après avoir terminé la tournée de ‘In This Light And On This Evening’, entre les répétitions puis les sessions d’enregistrement avec Flood. Chris (le guitariste, ndlr) faisait encore partie du groupe. Ça a duré environ un an et demi, et beaucoup de chansons de cette période sont maintenant sur le disque, mais les enregistrements n’étaient pas à la hauteur de nos attentes. Non pas qu’elles étaient mauvaises – elles étaient plutôt bonnes – mais c’était le premier set d’enregistrement. Pour nos trois premiers albums à chaque fois que nous allions en studio nous étions excités par ce que nous faisions avec le sentiment d’accomplir quelque chose de nouveau, que nous n’avions jamais fait auparavant, c’était important pour nous. Avec ce 4ème album nous n’avions pas cette impression. On se disait « ça sonne plutôt bien » et on laissait ça de côté quelques semaines avant de se dire, « ça ne va pas, ce n’est pas assez bon ». On ne se sentait pas bien par rapport à ces enregistrements par rapport à tout ce que nous avions fait auparavant. Ce que tu fais dans ces cas-là c’est prendre un peu de temps pour répéter à nouveau pendant un mois pour essayer de faire ressortir un peu plus de choses des chansons. Nous avons fait une autre session avec Flood, plus longue, mais ça n’était brillant. Alors tu recommences les répétions et là tout s’assombrit… On ne s’est pas battu, mais la communication s’est juste arrêtée. On s’est peu à peu rendu compte qu’on était arrivé au bout de ce que l’on pouvait faire. La formule à quatre ne fonctionnait plus. Donc Ed, Russell et moi avions en commun la façon dont nous voulions faire évoluer les chansons, alors que Chris avait une vision plus restreinte sur ce qu’il voulait faire. Et ça ne me dérange pas, tout s’est bien passé pour les trois premiers albums, mais là ça venait à l’encontre de ce que l’on voulait faire. Donc on a décidé de continuer tous les trois sans lui. A ce moment précis on ne savait pas si ça allait marcher, car c’est une décision qui implique de grands changements. Nous avions un concert prévu environ deux mois et demi plus tard, le plus gros que nous ayons jamais fait, en Belgique. Mais première réaction a été d’annuler ce grand concert que l’on attendait depuis un an, le temps de ‘guérir’ de de vois comment nous allions fonctionner à trois. Mais Ed et Russell m’ont dit « Non, il faut faire ce concert ». Ils ont eu le dessus, et j’en suis content parce que si ce show n’avait pas eu lieu je ne serais pas assis aujourd’hui en face de toi. Parce qu’on a fait venir deux personnes pour jouer d’abord sur les vieux morceaux, mais en se disant que si les choses se passent bien, peut-être pourraient-elles nous aider à faire le nouvel album. Et oui ! Tout s’est vraiment très bien passé. Il a fallu beaucoup de temps pour répéter les vieilles chansons, mais très tôt on a commencé à travailler sur les nouvelles et immédiatement le studio de répétition est devenu l’inverse de ce qu’il était auparavant. On parlait, c’était fun, les idées fusaient. On a accueilli Elliott et Justin, les deux nouveaux arrivants, et tout fait pour retrouver un esprit de groupe. Donc on a fait le concert qui s’est très bien passé, sur scène devant 80 000 personnes avec un nouveau groupe et de nouvelles chansons que nous n’avions pas encore enregistrées. C’était donc le plus gros concert que nous ayant jamais fait et aussi un gros risque parce que si nous nous étions plantés nous aurions vraiment eu l’air stupides, mais tout s’est passé à merveille. On a donc exploité l’énergie de ce show, passé 6 semaines de plus à répéter, terminé les dernières chansons et nous sommes partis à Nashville enregistrer l’album. Il y a eu un moment où nous avons envisagé la possibilité de ne plus faire de disque, mais Russell et moi-même croyions en les chansons et en l’un l’autre. Donc on n’y a pas trop pensé mais ce spectre était définitivement là, au-dessus de nos têtes.

EDITORS - Interview - Paris, mardi 28 mai 2013Deux nouveaux membres, Justin et Elliott, ont intégré le groupe, peux-tu me parler d’eux ?

