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THE RAVEONETTES – Interview – Paris, lundi 6 juin 2011

Après 10 années de carrière et 5 albums studio, les Raveonnettes continuent tranquillement mais sûrement une route marquée par les larsens, les guitares dissonantes, le tout agrémenté d’une bonne dose d’imagination et de complicité. C’est à l’occasion de leur passage en concert à Paris que nous avons eu le plaisir de rencontrer le duo Sharin Foo / Sune Rose Wagner, 2 mois après la sortie de leur nouvel opus, ‘Raven In The Grave’.

THE RAVEONETTES - Interview - Paris, lundi 6 juin 2011

Depuis quelques années vous vous êtes installés aux Etats-Unis, est-ce que vous pensez que cela a changé quelque chose dans votre musique ?

Sharin : En fait ça fait déjà huit ans que l’on vit là-bas ! Moi j’ai bougé de New York à Los Angeles il y a quatre ou cinq ans, mais c’est le seul déménagement qu’il y ait eu depuis.

Sune : Je pense que forcément l’endroit où tu vis et ce qui t’entoure a un impact sur ta musique. En revanche je ne pense pas qu’il y ait une influence venant de la scène musicale.

Sharin : Oui, juste de la vie en général !

Vous étiez partis là-bas pour faire une carrière en dehors du Danemark ?

Sharin : Non, parce que même avant d’en partir, notre carrière se passait déjà en dehors du Danemark en fait. Je pense que nous avions plus envie d’être près des gens avec qui nous travaillions et de la maison de disques, pour être là où il y a de l’action j’imagine !

Parlons du nouvel album maintenant. Je trouve qu’il y a un retour à un son plus Noisy que sur ‘In And Out Of Control’. Est-ce dû au relatif manque de succès de votre précèdent disque?

Sharin : Non, ça n’a rien à voir avec le succès. Je pense que c’est juste ce que nous avions envie de faire à ce moment précis.

Il y a également plus de claviers sur cet album, traversez-vous une période plus ‘New Wave’ à l’heure actuelle ?

Sune : Non, en fait pas du tout. Je pense que ça vient plus de l’influence de la musique classique, mais à la place d’y mettre des cordes, sur certaines chansons je trouve que le son des synthétiseurs sonne mieux. Ce sont juste des choses que tu ne peux pas faire à la guitare, si c’était possible je le ferais à la guitare, donc il faut utiliser autre chose.

Sur ‘In And Out Of Control’ vous aviez travaillé avec Thomas Troelsen, qu’en est-il de cet album, vous l’avez produit vous-même ?

Sune : Oui !

Et vous préférez cette façon de travailler en fin de compte ?

Ensemble : Oui !

Alors comment se passent la composition et l’écriture au sein du groupe ?

Sharin : C’est Sune qui arrive avec des idées, des bouts de chansons, des rythmes, des extraits. On les écoute ensemble puis on trouve la bonne direction à prendre avec ces ébauches et tout prend peu à peu forme.

THE RAVEONETTES - Interview, Paris, lundi 6 juin 2011Les paroles de vos chansons étaient très sombres sur le précédent album, des histoires très tristes, en est-il de même sur celui-ci ?

Sune : Le disque précédent était un ensemble d’histoires sur les gens alors que celui-ci est plus une vue générale sur la vie, sur la façon dont tu entreprends les choses.

Et le dessin de la pochette, ce corbeau sur une tombe, a-t-il une signification particulière ?

Sharin : C’est une image que nous avions en tête depuis longtemps, c’est surtout pour cela qu’elle a fini sur le disque, et c’est devenu l’une des chansons (‘Raven in the Grave’, ndlr). Et ça nous semblait bien de mettre quelque chose de plutôt dramatique, traumatisant.

J’ai également vu la vidéo du single ‘Recharge & revolt’ (à voir ici), pourriez-vous me parler un peu de son tournage ?

Sune : Oui, il a été tourné en sept jours, en conduisant et en marchant de New York à Los Angeles à travers 14 Etats. Il n’y a pas vraiment d’anecdote autour du tournage, mais il y a en revanche cette image puissante d’un homme qui marche avec ce grand drapeau noir. Il y a une force militaire, révolutionnaire dans cette image, et dans la chanson aussi. C’était vraiment la seule vidéo que l’on pouvait faire pour cette chanson, on ne voyait pas d’autre option, mais c’était bien parce que du coup ç’a été facile de trouver un concept pour cette vidéo, il n’y avait qu’une possibilité. On a pris du plaisir à la réaliser et on est content du résultat.

Ce n’était pas trop dur de se balader comme ça avec un drapeau ?

Sune : Non, mais il faisait froid ! Sur certaines scènes on gelait ! Notamment les scène tournées à Memphis, près du Mississipi, il faisait incroyablement froid, je crois que je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie, c’était douloureux. Donc oui par moments c’était moins marrant, il y avait d’autres endroits avec énormément de vent, mais en dehors de cela c’était un bon road trip.

Et à part vous deux, avez-vous déjà envisagé recruter d’autres membres à plein temps au sein du groupe ?

Tous les deux : Non !

Seulement pour la scène ?

Sune : Oui, seulement pour la scène.

Et quelle forme prend le groupe sur scène ?

Sune : Nous sommes quatre. Il y a deux batteurs, et l’un d’eux peut aussi jouer de la guitare, comme ça on peut faire un peu de tout et avoir de la puissance.

