This Immortal Coil, mais qu’est-ce que c’est ? C’est la rencontre d’artistes issus de divers horizons autour d’un des groupes les moins médiatisés de la planète : COIL. Que ce nom vous soit familier ou non, peu importe. Parmi le collectif d’artistes qui leur ont rendu hommage, certains n’ont d’ailleurs découvert COIL que peu de temps avant de se lancer dans l’aventure. Entretien avec Yael Naim, interprète du titre ‘The Dark Age Of Love’ qui nous parle de cette expérience…

Cet album c’est le projet de Stéphane Grégoire qui est un grand fan de Coil, mais comment s’est-il mis en place ? Comment est-il entré en contact avec vous, les artistes, et comment vous-a-t-il donné envie de participer à ce disque ?

Yael Naim : Ça remonte à l’époque où j’enregistrais mon 1er album qui était entièrement en hébreu. Quand David et moi avons rencontré les premières personnes venues écouter cet album, Stéphane d’Ici d’Ailleurs était le premier à vouloir le sortir. Finalement ça ne s’est pas fait, mais on a gardé un très bon contact. On avait des affinités musicales et l’envie de faire quelque chose ensemble de toute façon. C’était en 2005. Il nous a parlé assez vite de ce projet et je crois que ‘Tattoed Man’ a été l’un des premiers morceaux enregistrés cette même année. Il m’a proposé d’essayer quelque chose et ce titre c’était ‘le 1er test’, la première version d’ailleurs avec la voix. On en a essayé d’autres ensuite mais c’était celle-là la bonne. Donc ça a démarré un peu comme ça. Ensuite je crois qu’il a fait le tour des artistes, de mon côté mon album était sorti, donc David Donatien et moi étions pris dans une tempête !…

L’enregistrement de l’album s’est donc fait sur le long terme, vous n’avez pas été amenés à vous rencontrer les uns les autres ?

Yael Naim : Non, pas tous. Et puis ça dépend des titres. Yann Tiersen et Matt Elliott ont enregistré ensemble par exemple, moi j’ai enregistré seule. C’est à la toute fin de l’année 2008 que Stéphane m’a proposé de faire ‘The Dark Age Of Love’. En fait ça faisait un moment qu’il m’en parlait et je n’arrivais pas à trouver le temps, puis un jour il m’a fait écouter la version de…

Coil ?

Yael Naim : Non ! De Chapelier Fou ! C’était sa version instrumentale et j’ai adoré ! C’était vraiment à la dernière minute, l’album était sur le point de partir au mixage. J’ai enregistré la voix et je sentais qu’il manquait une batterie, alors c’est David (Donatien) qui l’a jouée… et puis voilà, c’est devenu une collaboration entre lui, David et moi.

Et toi, tu connaissais l’œuvre de Coil ? Moi je ne connaissais pas l’original, mais je suppose que le but de ces reprises était de faire des versions différentes, parce qu’apparemment ce n’était pas très accessible ?

Yael Naim : Ce n’était pas très dur de s’en détacher ! Plus underground que ça, je ne connais pas ! C’était tellement étrange et étalé, de longs morceaux, un son un peu bizarre et sale. Juste pour déchiffrer la compo déjà c’était du travail, et rien que la jouer ensuite c’était complètement différent. C’était très intéressant et en même temps ça me faisait un peu peur de reprendre une chanson comme ça.

Donc ce disque est certainement beaucoup plus accessible…

Yael Naim : Oui oui !

… Pour peut-être ensuite pouvoir permettre au public de découvrir l’œuvre de Coil?

Yael Naim : Leurs arrangements et la production sont vraiment très intéressants. C’est juste que… C’est difficile à décrire, on dirait qu’ils s’en fichent … de quoi exactement je ne sais pas… Ils se fichent d’eux, ou de quelque chose et ils ne font que ça ! Et en même temps il y a un sens du détail qui est incroyable.

L’un des deux fondateurs du groupe, Johnn Balance, est mort il y a quelques années, mais l’autre, Peter Christopherson, a-t-il eu l’occasion d’entendre cet album ?

Yael Naim : Stéphane pourrait te donner plus de détails, mais oui, ils ont été en contact assez proche. D’après la bio jointe, il a beaucoup apprécié (« J’adore ces chansons. C’est la première fois que quelqu’un avec une vraie sensibilité musicale et du talent a mis tant d’efforts à reprendre des chansons de Coil. » Confie-t-il, ndlr).

Y-aura-t-il des concerts pour promouvoir cet album ?

Yael Naim : Stéphane aimerait mettre ça en place. Forcément c’est assez difficile avec le planning de chacun. On va jouer trois des titres de l’album sur Radio Nova pour le moment, c’est un début, avec peut-être plus à venir, on l’espère…

Propos recueillis le jeudi 3 septembre 2009 à Paris.

Un grand merci à Yael Naim, Stéphane Grégoire et tous les artistes ayant participé au projet, ainsi qu’à Pascaline Pizzighini et Lena Heidema de Differ-ant.

Les membres de This Immortal Coil sont Yaël Naim, Bonnie Prince Billy, Yann Tiersen, Matt Elliott, DAAU, Chapelier Fou, Sylvain Chauveau, Christine Ott, Oktopus, Nightwood, David Donatien et Nicolas Jorio.