Tom Smith : Oui, c’est Flood qui nous a recommandé Justin. Il était là quand les choses n’allaient pas bien et il a pensé que la personnalité de Justin fonctionnerait bien avec nous. Flood avait formé Justin au travail de producteur, il avait produit l’un de ses précédents groupes, Yourcodenameis:milo. Evidemment il ne joue pas de la guitare comme Chris qui avait sa propre signature. Justin ne fait pas ça et ce n’est pas ce que nous attendions de lui. L’idée n’était pas de reproduire ce que Chris fait parfaitement. Nous voulions qu’il vienne avec de nouvelles idées et une autre façon d’aborder la guitare que nous trouverions bonne, et c’est ce qu’il a fait ! Immédiatement on l’a fait jouer sur ‘Sugar’ et en voyant ce qu’il a fait de cette chanson on s’est dit « OK, ce gars est spécial ! ». J’ai mentionné la production mais il est également très créatif. Il n’arrête pas, il fait aussi des vidéos musicales, il vient avec des idées comme des applications de téléphone, son cerveau n’est jamais au repos, ce qui l’ennuie un peu en fait ! Donc c’est bien d’avoir quelqu’un de positif et créatif.

En ce qui concerne Elliott nous l’avons connu quand il jouait avec Airship avec qui nous avons tourné. Je ne sais pas trop quelle est la situation avec Airship, mais Elliott en fait toujours partie et ils devraient faire quelque chose vers la fin de l’année. Il est un peu plus jeune, donc il apporte l’énergie de sa jeunesse, ce qui est bien pour nous qui sommes des trentenaires que l’industrie de la musique a légèrement flétris. Ce n’est pas son cas, il est frais, il a 10 ans de moins que certains d’entre nous.

En tout cas on ne voulait pas que Justin arrive pour être un Chris de remplacement, donc pour ces gros concerts que nous avions prévus une autre personne était là aussi pour assurer cette partie et satisfaire les attentes, c’était important. Ca l’était aussi pour rendre l’aspect scénique plus ‘musical’, et avoir une autre personne sur scène ne veut pas nécessairement dire que c’est plus gros, plus fort, ça te donne l’opportunité de te libérer. Il joue du clavier et de la guitare et surtout il chante très bien, il est partout sur ce disque. On n’avait jamais utilisé les choeurs à ce point auparavant et sa participation a joué un rôle important dans la sélection des chansons. Donc le groupe se sent bien, c’est comme le début d’un nouveau chapitre.

Il y a quatre ans la musique d’Editors était marqué par un virage électronique, vous affirmiez vouloir vous éloigner un peu des guitares. Maintenant les guitares sont bien en avant sur cet album, la musique électronique n’était pas une aventure que tu voulais continuer?

Tom Smith : Si, et j’adore ce disque. On voulait faire quelque chose qui comporte plusieurs niveaux. Il n’y avait pas de guitares parce qu’on s’est lassé de ce que l’on faisait avec les guitares. Chris tout particulièrement, il nous a légèrement dirigé dans cette direction, mais nous ressentions tous la même chose. Nous avons essayé de trouver une nouvelle manière de faire nos chansons, avec un nouveau support. Du début à la fin c’est épais et dense. Il y a beaucoup de choses. C’est une écoute déroutante et c’est ce que j’adore à son sujet parce que c’est là où nous voulions en venir, particulièrement ce côté B.O. de film sombre et sinistre. Mais une fois que l’on a fini tout ça, ainsi que la tournée, on ne voulait pas recommencer. Ce qui ne veut pas dire que l’on ne fera pas « In This Light and On This Evening Part II », car j’aimerais beaucoup le faire un jour. mais il faut aussi prendre en compte les chansons que j’écris, je ne contrôle pas vraiment ce que je fais. Et les chansons que j’ai écrites ensuite étaient directes, simples. Elles avaient un côté accessible qui n’était pas là auparavant. Il fallait donc les traiter en fonction, prendre les guitares et fait un disque Rock plus classique, traditionnel, avec des cordes, des cuivres et des guitares acoustiques, ce genre de choses. C’était notre tentative de faire un disque un eu dans l’esprit de ‘Automatic For The People’ (de R.E.M., ndlr), qui est mon disque préféré, et c’est aussi mon groupe préféré. Et l’une des raisons pour lesquelles nous sommes partis en Amérique était de voir comment nous réagirions là-bas.

