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EMILIE SIMON – Interview – Paris, mardi 20 décembre 2011

Profondément humain : c’est ainsi dont on aimerait vous parler du nouvel album d’Emilie Simon, ‘Franky Knight’. Bande originale du film ‘La Délicatesse’ sorti récemment au cinéma, c’est aussi son disque le plus personnel à ce jour. Cadeau de Noël avant l’heure, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec elle fin décembre pour nous parler de la conception de cette œuvre lumineuse.

EMILIE SIMON - Interview - Paris, mardi 20 décembre 2011

Tu viens de sortir ton nouvel album intitulé ‘Franky Knight’, mais c’est aussi la musique d’un film qui s’intitule ‘La Délicatesse’. Comment s’est fait la rencontre avec les réalisateurs?

Emilie Simon : C’est David Foenkinos qui m’a écrit. Il m’a envoyé une lettre avec son roman et le scénario du film où il me parlait de son envie de collaborer avec moi pour faire la musique du film. Il m’a proposé que l’on s’appelle et que l’on se voie. J’ai pris le temps de bien lire le livre, le scénario, de réfléchir à tout ça et on s’est rencontré quelques mois plus tard à Paris sur le tournage. C’est là où j’ai fait leur connaissance : David et Stéphane et toute l’équipe du film !

Comment s’est passé la réalisation de cet album ? Etait-ce différent de « La Marche de L’empereur » qui était une B.O. très connue ?

Emilie Simon : oui, c’est très différent. C’est incomparable en fait. Chaque film a son propre univers et ses directions au niveau musical, donc d’un film à l’autre on ne peut pas appliquer les mêmes règles. La Marche De L’empereur c’était en grande partie basé sur les grands espaces, sur le côté épopée, aventure, une espèce de Western de l’Antarctique. C’est comme ça que je voyais en tout cas l’écriture au niveau des thèmes et de la poétique. Les timbres c’était la glace, les instruments du froid… Au niveau des sonorités ça c’était le cadre. Pour « La Délicatesse » le cadre c’était quelque chose de très humain, de chaleureux, simple… Une ‘simplicité’… pas ‘simpliste’ ; disons une belle simplicité de la mélodie, quelque chose d’évident, de spontané, d’humain. Donc c’est pour ça que c’est peut-être l’album où j’ai le moins procédé à des modifications des sons des instruments par exemple. J’ai vraiment respecté leur timbre, notamment le piano, le saxophone, et avec le mix on a vraiment accentué ce côté-là, mis en valeur – je le dis encore – le côté humain du mode de jeu. C’est vrai que c’est un album où il y a moins d’électronique, en tout cas elle y est plus utilisée en touche de couleurs. J’ai programmé les synthés et des choses comme ça…

Mais ce n’est pas l’élément central…

EMILIE SIMON - Interview - Paris, mardi 20 décembre 2011Emilie Simon : Non, non, c’est vraiment encore une fois utiliser la machine pour obtenir une sorte de texture, pour élargir encore une fois la palette. Mais l’élément central était vraiment l’humain, la sensibilité, l’amour – parce que c’est une histoire d’amour quand même – on parle d’une reconstruction mais on parle toujours d’une histoire d’amour… En l’occurrence de deux histoires d’amour dans ce cas-là.

Tu es allée sur le tournage, j’imagine que c’est quelque chose que tu n’avais pas fait pour ‘La Marche de L’empereur’ d’ailleurs…

Emilie Simon : Non, effectivement ! Ç’aurait été quelque chose d’aller voir les manchots sur le tournage !

… Tu adaptes donc les chansons aux différentes scènes du film ?

Emilie Simon : C’est ça. C’est-à-dire que le film me parle, il m’inspire. Le film, les acteurs ; c’est vrai que j’ai adoré écrire pour Audrey (Tautou, ndlr) que je trouvais sublime. Et pareil pour le thème de Markus (François Damiens, ndlr). Ce sont ces acteurs-là qui m’ont inspiré. ‘Mon Chevalier’ c’était en voyant Audrey, ‘Walking With You’ c’était en voyant Markus. Finalement un film ce ne sont que des interactions comme ça : on échange les idées, on fait avancer les choses ensemble, voilà, on surenchère. C’est ça qui est beau, c’est une belle équipe.

