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CHARLOTTE OC – Interview – Paris, mercredi 26 avril 2017

Originaire de Blackburn, Charlotte OC avait suscité de nombreux espoirs en 2013 à la sortie de son single « Colour My Heart ». Mais le parcours vers son premier album était encore long, le temps d’acquérir l’expérience et la maturité nécessaires pour offrir à son public le disque qu’elle avait en elle. Voici chose faite avec « Careless People » qui est arrivé dans les bacs le 31 mars dernier. Un disque gorgé d’émotion et d’une certaine sensibilité Soul dont elle nous a parlé à l’occasion de son concert parisien au Badaboum le 26 avril dernier.

CHARLOTTE OC - Interview - Paris, mercredi 26 avril 2017

Peux-tu me parler un peu de tes origines ? D’où viens-tu et quand as-tu commencé à faire de la musique ?

Charlotte OC : Je viens d’une ville qui s’appelle Blackburn, au Nord-Ouest de l’Angleterre, près de Manchester. Ma mère est mi-Malawi mi-Indienne et mon père Irlandais. Mon éducation musicale a été un parcours si long, mais le moment où j’ai voulu faire de la musique c’était à l’âge de 15 ans quand j’ai commencé à apprendre la guitare. J’ai commencé à travailler sur des mélodies en plus des accords et je me suis vite retrouvée à composer des chansons de trois minutes, et c’est un sentiment tellement beau et étrange lorsque tu commences à écrire tes propres chansons. J’ai commencé à me sentir un peu plus à l’aise, alors je les ai uploadées sur Myspace. Le reste, c’est de l’histoire, tellement de choses sont arrivées ensuite, j’ai signé un premier contrat avec un label, puis un avec Quicksilver aussi…

Et c’est ton père qui t’a fait prendre des cours de guitare ?

Charlotte OC : Oui, en fait il ne m’a pas vraiment donné le choix ! Je croyais qu’il m’emmenait acheter des chewing-gums et il m’a déposée devant un établissement où ils donnent des cours de guitare ! Et c’est la meilleure chose qu’il ait faite pour moi, je ne me rendais pas compte à quel point ça serait bénéfique alors. Et depuis ce jour j’ai toujours aimé ça, à chaque fois que je prends ma guitare c’est merveilleux. En quelques minutes tu peux créer quelque chose.

Et tu as le soutien de tes parents aujourd’hui dans ta carrière musicale ?

Charlotte OC : Totalement, ils m’ont vue traverser de nombreuses épreuves et ils sont très excités. Ils veulent que je ressente cette forme d’accomplissement, en faisant ce que j’ai envie de faire.

CHARLOTTE OC - Interview - Paris, mercredi 26 avril 2017Certains artistes en particulier t’ont donné envie de devenir chanteuse ?

Charlotte OC : Je pense que je n’étais pas nécessairement attirée par le fait de regarder la musique à la télé, mais plutôt de voir des gens jouer, j’ai toujours été très excitée par ça. Alicia Keys est la première personne dont je suis vraiment tombée amoureuse et que j’ai voulu aller voir en concert. David Byrne des Talking Heads m’a donné envie d’être une artiste, de voir où se trouve la différence entre un chanteur et un artiste. Ça m’a aidé à regarder au-delà de l’horizon au lieu de suivre la route toute tracée de la Pop.

Tu as signé un contrat très jeune avec une maison de disques, à 16 ans, que s’est-il passé à ce moment-là ?

Charlotte OC : J’étais très jeune et je n’étais pas prête. Trop jeune… Tu te souviens comment tu étais à 16 ans ?

Oui, je ne préfère pas m’en souvenir!

Charlotte OC : Oui, exactement ! Imagine-moi dans une maison de disques à cet âge-là, avec des gens qui me disent « voici tes responsabilités ! ». En dépit que qui tu es et de la musique que tu veux faire découvrir au monde, il s’agit juste d’une machine à faire de l’argent et ce label voulait en faire avec moi. Même si c’est de toute façon le but final, je n’étais alors qu’un instrument. Ils espéraient que j’allais créer quelque chose, et ce n’est pas arrivé parce que je n’arrivais pas à composer une musique dont j’étais fière. Je crois que je me rends seulement compte maintenant de ce que j’ai envie de faire, comme si on m’avait branchée à 26 ans, je me sens humaine. Je ne l’étais pas à l’époque, tu n’es pas conscient, pas encore assez éveillé, je n’étais pas prête.