En effet, vous avez enregistré l’album à Nashville avec Jacquire King, est-ce que cette ville en particulier a eu une influence sur le son du disque?

Tom Smith : C’est difficile à dire, mais Nashville est une ville musicale, très célèbre pour la Country et il se passe beaucoup de choses dans les bars Karaoké avec les chapeaux de cow-boys… c’est là, ça existe! On n’a pas vu grand chose de tout cela pour être franc, mais on l’a fait avant, on était déjà allé à Nashville! Pendant les 6 semaines que nous y avons passé nous avons appris à connaître les endroits où sortir qui étaient plus étudiants ou arty, les bons bars, les restaurants. C’est une ville vraiment fun, la première ville importante du grand Sud, donc l’attitude des gens est assez différente de ce que l’on peut voir à Los Angeles ou New York. Dans beaucoup de cafés en entendant notre accent anglais les gens nous disaient « Oh! D’où venez vous? Que faites-vous ici? », c’était chaleureux. C’était bien, ça nous a fait sentir un peu plus loin de chez nous, mais c’était cool. Le studio était superbe, je n’ai jamais vu un matériel analogue aussi beau. Il avait été acheté par un fan des Beatles, tout venait plus ou moins d’Abbey Road. Il y en avait pour des millions de livres juste avec les micros, un nombre de batteries impressionnant… Il y avait une guitare au milieu de la pièce sur laquelle Neil Young a gravé son nom, Dolly Parton et Chris Christopherson sont passés par-là aussi. On se sentait plus proche de ces icônes – un peu clichés – mais tout de même des légendes de la musique, on pouvait le sentir dans le bâtiment, dans la ville. Notre album ne sonne pas du tout comme un disque de Country, mais dans un tel environnement il faut essayer de passer à l’échelon supérieur en tant que groupe. Une chanson comme ‘The Phone Book’ serait probablement la plus ‘américaine’ du lot. Donc oui ça a eu une petite influence, c’était une ville très plaisante, un bon endroit pour faire ça.

Peux-tu me parler de votre travail avec Jacquire King, comment cela s’est-il passé?

EDITORS - Interview - Paris, mardi 28 mai 2013Tom Smith : C’était bien, il a été super! On lui avait envoyé les chansons auparavant. Il a produit de grands disques de Rock, Kings Of Leon était probablement le plus récent de ses succès dont je me souvienne. Mais tout ce qu’il a fait avec Modest Mouse, Tom Waits ou Norah Jones était toujours plein d’esprit, direct. C’était une petite prise de risque, on ne savait pas si ça allait marcher, mais il a beaucoup aimé les chansons qu’on lui avait envoyé et il était particulièrement attiré par le fait que l’on ait perdu un membre et que deux nouveaux soient arrivés, il trouvait ça intéressant, qu’il y avait de nouvelles voies à explorer, et il avait raison, il y en avait. C’est un homme qui aime les chansons, il’ n’était pas intéressé par faire quelque chose d’expérimental. Il s’agissait juste de faire de très bonnes prises, en faisant en sorte que tout sonne comme si nous jouions ensemble dans une pièce, en faisant des prises live, en les enregistrant sur bande, bien qu’il y ait ensuite des arrangements de cordes ou autres. Jacquire étant Américain c’était intéressant pour nous qui sommes Anglais. On évitait le genre de conversations où il s’agissait de parler de nos émotions ou de choses qui sont sous la surface. Jacquire voulait donner un impact émotionnel aux chansons, étant donné que mon chant pouvait délivrer ça. Alors il cherchait activement à avoir ce type de conversation avec nous ! Tous les Américains sont des putains de thérapeutes, ils aiment tout déballer. Et c’était un gars sensible, il y a des moments pendant l’enregistrement où nous étions assis-là, franchement mal à l’aise, et il voulait en tirer encore plus de nous, de ce que l’on avait à l’intérieur. C’était intéressant cette rencontre des cultures britannique et américaine.

Vous avez appelé l’album ‘The Weight Of Your Love’, ce disque est-il caractérisé par une trame lyrique?

