LEONIE PERNET - Poèmes Pulvérisés (2025)

1. Brûler Pour briller
2. Je suis un souvenir
3. Touareg
4. Le pas de l’au-delà
5. Réparer le monde
6. L’horizon ose
7. Dispack dispac’h
8. Paris-Brazzaville
9. Acid Niger
10. Les rênes
11. Nymphéas

Date de sortie : 6 juin 2025 / Label : Crybaby – inFiné / Pays d’origine : France

Quel chemin parcouru pour Léonie Pernet depuis son premier album, « Crave », sorti en 2018 ! Son exigence artistique lui a très tôt permis de s’émanciper des barrières de genres, notamment de l’électronique, avec un renversant second album, « Le Cirque de Consolation ». Mais « Poèmes Pulvérisés » pousse encore plus loin les frontières, au sens propre comme au figuré, puisque sa genèse est le fruit d’un voyage personnel. La musicienne s’est rendue au Niger, à la rencontre de sa famille paternelle, jusqu’alors inconnue. A son retour, elle découvre un vers de René Char : « J’ai pris ma tête comme on saisit une motte de sel et je l’ai littéralement pulvérisée ». Cette phrase la conduit au « Poème pulvérisé », recueil du poète résistant paru en 1945 qui s’ouvre par une question : « Comment vivre sans inconnu devant soi ? ».

Synthèse de ses récentes expériences, « Poèmes Pulvérisés » est justement un plogeon dans l’inconnu, qui s’ouvre sur la prose du vibrant « Brûler pour Briller », un titre construit en crescendo, en forme d’introduction à l’univers de ce disque où Louise Chevillotte lit le poème inaugural du recueil de René Char, « né d’un puits de boue et d’étoiles ». La pochette de l’album a été réalisée avec Delphine Diallo, artiste visuelle et photographe franco-sénégalaise, qui renouvelle, à travers ses travaux, les représentations des femmes noires, s’affranchissant des limites du temps.

Léonie Pernet navigue d’un continent à l’autre, et épice son électro-pop d’arrangements classiques, de guitares teintées de World Music sur « Touareg », d’un piano-voix méditatif sur « Réparer le Monde » avec les chœurs de Clara Ysé, de la chanson classieuse et mélancolique, ‘à l’ancienne’, façon Alain Chamfort, sur le très convaincant « Le Pas de l’au-delà » en duo avec son frère Pierjean Pernet, de l’électronique sur le rythmé et pourtant sombre « Paris-Brazzaville », précédé du très fort « Dispak Dispac’h », issu de sa collaboration avec la metteuse en scène Patricia Allio, où l’on entend les voix de sans-papiers lors d’une manifestation qui martèlent leur désir de justice, portées par les synthétiseurs de la musicienne.

Tous ces éléments font de « Poèmes Pulvérisés » une expérience sensorielle et humaine très forte. Un disque évidemment très personnel et engagé qui résonne certainement d’une façon très particulière pour Léonie Pernet. Il brille par sa musicalité et son audace, et appelle surtout à regarder le monde qui nous entoure, et à réagir.