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THE LONG BLONDES – Interview – Paris, jeudi 6 mars 2008

Le nouvel album des Long Blondes intitulé « Coulples » sortira le 7 avril prochain. A une semaine de ce retour tant attendu, nous vous invitons à découvrir les dessous de cet étonnant nouvel opus sur lequel le groupe de Sheffield n’hésite pas à se mettre en danger et se libérer des clichés de la Britpop. Propos recueillis auprès de Kate Jackson, chanteuse du groupe.

THE LONG BLONDES - Interview - Paris, jeudi 6 mars 2008

J’ai eu le plaisir de découvrir votre nouvel album et ma première impression est que celui-ci est très différent de ce que vous avez fait jusqu’ici. Pourquoi avez-vous fait un tel choix ?

Kate : Il y a beaucoup de raisons différentes. C’est en grande partie dû au fait que nous avons joué les chansons du premier album en concert pendant 16 mois après sa sortie. Donc cette routine commençait à nous fatiguer un peu. Il était temps de nous remettre en question, d’affronter un nouveau challenge. Le fait d’avoir joué ces chansons pendant si longtemps signifie également que chacun de nous s’est amélioré dans la pratique de son instrument. Nous avons tous fait d’énormes progrès depuis l’époque à laquelle nous avions enregistré le premier album. Notre jeu est plus efficace, ma voix est meilleure, je suis capable de faire beaucoup plus de choses avec maintenant et je me pousse ainsi à rendre chaque chanson différente sur ce disque. Nous avons donc consciemment pris la décision d’écrire un album très différent. Nous ne voulions pas d’un nouveau ‘Someone To Drive You Home’. Je trouve d’ailleurs que l’on sonne comme deux groupes très différents ! Quand nous avons commencé à jouer en répète les nouveaux morceaux c’était fou, ça sonnait tellement bien ! Et puis on rejouait ensuite les vieilles chansons comme ‘Once And Never Again’ et on avait l’impression de changer de costume. Oui, vraiment, comme deux groupes différents…

Peut-être que d’une certaine manière vous vouliez aussi sortir des clichés de la Britpop ?

Kate : Oui, sans aucun doute ! On a introduit beaucoup de nouveaux instruments et d’influences. On a écouté beaucoup de Disco, de Brian Eno et beaucoup d’autres choses pendant l’enregistrement de l’album et je pense que cette fois-ci cela se ressent beaucoup plus. On a parlé dans le passé de nos nombreuses influences, mais je ne pense pas qu’on les retrouvait autant dans notre musique sur le premier album qui sonne vraiment comme un disque d’Indie Pop à guitares. C’était assez léger, et bien que les textes étaient plutôt sombres cela ne se reflètait pas tellement dans la musique car c’était une œuvre très Pop et mélodique.

En un sens c’est aujourd’hui l’inverse du premier album, car l’atmosphère musicale est souvent bien plus sombre ?

Kate : Oui tout à fait. Et cela reflète bien notre personnalité aujourd’hui en tant que groupe.

Vous avez également choisi un producteur très différent : Erol Alkan (qui a remixé Klaxons, Hot Chip, Daft Punk…). Comment vous êtes-vous rencontrés, et pourquoi l’avez-vous choisi ?

Kate : Ça fait des années qu’on se connaît. Quand nous avons enregistré notre 1er single avec Sheffield avec le label SPC il est entré en contact avec nous et nous a demandé de le jouer en live dans son club à Londres, le London Trash. Nous sommes donc venus jouer en 2005 et puis avec le temps nous sommes devenus amis. Puis nous avons signé avec Rough Trade l’année suivante. Steve Mackey a alors enregistré nos singles, mais nous voulions quelqu’un d’autre pour les faces B, afin d’y apporter plus de variations et d’expérimentation. Erol les a donc produites. Nous avions fait 9 chansons avec lui avant l’album, nous savions donc que nous travaillions bien ensemble, qu’il y avait une très bonne atmosphère dans le studio. Il nous comprend très bien, on a le même background musical. C’est un grand fan de Britpop qui a ensuite évolué vers l’Electro et la Dance.

C’était son 1er album en tant que producteur ?

Kate : Oui. Il a fait le nôtre et celui des Mystery Jets plus ou moins au même moment. Puis il a enregistré le 1er album de Late Of The Pier. Il a donc produit 3 albums dans l’année… Il est épuisé !

Cela ne signifie donc en aucun cas que vous n’étiez pas satisfaits du travail de Steve Mackey ?