Tom Smith : Oui, la plupart des chansons. Elles parlent toutes de relations d’une personne à l’autre et font mention de l’amour. Quoique cela puisse signifier, elles représentent toutes mes tentatives de faire des chansons d’amour. Certaines évoquent la séparation, d’autres sont plus torturées, comme une chanson d’amour devrait habituellement l’être. Il y en a aussi des directes, ce sont les plus ouvertes et faciles à comprendre que j’ai écrites. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi de me pencher sur ce sujet maintenant en tant que parolier. C’est déjà notre quatrième album, non pas que l’on se sente vieux, mais on se sent déconnecté de tous ces nouveaux groupes qui percent. A faire ça depuis si longtemps nous nous sentons à l’aise dans notre peau. Ça nous semblait juste de parler de ça aujourd’hui, ça ne nous gênait pas. Nous n’avions pas à nous inquiéter de ce qui est cool, où à la mode, ça n’est pas vraiment important pour nous alors que ç’aurait pu l’être à nos débuts et nous n’aurions pas écrit ce genre de choses.

Sur le nouveau single ‘A Ton Of Love’, il y a un côté très proche de U2, particulièrement lorsque tu entonnes ‘Desire’, ça m’a fait penser à la chanson. Est-ce que quelqu’un t’as déjà mentionné cela, que penses-tu de cette comparaison ?

Tom Smith : On ne m’en a pas parlé mais j’en suis conscient, je connais la chanson ‘Desire’. C’est sur ‘Rattle & Hum’ ?

Oui, je crois…

Tom Smith : Oui, ça ne fait pas partie de mes albums préférés de U2. Evidemment je ne pense pas que nos chansons sonnent comme celle-ci, bien que je dise ‘Desire’. Je n’essayais pas de faire ça. Cette chanson, ‘A Ton Of Love’, c’est notre tentative d’adopter un son ‘Rock’ d’une façon plus classique, donc je pense que ça fait échos à des groupes comme U2, Echo & The Bunnymen, R.E.M… Le groupe dont nous parlions le plus pendant sa création, c’était The Cult, The Mission aussi. Oui, ça fait penser à tous ces disques, nous le voulions. On a toujours fait l’objet de comparaisons tout au long de notre carrière, et ce n’est pas un problème. Mais je pense que la vraie originalité c’est quelque chose de très difficile à trouver dans la musique aujourd’hui. Je ne pense pas que ce soit vraiment possible. Mais ça n’a jamais fait partie de notre programme de choses à accomplir, c’était plus de faire une musique Rock passionnée et pleine d’émotion. Et je trouve que nous souffrons parfois de critiques injustes parce que nous sonnons comme certains groupes. Je vois beaucoup de nouveaux groupes arriver qui ne sont pas plus originaux que nous et ils ne semblent pas subir autant de critiques. Que ce soit The Horrors ou Savages, ces groupes sont plus influencés que nous le sommes – mais c’est cool, j’adore ces groupes – mais on ne leur tape pas dessus autant que nous. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Mais maintenant avec quatre albums derrière moi, j’ai appris à vraiment me concentrer sur les bons commentaires que l’on nous fait. Alors si quelqu’un dit « Oh ! Ça sonne un peu comme U2, mais c’est super ! » ça n’est pas un problème. Par contre si quelqu’un dit que ça sonne comme une version recyclée de U2…

Ce n’est pas ce que je voulais dire…

Tom Smith : Je sais ne t’inquiètes pas ! Mais si ça vient comme ça, évidemment ce n’est pas quelque chose que je suis content d’entendre.

Tu as mentionné des groupes et des disques qui sont de grands classiques du Rock. Es-ce que c’est cela que vous avez essayé d’accomplir, faire de ce disque un ‘classique’ du Rock ?

Tom Smith : Oui ! Juste en adoptant des éléments plus traditionnels qui sont sur certains disques de R.E.M. ou plus récents comme Arcade Fire, ou The National dont je suis un énorme fan, c’est un groupe exceptionnel. Donc oui, on voulait y intégrer un son d’instruments plus naturel.

Il y a une histoire derrière la chanson ‘What is this thing called love’ et le programme TV « X Factor », de quoi s’agit-il ?

