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AMY MACDONALD – Interview – Paris, mardi 21 février 2017

Amy Macdonald, c’est l’histoire d’un succès aussi soudain qu’énorme il y a déjà 10 ans avec son tube « This Is The Life ». Avec ses millions d’albums vendus la jeune chanteuse écossaise s’est retrouvé propulsée au rang de star du jour au lendemain, un statut enviable mais difficile car tout le monde l’attendait au tournant. Mais de l’eau a coulé sous les ponts et au fil de ses albums elle a su développer un style plus personnel et surtout plus mature qui atteint aujourd’hui son apogée après 5 ans d’absence. Un retour en grâce qui nous fait comprendre qu’elle nous a manqué, et dont elle nous parle en détail dans cette interview.

AMY MACDONALD - Interview - Paris, mardi 21 février 2017

Cinq années se sont écoulées depuis ton dernier album « Life in a Beautiful light », peux-tu me dire pourquoi l’attente fut si longue ?

Amy Macdonald : J’ai passé beaucoup de temps en tournée, entre les festivals et les concerts, parce que c’est ce que j’aime faire. A chaque fois que je sors un album je tourne très longtemps, donc l’écriture de ce nouvel album n’a pas commencé avant la seconde moitié de l’année 2014 et a continué pendant toute l’année suivante. Il y a environ un an à la même époque j’étais satisfaite, j’estimais avoir suffisamment de chansons pour aller enregistrer un nouvel album en studio. Donc bien qu’on ait l’impression que cela fait des années que je suis absente j’ai toujours été active, entre tournées, écriture et enregistrement, je n’ai pas eu tellement de temps pour m’asseoir et rester à ne rien faire !

Au sujet de l’écriture justement, je crois que c’est la première fois que tu n’écris pas tes chansons seule mais en collaboration avec les autres membres du groupe ?

Amy Macdonald : Oui, il y a toujours quelques chansons que j’ai écrites selon mon ancienne méthode, en m’enfermant pour composer avec ma guitare acoustique, mais le faire avec mon groupe semblait être une évolution naturelle pour moi. Certains membres jouent avec moi depuis 10 ans et quand on tourne ensemble pendant si longtemps c’est normal de se faire un bœuf de temps à autres et de partir sur de nouvelles idées. Nous avons donc décidé de faire ça un peu plus sérieusement. Au début c’était un peu étrange pour moi, je me sentais un peu maladroite parce que l’écriture c’est quelque chose de personnel, où tu mets tes propres pensées et idées, et du coup je me sentais un peu mal à l’aise. Mais après nous être lancés j’ai non seulement eu le sentiment d’avoir écrit d’excellentes chansons, mais ça m’a laissé plein de bons souvenirs de cette période d’écriture, ce qui n’était jamais arrivé auparavant puisque c’était juste moi, toute seule. On a bien rigolé ensemble !

Donc le processus de création de cet album ressemble plus à celui d’un groupe ?

Amy Macdonald : Oui, sans aucun doute. Il y a de super musiciens impliqués sur cet album avec qui j’ai pu construire ces chansons tout en les écrivant, ce qui n’étais pas le cas auparavant puisque je faisais des démos très basiques, seule avec ma guitare acoustique. Là, rien que les démos sonnaient déjà vraiment bien, elles étaient bien plus élaborées, c’était excitant !

Qu’est-ce qui a inspiré le titre de l’album et la chanson « Under Stars » ?