Kate : Non, mais je pense que sur le 1er album chaque chanson était abordée de la même manière – la production est identique. Ca va pour un album, mais on n’a plus envie de refaire ça. Donc cette fois on a fait exactement le contraire. Chaque titre a été produit différemment. On ne savait pas ce que ça allait donner, on n’avait aucune idée préconçue sur ces chansons, alors que pour le 1er album on avait joué nos morceaux sur scène pendant des années, et tout le monde avait des attentes très précises sur la manière donc le disque devait sonner. Et Steve était bon pour cela, il comprenait notre musique, nos origines et nos références, c’était le bon choix à ce moment-là. Mais nous ne voulions certainement pas refaire le même album.

Ça sonne souvent comme un album des années 80, notamment sur des titres tels que ‘Century’, c’est même plutôt Disco sur ‘Guilt’.

Kate : Oui, c’est parce que ‘Century’ a été composé sur un clavier Yamaha de 1980, que Dorian a trouvé dans une boutique de charité pour £10.

J’imagine que vous avez également écouté de nouveaux ou différents groupes depuis le 1er album ?

Kate : Oui, pendant l’enregistrement nous écoutions un groupe de New York qui s’appelle Glass Candy. C’était jadis un groupe Rock Garage, je les avais vus en concert il y a quelques années et je n’en avais pas une très grosse opinion, mais ils ont récemment changé de direction. Ils font aujourd’hui une sorte de Disco moderne, un peu dans le style des groupes du label Italians Do It Better (par exemple Chromatics, ndlr). C’était le genre de son que nous recherchions sur ‘Guilt’ ou Century’. Mais ‘Century’ est également inspiré par The Visitors, ABBA, ce son des années 70.

Ce changement de direction fut un choix facile à faire au sein du groupe ?

Kate : Oh, oui ! Tout le monde était d’accord, on en avait tous envie !

Et le titre de l’album, « Couples », fait-il référence à quelque chose en particulier ?

Kate : Nous avons une chanson qui s’appelle ‘The Couples’, et elle semble rien résumer ce que nous avons toujours ressenti vis-à-vis des relations amoureuses, l’amour sans retour, la jalousie, l’amertume. Cela fait référence aux couples qui se séparent, c’est un aspect de la vie dans lequel la plupart des gens peuvent se reconnaître, car tout le monde est plus ou moins passé par là. Mais nous ne voulions pas pour autant appeler l’album ‘The Couples’ comme la chanson parce que cela mettrait trop l’accent sur ce titre en particulier, ce qui laisserait imaginer qu’il s’agit du lead single de l’album, ce qui n’est pas le cas. C’est pourquoi « Couples » apparaît entre guillemets. Mais c’est aussi une façon de plaisanter au sujet des couples au sein du groupe… jusqu’à il y a peu, car il n’y en a plus maintenant !

Votre nouvelle bio parle également d’un ‘Couples Wall’ (un « mur des couples ») ?

Kate : Oh oui, le Couples Wall ! Oui, c’est encore autre chose, mais c’est une autre raison en effet. C’était une manière de s’amuser et de faire passer le temps en studio, car on passe pas mal de temps à attendre son tour. On a donc commencé à imprimer des photos de duos de célèbres comédiens qui font partie de la culture britannique, ainsi que des duos Pop… En grande partie des duos masculins en fait, des couples masculins.

Des couples masculins ?!

Kate : (Rires) Oh, non, pas dans ce sens là ! Je voulais dire des gens comme The Two Ronnies, Gilbert and George, mais aussi des musiciens comme les Pet Shop Boys, Ron and Russel Mael de Sparks, Lennon et McCartney… ce genre de relation créative ou drôle qui comporte souvent une part de tension ou un élément tragique. C’est cette ‘friction’ entre deux personnes qui nous semble intéressante.

Tu penses que cet album va aussi faire danser les gens maintenant ?

Kate : Oui ! ‘Century’ et ‘Guilt’ sans aucun doute. ‘Century’ a commencé à passer dans les clubs au Royaume-Uni. C’est une très bonne chanson en soi mais qui bénéficiera également certainement d’un bon remix Dance, ce qui l’ouvrira à une autre audience. On ne veut pas être seulement considéré comme un groupe Indie ou issu du NME, on veut avoir autant de facettes que possible et être pris au sérieux, car je ne suis pas certaine que nous l’étions toujours auparavant en Grande-Bretagne du point de vue de la presse ‘Mainstream’.

Du coup vous vous éloignez de la comparaison avec Pulp aujourd’hui. S’il fallait encore vous comparer à l’une de leurs œuvre on serait plus proche maintenant de disques tels que ‘Separations’ qui n’est pas celui qui les a rendu célèbre ?