EDITORS - Interview - Paris, mardi 28 mai 2013Tom Smith : Oui. On ne m’a pas demandé d’écrire une chanson pour X Factor, mais j’ai eu une discussion avec le gars du label qui s’occupait de préparer un disque pour l’éventuel gagnant du concours. Il m’a parlé de tous les groupes à qui il avait proposé de faire une chanson, des groupes comme nous vraiment. J’étais un peu jaloux. Je ne me suis pas réveillé le matin en me disant que je pourrais écrire une chanson pour X Factor. Ce qui me rendait jaloux c’est qu’on ne me l’avait pas demandé. Donc je suis rentré chez moi et j’ai écrit ‘What is this thing called love ?’ avec l’intention de lui envoyer pour qu’il se dise « Oh, c’est brillant ! J’aurais dû te demander, est ce que je peux l’avoir ? » et j’aurais dit « Non ! » (rires). Mais il n’a pas répondu. Peu importe ce qu’il lui est arrivé et à cet artiste de X factor, j’avais écrit la chanson avec Editors en tête. Et quand je l’ai jouée aux autres j’étais surpris qu’ils me disent « qu’est-ce que tu as fait ? C’est une super chanson, il faut qu’on travaille dessus ! ». Bien sûr j’aime cette chanson, je l’ai écrite, je n’écris pas des choses que je n’aime pas ! Mais je n’aurais jamais imaginé qu’ils veuillent qu’elle soit sur l’un de nos disques, et pourtant si, finalement elle y est. Je suis content que ça ait fonctionné ainsi et c’était intéressant pour moi de l’écrire dans un état d’esprit différent, je pense que j’essaierai encore.

Sur la description que j’ai reçu de ce disque, il y a beaucoup d’insistance sur le fait que tu chantes en fausset (falsetto) sur cette chanson. Est-ce parce que c’est quelque chose de particulièrement difficile pour toi ?

Tom Smith : Je chante comme ça parce que je me mets dans la peau d’une autre personne. J’ai un peu chanté comme ça sur le dernier album, mais jamais une chanson entière. Il y a parfois de l’auto-tune et des arrangements de studio derrière donc ce sera probablement un challenge sur scène, j’ai hâte de voir ça.

Vous avez également collaboré avec Clint Mansell (compositeur de B.O. de films telles que’Black Swan’) sur le titre ‘Nothing’. Peux-tu me dire comment vous vous êtes rencontrés et comment s’est passée cette collaboration ?

Tom Smith : J’ai rencontré Clint Mansell à un mariage il y a environ un an. C’est une personne dont on avait déjà beaucoup parlé avant entre nous, avec le groupe. Il vient de Birmingham, comme nous. Son histoire est intéressante. Après avoir fait partie du groupe Pop Will Eat Itself il s’est presque retrouvé SDF à New York, puis il a travaillé avec Darren Aronofsky pour faire la B.O. de beaucoup de ses films, et maintenant il est devenu le compositeur des films noirs d’Hollywood. Il est très talentueux. On a donc discuté, d’abord au pub mais aussi après, de ce que l’on pourrait faire ensemble avec Editors, parce qu’il y a une sensibilité gothique et sombre dans son travail. On avait déjà une version ‘de groupe’ du titre ‘Nothing’ qui n’était pas si mal, mais certains d’entre nous trouvaient que ce n’était pas assez bien. Donc, nous avons ramené la chanson à ce qu’elle était au départ, une version acoustique, et Jacquire nous a suggéré « pourquoi ne pas être un peu plus téméraire avec celle-ci en ajoutant des arrangements de cordes avec ta voix ? ». On a alors parlé de choses comme la chanson ‘Eleanor Rigby’, et d’autres de Scott Walker aussi, et on a tout de suite trouvé que c’était une très bonne idée. J’ai donc dit aux autres « J’ai rencontré Clint l’an dernier à un mariage, j’ai son adresse email, je devrais peut-être lui envoyer ? ». Et je l’ai fait, il a adoré et nous-y voilà ! C’est un peu une collaboration de rêve pour nous parce que ça faisait longtemps qu’on espérait pouvoir travailler avec lui. Et maintenant c’est sur le disque. L’album commence sur un ton plutôt Rock, sur la batterie, les guitares. Puis après ‘Honesty’ l’atmosphère change, c’est plus orchestré et la fin est plus douce. Ce titre-là se retrouve au centre de l’album.