Amy Macdonald : C’est une chanson que j’ai écrite pour une amie proche. Elle était partie travailler à New York pour une année, ce qui était une opportunité exceptionnelle pour elle, mais elle s’est retrouvée toute seule et elle avait le mal du pays. Elle se sentait isolée et par conséquent très malheureuse. J’ai pu lui rendre visite quelques fois mais ça rendait les choses encore pires à chaque fois que je devais repartir. Je me souviens de la première fois que je l’ai laissée pour rentrer chez moi, elle était vraiment contrariée, ça lui brisait le cœur. Un fois assise dans l’avion j’ai passé mon temps à penser à elle, en regardant par le hublot Manhattan et le ciel, en espérant qu’elle irait bien. L’idée d’écrire la chanson « Under Stars » m’est venue de là. Puis quand est venu le moment de donner un nom à l’album, je me suis dit que c’était vraiment un bon sentiment, que c’était mon message pour elle, même si elle est de l’autre côté du globe nous sommes toujours sous le même ciel. Et si je prends en compte tout ce qui se passe dans le monde à l’heure actuelle. On n’arrête pas de nous dire que nous sommes différents les uns des autres, qu’il faut rester séparés, se protéger en construisant des murs, or nous vivons tous sur la même planète, sous le même ciel, nous ne sommes pas si différents et c’est un beau message. On peut trouver ça cliché mais le monde est tellement sombre et lugubre par moments que c’est bon de mettre en avant des pensées positives, heureuses et optimistes un fois de temps en temps.

AMY MACDONALD - Interview - Paris, mardi 21 février 2017Qu’est-ce qui t’a inspiré pour « Dream On » qui est une chanson très positive, et décrit une envie d’aller de l’avant, de réaliser ses rêves ?

Amy Macdonald : C’est également en relation avec cette même amie, elle m’a beaucoup inspirée! Elle traversait une mauvaise période, tout allait mal pour elle, et ni moi ni mes amis ne savions comment l’aider. Mais même si tout semblait s’écrouler autour d’elle, elle est restée positive et c’est ce qui m’a inspirée. Elle avait toujours ce désir de regarder vers l’avant et de continuer. Comme je ne savais pas comment l’aider la seule chose que je sais faire dans ces moments-là c’est prendre ma guitare et composer. C’est ainsi que « Dream On » est né. C’est une chanson positive parce qu’elle parle de son comportement incroyable malgré le fait que tout aille mal, mais avec une pointe de tristesse aussi en raison de sa situation.

C’est l’idée que tu essaies de véhiculer dans le clip où tu es minuscule au milieu de la foule urbaine ?

Amy Macdonald : Oui, je pense que c’est ça l’idée. Parfois tu te sens submergé par la vie et tu n’arrives pas à maintenir le rythme. Cette vidéo l’exprime parfaitement tout en gardant un côté très enjoué, je ne voulais pas qu’elle soit dédaigneuse mais au contraire légère et optimiste dans sa réalisation et dans son message.

Et j’ai lu que le titre « The Rise & Fall » a été inspiré par la série « House Of Cards » ?

Amy Macdonald : Ce sont les excellentes qualités d’acteur de Kevin Spacey qui m’ont inspirées. Quand j’ai écrit cette chanson je ne savais pas trop d’où ça venait et en me posant la question je me suis aperçue que ça faisait deux semaines que je regardais sans arrêt « House Of Cards ». Quand tu es quelqu’un de créatif, tu apprécies aussi beaucoup les autres personnes qui ont aussi un travail créatif, bien que jouer la comédie soit complètement différent de la musique. Je suis vraiment impressionnée de voir des gens comme lui s’immerger dans un rôle et devenir le personnage. C’est très touchant de voir des gens si doués dans leur travail, ça t’attire et tu t’y identifies. C’est ce qui m’est arrivé en composant cette chanson, je me sentais comme si je faisais partie de ce scénario, j’ai été totalement absorbée, le talent de certains motive les autres pour faire de grandes choses.

Et ça t’intéresserait de jouer la comédie dans une série ?

Amy Macdonald : Absolument pas ! Faire un clip de trois minutes c’est déjà un combat pour moi ! Les exigences sont assez élevées pour moi donc je m’imagine mal jouer un personnage pour la télé !

Tu es allée enregistrer aux studios Abbey Road, peux-tu me parler de ce lieu mythique ?