Kate : Oui, c’est vrai. Et en même temps on nous compare toujours parfois à Pulp. Je viens de lire un article sur lequel ils disent que ça sonne comme ‘His ‘n’ Hers’… Ce qui n’est pas du tout le cas !

Vous ne tournez pas non plus complètement le dos à votre passé, il reste tout de même des titres qui évoquent le 1er album, comme ‘Here Comes The Serious Bit’.

Kate : Oui, je pense que celle-ci fonctionnerait également sur le 1er album, c’est un titre qui est plus dans la lignée de ‘Lust In The Movies’. En un sens ce disque est une œuvre de transition entre ce qui nous a fait connaître et ce que nous sommes susceptibles de produire à l’avenir. Mais c’est un procédé vraiment naturel, on a évolué en public, quoique nous ayons fait. Quand on a commencé on ne faisait que de la scène, comme un groupe garage, nos fans ont grandi avec nous, ils nous ont vu évoluer, puis nos goûts ont changé, chacun est devenu meilleur sur son instrument. Et même dans le temps qui s’écoule dans la conception d’un seul album les idées changent et évoluent. Le nouvel album reflète donc encore certains aspect de son prédécesseur sur ‘Here Comes The Serious Bit’ ou ‘Couples’. ‘Guilt’ est le 1er morceau que nous ayons écrit pour ce disque, mais il a beaucoup changé pendant la production. Le résultat ressemble plus à la direction dans laquelle nous voulons aller aujourd’hui.

Apparemment Erol Alkan a essayé pas mal de choses différentes, on peut voir sur les photos de votre myspace une batterie dans…

Kate : …les toilettes ! Oui je sais, ce genre de choses arrivait tous les jours! Erol avait plein d’idées, comme les prises de batterie, un piste de batterie qui tourne en boucle par exemple, ce qui est très différent de tout ce que nous avions fait auparavant. J’ai enregistré la voix a capella et on a enregistré tous les instruments autour de ça. Et Erol arrivait toujours avec telle ou telle nouvelle idée et nous disait « essayez ça ». C’est un génie, vraiment!

Êtes-vous anxieux ou impatients en ce qui concerne la réaction du public envers votre nouvel album, car le résultat est probablement très différent de ce que beaucoup attendent?

Kate : Pas vraiment anxieux, non. Je suis intéressée, je suis intriguée de voir comment les gens vont aborder cet album. Tu sais une fois qu’un album est enregistré tu le livres au monde entier et ça n’est plus entre tes mains. Tout est sujet à jugement, et ce qui est jugé est parfois oublié.

De toute façon je trouve ça super de votre part d’avoir pris le risque de faire quelque chose de si différent, car – sans remettre en cause la qualité de leur disque – tant de groupes se contentent de reproduire la même formule, comme les Kaiser Chiefs par exemple.

Kate : Oui, mais les Kaiser Chiefs n’auraient pas pu faire comme nous car ils sont sur une Major et après le succès aussi énorme du premier album il y a probablement eu beaucoup de pression sur eux fin de réitérer ce succès, et de vendre encore plus de disques. Et ils sont bons pour cela, je trouve que c’est un bon groupe. Mais nous ne pouvons pas écrire de cette manière, ce serait affreusement ennuyeux! Et si nous avions été sur une Major et sorti un gros tube, il y aurait beaucoup plus de pression sur nous pour recréer cela… et réécrire le 1er album! D’une certaine manière nous sommes contents que cela ne soit pas arrivé et nous avons l’opportunité d’évoluer parce que nous sommes chez Rough Trade qui nous permet de faire ce que nous voulons, de sortir le disque que nous voulions faire.

Vous êtes donc ouverts à l’avenir pour prendre de nouvelles directions?

Kate : Oui complètement, nous ne limitons pas simplement aux Long Blondes, chacun d’entre nous a suffisamment appris pour avoir envie de faire autre chose, comme écrire avec d’autres personnes par exemple.

Ok! Donc rendez-vous dans deux ans, peut-être avec un album Hip Hop des Long Blondes!

Kate : Ah ah! Je n’en suis pas si sûre! Je ne suis pas certaine qu’on arriverait à le vendre! Mais on ne sait jamais…
Propos recueillis le jeudi 6 mars 2008 à Paris.
Un grand merci à Kate Jackson des Long Blondes, ainsi qu’à Jean-Philippe Aline et toute l’équipe de Beggars Banquet France.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de « Couples »

Lire la chronique de ‘Someone To Drive You Home’ (2006)

Le Trabendo, Paris, Jeudi 29 mars 2007 : Compte-rendu / galerie photos
Black Session #204, France Inter, Paris, Lundi 4 décembre 2006

http://www.thelongblondes.co.uk/
http://www.myspace.com/thelongblondes

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