Revenons maintenant au présent, ou presque : Tu as sorti « Colour My Heart » il y a quatre ans déjà, puis quelques EPs ensuite. Il était encore trop tôt dans ta carrière pour sortir un album ?

Charlotte OC : Oui, après « Colour My Heart » sans aucun doute. J’étais encore très jeune. C’était un titre dont j’étais très fière et certainement le début de quelque chose mais pour faire un album juste sur cette chanson, je pense que j’avais besoin de plus d’expérience. Ce titre a vu le jour parce qu’un endroit m’avait particulièrement inspirée. Il correspondait donc à un moment précis que je ne pouvais pas transférer et forcer sur d’autres chansons. Il me fallait plus de temps pour écrire sur ce que j’avais envie de dire. De plus, beaucoup de gens te mettent la pression et même si c’est parfois bon, en ce qui me concerne j’ai besoin de me sentir calme pour être ouverte et créative.

Aujourd’hui ton album est enfin sorti et il s’appelle « Careless People ». Quelle est l’inspiration derrière ce titre ?

Charlotte OC : Le titre est tiré d’un passage de Gatsby Le Magnifique. Il a attiré mon attention parce que j’y suis liée d’une certaine manière, j’ai le sentiment d’avoir été négligente. Pendant l’écriture du disque je sortais d’une relation à laquelle j’avais mis fin parce qu’elle n’était plus bonne pour moi, mais elle l’était toujours pour mon conjoint d’alors. Il fallait que je ne me soucie pas de ses émotions et que je m’éloigne de lui. Et je pense qu’à l’époque je lui ai fait une faveur en agissant de cette manière, et il ne l’a pas vu ainsi, il a considéré que j’avais manqué d’attention envers lui. Il s’agit donc d’une chose qui n’est parfois pas bonne pour une personne, mais elle l’est pour l’autre. Il y a toujours celui qui te quitte et laisse tout un monde derrière lui. Ça peut arriver avec la famille, les amis, les cercles sociaux… Parfois les gens s’éloignent parce que ce n’est pas bon pour eux de rester. Quand j’ai entendu ce passage dans le film, et que je l’ai lu dans le livre, je me suis dit : « c’est moi, c’est le nom du disque ! », parce l’album parle aussi bien de ma négligence que de celle des autres.

A ce sujet la chanson « Darkest Hour » est très sombre et émouvante, est-elle inspirée par des souvenirs personnels ?

Charlotte OC : Oui, c’est une chanson sur ma sœur et une relation qu’elle a traversé pendant laquelle son compagnon la trompait. Et nous, en tant que membres de sa famille, ne pouvions qu’observer tout cela. Il ne s’est pas soucié d’elle en la laissant revenir ou en revenant lui-même, ni de nos émotions puisque nous étions spectateurs de ce désastre. Quelque chose de bon doit probablement ressortir des relations pourries !

Oui, c’est malheureusement souvent ce qui inspire la plus !

Charlotte OC : Les moments les plus douloureux sont une source d’inspiration en général !

« Blackout » qui ouvre l’album est un autre moment fort, peux-tu m’en parler ?

Charlotte OC : J’ai écrit cette chanson avec la chanteuse LP, ainsi que « Medicine Man ». Elle est venue à une de mes sessions pendant laquelle j’avais plutôt le mal du pays, j’étais assez anxieuse, et Tim Anderson et moi avions déjà écrit une partie de cette chanson. Et j’avais du mal avec ce morceau parce qu’il me ramenait trop près de chez moi, je tombais beaucoup en sanglots et il n’en fallait pas beaucoup pour que ça arrive. Elle est donc arrivée et elle m’a aidée à hisser les paroles au niveau supérieur. En gros cette chanson parle du fait d’être anxieux mais de rencontrer quelqu’un qui t’aide à en sortir, qui te ramène vers la lumière, parce que quand tu déprimes c’est un peu comme si la lumière était tamisée, plus rien ne brille, le monde a l’air différent. Et c’est pour ça que ça s’appelle « Blackout », je me sentais ainsi.