Amy Macdonald : En fait je n’ai enregistré qu’une seule chanson là-bas, « Never Too Late », parce que c’est trop cher pour y faire tout l’album ! Mais c’était super de pouvoir faire ça là-bas, c’est un bâtiment magnifique qui porte une telle histoire, un héritage musical incroyable. Pour moi c’était génial de pouvoir y enregistrer un morceau, c’était une journée vraiment particulière et ça a donné à cette chanson, « Never Too Late », une onde très forte, une belle atmosphère.

Et où a été enregistré le reste de l’album ?

Amy Macdonald : Un peu partout en fait, et surtout dans des endroits pas très glamour ! Dans des coulisses de studios un peu louches ! En tout cas rien qui approche la grandeur d’Abbey Road !

C’est également la première fois que Peter Wilkinson ne produit pas ton album et cette fois-ci tu as collaboré avec tout un tas de producteurs. Voulais-tu essayer de nouvelles choses en termes de sonorités ?

Amy Macdonald : Oui, je pense que c’est bon de changer un peu après 10 ans et de faire les choses différemment. C’était ce que je voulais faire parce que j’ai écrit les chansons d’une façon totalement différente cette fois-ci et je trouvais que tout avait besoin d’être un peu rafraîchi, et c’était bien d’avoir plus de monde impliqué et de faire intervenir des personnes avec un regard neuf. J’ai ainsi pu prendre une route un peu nouvelle et j’en suis vraiment heureuse, je suis très fière de cet album quand je l’écoute.

Tu avais déjà chanté le titre « Leap of Faith » il y a environ deux ans à l’époque du référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Cette chanson était-elle censée avoir un caractère politique ?

Amy Macdonald : Je ne dirais pas tellement une signification politique mais plutôt humaine. Avec le référendum tous les médias ont essayé de rendre ça politique, en affirmant en gros que si tu as une opinion alors tu parles de politique. Mais il s’agissait plus du mouvement entier, c’était incroyable de regarder les gens en Écosse à ce moment-là, notamment les personnes originaires de milieux plus pauvres qui n’avaient jamais eu vraiment envie de voter jusque-là et qui se retrouvaient alors totalement engagées dans ce qui se passait dans leur pays. C’était très inspirant de voir cet engagement soudain de personnes qui avaient été plus ou moins oubliées par le système. La chanson « Leap of Faith » vient de là. Il y a un couplet qui décrit un garçon né au mauvais endroit, qui n’a rien mais garde le sourire (You were Young boy, born in wrong place / Nothing to your name, but a smile on Your face (…), ndlr) et ça parle de toutes ces personnes qui ont repris courage et espoir quant au système politique du Royaume-Uni. C’était formidable de voir qu’ils avaient enfin le sentiment d’avoir une voix à faire entendre et qu’ils puissent s’impliquer et débattre avec passion sur ce en quoi ils croient, c’est exactement ce qui a inspiré cette chanson.

Et que penses-tu de la situation actuelle avec le Brexit ?

Amy Macdonald : Je trouve ça ridicule, je n’arrive pas à croire que des gens aient pu voter ça. Il me reste encore à en rencontrer un qui a voté ainsi, parce qu’aucun de mes amis ou des membres de ma famille n’a voté pour ce retrait. D’ailleurs l’Écosse a voté en grande majorité pour le maintien dans l’Europe et je trouve que ça souligne encore mieux les problèmes que pose le système au Royaume-Uni, c’est injuste, notamment lorsqu’un pays entier choisit de rester avec l’Union Européenne et doit en sortir. Donc il y a maintenant des discussions afin de savoir s’il y aura un second référendum Écossais. On verra bien ce qui se passera, mais du début à la fin le Brexit n’a vraiment aucun sens.

Revenons aux chansons maintenant ! Sur les titres acoustiques de la version Deluxe de ton album, il y a une reprise de Bruce Springsteen, « I’m On Fire », et je crois que ce n’est pas la première fois que tu reprends une de ses chansons. Que signifie sa musique pour toi ?