Il y a aussi un aspect très cinématographique à travers votre musique et vos pochettes d’album. Avez-vous déjà été tenté d’écrire une BO de film, ou été invités à en faire une ?

Sune : Non, surtout parce que c’est tout d’abord beaucoup de travail, mais aussi parce que tu veux vraiment faire ce genre de choses avec quelqu’un que tu respectes, pour lequel tu as envie de faire quelque chose de super. Cette personne serait probablement quelqu’un comme David Lynch, on aime son univers.

David Lynch est à Paris de temps en temps, alors qui sait, il sera peut-être à votre concert demain !

Sharin : (rires)

L’industrie musicale a beaucoup changé au cours des dix dernières années, et c’est notamment le cas pour vous qui étiez chez une Major avant de rejoindre un label indépendant, diriez-vous que c’est pour le meilleur ?

Sune : Je ne sais pas. Nous avons toujours eu beaucoup de liberté, même au sein d’une Major, on n’a jamais vraiment eu à répondre de quoi que ce soit, à part à de très rares moments. Donc pour nous ça n’a pas été une grosse transition.

Sharin : Pas d’un point de vue créatif. Evidemment ça implique des changements en terme de marketing et tout ce genre de choses. Mais je pense que pour nous c’était bien de passer quelques années chez une Major et d’y apprendre beaucoup de choses, en tournée, à la télévision… Quand notre contrat s’est terminé avec Columbia je pense que c’était le bon moment, nous étions prêts à prendre en charge plus de responsabilités par nous-mêmes. Tout cela a constitué un apprentissage, on a appris à prendre le contrôle. Des fois certains journalistes nous demandent à quel point notre musique a changé depuis que nous ne sommes plus chez une Major, mais elle n’a pas changé parce qu’on aurait fait le même album aussi bien chez un label indépendant qu’une Major.

THE RAVEONETTES - Interview, Paris, lundi 6 juin 2011Oui, en effet, je pensais surtout à l’idée de liberté dans votre travail…

Sharin : C’est aussi plus de travail, il faut prendre plus de responsabilités…

Oui, l’attaché de presse venait de me dire avant l’interview que vous vous occupiez vous-mêmes des voyages, de réserver les avions, les taxis…

Sune : C’est exactement ce que l’on ne voudrait pas faire! (rires)

Sharin : Oui, ce serait super si on n’avait pas besoin de faire ça!

Vous avez fondé le groupe il y a environ 10 ans. Pensiez-vous à l’époque que vous seriez encore là aujourd’hui, et est-ce que vous vous voyez encore là dans 10 ou 20 ans?

Sune : C’est toujours difficile de prédire le futur. Je crois que chez tous les groupes il y a un facteur de longévité, et nous avons déjà dépassé ce stade. Tant que l’on peut faire de la bonne musique et se faire plaisir… Je ne me sens pas vieux en tout cas…

Ah ! Ce n’est pas ce que je disais!

Sune : En tout cas si un jour nous sentons que nous n’avons plus rien à offrir et que la qualité des compositions commence à décliner, peut-être qu’on penserait à arrêter, mais aujourd’hui nous sommes contents de ce que nous faisons.

Et y-a-t-il des groupes dont vous vous sentez proches aujourd’hui, musicalement ou spirituellement?

Sharin : Non, je pense qu’on a toujours été un groupe difficile à classer, Sune, ressens-tu une…

Sune : …Connexion spirituelle? En tant que compositeur je ressens une forte connexion avec James de Glasvegas, parce que lorsque l’on se parle ou que l’on s’envoie des démos par emails, on a vraiment la même façon de penser. On a tous les deux cette manière nostalgique de regarder les choses… Je pourrais dire que c’est mon ‘frère spirituel’!Sharin (qui rit) : ça, c’est une sacrée déclaration!

Pour terminer, j’aimerais vous demander si à votre avis il se passe quelque chose en ce moment sur la scène musicale Danoise parce que – je ne sais pas si c’est une coïncidence – j’ai découvert beaucoup d’artistes Danois depuis quelques mois : Agnes Obel, Oh Land, Treefight For Sunlight…

Sharin : Oh, je ne connais pas Treefight For Sunlight…

Comme ce fut le cas pour la Suède ces dernières années, pensez-vous que c’est le tour du Danemark?

Sune : Oui, il y a sans aucun doute beaucoup de groupes maintenant et une grosse scène alternative, électronique aussi. Il se passe beaucoup de choses là-bas.

Sharin : Oui, c’est une scène florissante. Et plus il y en a, plus il en arrive. Jusqu’ici beaucoup de groupes se sentaient à l’aise simplement en tant que groupes Danois, parce c’est confortable et ça peut être suffisant pour faire une carrière, gagner de l’argent… Mais maintenant les groupes veulent sortir du Danemark, toucher un nouveau public. Il y a donc maintenant une ambition au Danemark qui n’était pas là avant, c’est bien, j’aime ça.

Propos recueillis à Paris le lundi 6 juin 2011.

Un grand merci aux Raveonettes, à Ben Oldfield de The Orchard pour avoir rendu cette interview possible, ainsi qu’à Florian Leroy de Naive.

Pour plus d’infos:

Lire la chronique de ‘Raven In The Grave’
Voir la galerie photos du concert à la Machine du Moulin Rouge, Paris, mardi 7 juin 2011

Lire la chronique de ‘In And Out Of Control’

http://www.theraveonettes.com/
http://www.myspace.com/theraveonettes
http://www.facebook.com/theraveonettes

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