Peux-tu me parler de la rose qui orne la pochette, a-t-elle une signification particulière ?

Tom Smith : Oui, c’est une œuvre que nous avons découverte. Nous sommes tombé dessus, comme ça nous arrive souvent. En pensant au disque nous avons regardé les blogs artistiques, nous voulions voir ce qui se fait qui puisse se rattacher à l’album que nous venions de faire. Et c’est une image sur laquelle l’artiste utilise à la fois une photographie et de la peinture, c’est mélangé. Et ça nous a parlé. Tous les morceaux sont en quelque sorte des chansons d’amour avec un côté légèrement torturé. Elle parle de l’amour comme ne se plaçant pas forcément comme quelque chose de positif, mais aussi destructeur, un lourd fardeau. Donc on remercie l’artiste de nous avoir laissé l’utiliser. Il a également d’autres œuvres avec la même technique que nous utiliserons sans doute pour des Singles, Faces-B, ou quel que soit le nom que l’on donne à ce genre de choses aujourd’hui ! Donc comme pour tous nos disques nous essayons de trouver ce qui convient à ce que nous avons fait, qui ait de plus un côté intemporel. Tout va tellement vite aujourd’hui, on peut voir ça à travers quelques pochettes paresseuses et horribles également. Nous avons toujours essayé de trouver quelque chose qui ait un peu plus de profondeur.

Donc serait-ce correct de dire que ‘The Weight Of Your Love’ est l’album américain d’Editors ?

Tom Smith : C’est celui qui s’en rapproche le plus. Tu nous mets dans un environnement, tu y mets aussi les chansons, oui, il y a certainement quelque chose de vrai là-dedans. On aime beaucoup de groupes américains, beaucoup plus que de groupes anglais. Donc oui, je suis d’accord.

Dans le dossier de presse qui accompagne ce nouvel album, il est dit que vous vous sentez presque intouchables maintenant, est-ce que toutes ces épreuves vont ont rendus plus forts en tant que groupe, mais aussi en tant qu’individus ?

Tom Smith : Oui, certainement, pour s’être senti prêt de fa fin, plus qu’Editors ne l’a jamais été auparavant. Ce fut un moment vraiment sombre et traumatisant pour le groupe. En sortir et remettre les choses en place avec deux nouveaux membres qui se sont tellement bien intégrés nous a donné le sentiment de faire quelque chose de nouveau d’un point de vue créatif et que nous aimions. C’était extrêmement puissant, on se sentait vraiment bien. Comme ce concert que nous avons fait à Werchter devant 80 000 personnes qui a consolidé ce nouveau groupe, nous nous sommes vraiment sentis comme des super héros. L’énergie que nous en avons tirée s’est retrouvée en répétition et le disque a plus ou moins été écrit et enregistré en 6 semaines. C’est le temps que ça a pris après le départ de Chris, ça n’a vraiment pas été long. Cela nous a fait nous sentir bien, spéciaux. Traverser tout cela, sortir un quatrième album et nous sentir bien dans notre peau et dans ce que nous faisons comme les concerts, ainsi que les sentiments plus simples exprimés par les chansons nous a effectivement fait nous sentir intouchables. Nous sommes sur le point de nous relancer dans une tournée de deux ans, on verra bien comment le groupe supporte une telle pression dans cet environnement, mais je pense que tout ira bien !

Propos recueillis à Paris le mardi 28 mai 2013.

Un très grand merci à Tom Smith et Editors, Stéphanie Laurans pour avoir rendue cette interview possible ainsi que tout l’équipe de Pias France.

Pour plus d’infos :

‘The Weight Of Your Love’ (2013)
‘In This Light And On This Evening’ (2009)
‘An End Has A Start (2007)’
‘The Back Room’ (2005)

Le Trianon, Paris, 21/10/2013 : galerie photos
Le Bataclan, lundi 14 décembre 2009 : compte-rendu / galerie photos
Voir la galerie du concert privé sur Europe 2, le mercredi 31 octobre 2007

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