Amy Macdonald : C’est une grande source d’inspiration. Il s’est construit une incroyable carrière mais il s’intéresse encore aux gens qui sont dans la rue et il donne même l’impression d’être l’un d’eux malgré sa remarquable carrière étalée sur plusieurs décennies, et je pense que c’est pour ça que tellement de monde va toujours voir ses concerts. Non seulement il leur fait passer un moment incroyable mais sa façon d’être comme l’un des leurs veut dire beaucoup pour les gens. Et c’est un compositeur et un musicien tellement incroyable, son catalogue est rempli de tant de chansons incroyables que la plupart des musiciens sont inspirés par lui. Pour moi c’est un plaisir de chanter ses chansons, sans essayer nécessairement de les faire différemment, j’ai déjà beaucoup de chance de pouvoir faire ça parce qu’elles sont d’une qualité incroyable, c’est un privilège de les interpréter.

Tu as déjà eu l’occasion de jouer avec lui dans le passé ?

Amy Macdonald : Nous n’avons pas joué ensemble mais je l’ai rencontré une fois, il est absolument charmant ! Il est toujours très humble, il a les pieds sur terre et c’est un tel amoureux de la musique. C’était formidable de voir que la personne que tu vois sur scène est la même que dans la vraie vie.

AMY MACDONALD - Interview - Paris, mardi 21 février 2017

Cette année ton premier album va fêter ses 10 ans. Comment regardes-tu cette époque où le succès est arrivé très vite, te sentais-tu préparée à ça ?

Amy Macdonald : Certainement pas ! Même maintenant je ne me sens pas préparée ! J’étais si jeune, encore teenager, je n’avais pas la moindre idée du fonctionnement de l’industrie de la musique, de ce que je faisais. Si je pouvais remonter le temps je pense que je m’y préparerais un peu plus, parce que personne ne m’avait prévenue ! Je me disais juste que tu sortais ta musique et que ça pouvait marcher, mais maintenant je sais que ça ne se passe pas comme ça. J’apprécie le fait d’avoir beaucoup travaillé mais je suis surtout très reconnaissante d’avoir eu cet album complètement fou qui m’a permis de continuer à faire ce métier que j’adore. Quand je regarde en arrière j’ai plein de bons souvenirs de l’époque où j’ai écrit certaines de ces chansons, quand je n’avais que 14 ans dans ma chambre.

En dehors de ce succès arrivé très tôt, es-tu fière de t’être construite toi-même en tant qu’artiste ?

Amy Macdonald : Oui, totalement. Nous vivons une époque où la musique est tellement manufacturée que même les nouveaux artistes sont promus et présentés comme s’il n’étaient pas fabriqués… Mais ils le sont ! Chaque chose est choisie, il y a un plan B pour tout. Les gens croient qu’ils font des découvertes musicales mais ce n’est pas le cas, on les leur impose. Je trouve ça vraiment honteux, l’industrie sait plus ou moins qui deviendra une star avant même de l’avoir entendu, c’est vraiment dommage. J’espère que viendra le jour où un autre grand groupe ou quelque chose viendra briser ce moule. Un nouveau Oasis ou quelque chose comme ça, ça remettrait les pieds sur terre à l’industrie. Donc en ce qui me concerne je suis très fière de ce qui m’arrive, mais encore plus parce que mon single « This Is The Life » est juste sorti dans certains pays mais a attiré l’attention des radios qui l’ont relayé, puis elles l’ont toutes diffusé. Ça venait de nulle part, il n’avait pas été poussé en amont en disant que c’était « the next big thing » ou en me récompensant avant même d’avoir sorti un album. Ça se résumait simplement à « voici ma musique ! » et je suis très reconnaissante que ce soit arrivé ainsi.

Propos recueillis à Paris le mardi 21 février 2017.

Un grand merci à Amy Macdonald, à Anthony Lapoire pour avoir rendu cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Mercury France.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de « Under Stars » (2017)

http://www.amymacdonald.co.uk/
https://www.facebook.com/amymacdonaldmusic/
https://twitter.com/Amy__Macdonald

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