Et puisque nous sommes à Paris aujourd’hui, j’aimerais justement te parler de la dernière chanson de l’album, « In Paris », de quoi s’inspire-t-elle ?

Charlotte OC : Cette chanson parle plus ou moins de la princesse Diana. Je l’imagine l’avoir écrite au Prince Charles avant de mourir. Elle lui raconte là où elle en est, qu’elle est avec cette autre personne, mais c’est aussi sur sa relation avec lui et la famille royale qui ne voulait pas de ça, elle leur dit « vous ne vous souciez pas de moi mais je ne veux pas être votre ennemie » (« you don’t even care for me / I don’t wanna be your enemy » dans le texte, ndlr). J’ai écrit cette chanson parce que j’étais tellement jeune quand c’est arrivé mais je me souviens de m’être réveillée et de voir ma mère totalement bouleversée. Et j’ai gardé ce souvenir de sa mort pendant des années, même si j’étais un peu jeune pour comprendre, puis en grandissant j’y ai repensé et là tu te dis « merde, c’est vraiment arrivé » ! Comment est-ce arrivé ? C’était vraiment tragique, mais assez romantique en même temps, je trouve que c’était une femme fascinante. Elle savait toujours ce qu’elle faisait, c’était quelqu’un de très intelligent.

CHARLOTTE OC - Interview - Paris, mercredi 26 avril 2017J’espère que Paris t’apporte aussi de bons souvenirs ?

Charlotte OC : Oui, sans aucun doute. J’ai passé des moments formidables ici quand je travaillais avec Quicksilver, à Biarritz aussi. J’y ai aussi connus des moments plus sombres, mais je crois qu’il en est ainsi dans toutes les grandes villes.

Tu as enregistré le disque avec Tim Anderson, peux-tu me parler de ton expérience avec lui aux Sunset Sound Studios ?

Charlotte OC : C’était super. Il est brillant et nous avons beaucoup rigolé. Il est là depuis le début, il a enregistré mon premier EP. Après m’avoir vue jouer en concert il savait qu’il fallait faire un disque qui sonne « live » et c’est le cas vers la fin de l’album. Il est drôle et sensible, la meilleure personne avec qui se trouver quand il s’agit de créer, parce qu’il voulait s’assurer que ce disque me ressemble, et non à lui. Il voulait faire sortir le maximum de moi en laissant son ego de côté.

J’imagine qu’après plusieurs années il savait bien dans quelle direction tu voulais te diriger ?

Charlotte OC : Il l’a su dès le premier jour ! Quand nous avons écrit « Colour My Heart » c’était ma toute première session, et je lui avais parlé de mon temps passé à Berlin et comment cela m’avait inspiré. Il a joué les deux accords de « Colour My Heart » et c’était ça ! Et tout a pris son sens après cette chanson, tout en étant différent à la fois.

Tu as également travaillé avec le compositeur Paul Buckmaster qui a notamment été récompensé par la passé aux Grammy Awards, quel rôle a-t-il joué ?

Charlotte OC : Il a mis en place les arrangements de cordes sur « Choice », mais je ne l’ai jamais rencontré, nous avons fait tout ça par téléphone et Skype. Alors que j’étais à Berlin pour mon anniversaire, Tim était avec lui à Los Angeles et ils me diffusaient via Skype un orchestre en Lituanie, c’était donc une expérience en trois dimensions. Nous nous sommes donc juste parlé via Skype, mais il a été charmant, et les cordes qu’il a intégrées étaient tout simplement parfaites, pas trop envahissantes.

Et comment te sens-tu maintenant que cet album qui a mis si longtemps à sortir soit enfin disponible au public?

Charlotte OC : Je me sens vraiment bien et ça me donne envie de faire le suivant ! J’ai passé trop de temps sur celui-ci donc j’aimerais que le prochain se fasse plus vite. C’est un sentiment étrange mais je me sens bien, et je pense avoir pas mal changé pendant tout ce temps également. Et ça fait du bien car il y a pas mal de chansons si personnelles et les gens ont été particulièrement excités avant même que l’album ne sorte. Savoir que ça leur fait ça c’est vraiment bon.

Propos recueillis à Paris le mercredi 26 avril à Paris

Un grand merci à Charlotte OC, à Virginie Van Gysegem pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Capitol Music France.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de « Careless People »

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