Finalement la méthode est différente mais l’implication est la même…

Emilie Simon : L’implication est toujours extrême pour moi quand je fais un album, que ce soit une musique de film ou non. On pourrait croire qu’une musique de film c’est un peu moins personnel mais bizarrement toutes celles que j’ai faites – principalement ‘La Marche De L’empereur’ et ‘La Délicatesse’ sont des projets dans lesquels je me suis énormément impliquée et qui ont donné naissance à des albums qui font partie de ma discographie à 100%. Ce n’est pas du tout à part. Et ‘La Délicatesse’ c’est encore autre chose, parce que ‘Franky Knight’ c’est en même temps un vrai album et une vraie musique de film, donc c’est encore une histoire particulière. J’ai l’impression que dans ma vie il n’y a que des histoires particulières qui se suivent les unes après les autres. Tous les albums et musiques de films que j’ai pu faire ont toujours été quelque chose d’extrêmement important et qui ont apporté énormément dans ma carrière.

Ce nouvel album est extrêmement différent d’ailleurs.

Emilie Simon : Oui, il est en même temps différent et complémentaire. Il contient des choses qui me permettaient de sortir de mes habitudes, d’expérimenter tout en étant quand même « moi », de développer techniquement et dans mon écriture – pour la Pop ou pour le cinéma – deux aspects qui font partie de ma personnalité en fait.

Le clip de « Mon Chevalier » a également été réalisé par les frères Foenkinos. Tu t’y mets un peu dans la peau du personnage joué par Audrey Tautou, est-ce que ce genre d’expérience te donnerait envie de devenir actrice?

Emilie Simon : On m’en a beaucoup parlé, on me l’a déjà demandé et… Pourquoi pas! Ca serait quelque chose d’intéressant et de fascinant. Mais c’est vrai que je ne l’ai jamais fait et que mon truc à moi c’est plus la musique à la base. Mais en même temps j’adore l’image, j’ai fait beaucoup de clips, j’aime développer ça, donc pourquoi pas finalement!

Je voulais te parler de la photo qui illustre la pochette de ton album, je ne crois pas que la table de mixage à côté de laquelle tu poses soit juste un hasard, peux-tu m’en parler?

Emilie Simon : Non en effet. C’est le studio où j’ai enregistré et mixé mon premier album, mais c’est aussi celui où je suis retournée à chaque projet, que ce soit pour mixer ou faire des prises de son. Il s’agit du Studio de la Seine. C’est un peu là où les choses prennent vie, parce que c’est dans un studio que l’on concrétise un album. Pour moi cette photo là c’était la magie et le retour aux sources. Je ne peux pas en faire une vraie explication, parce qu’il y a plein de strates dans son interprétation et j’aime bien laisser ça aux gens. Tu peux y voir plein de choses.

Moi j’aime beaucoup sa sobriété, sa « délicatesse » si on peut dire ça comme ça!

Emilie Simon : Oui, le studio éteint et les lumières de la console. Si tu regardes bien c’est une console ‘infinie’ ! (en ouvrant le digipack la table s’étend d’un bout à l’autre sur les 3 pages du livret, voir photo ci-dessous, ndlr)

EMILIE SIMON - Interview - Paris, mardi 20 décembre 2011

Et l’affiche du film reprend le même concept?

Emilie Simon : Absolument! (elle sort sont téléphone portable et me montre cette photo qu’elle a publié sur sa page Facebook, voir ci-dessous, ndlr). Tu vois côte à côte la pochette et l’affiche.

EMILIE SIMON - Interview - Paris, mardi 20 décembre 2011

Ah oui! La pose est la même!

Emilie Simon : Voilà, c’est ça!

Comment décrirais-tu ‘Franky Knight’, l’album parle beaucoup de princesses et de chevaliers, pour toi c’est un album d’amour?

Emilie Simon : Oui, exactement. Pour moi c’est un album d’amour et ça n’est que ça. C’est un cadeau. Etonnamment tout en étant aussi une musique de film basé sur une fiction c’est aussi mon album le plus personnel.

Et c’est aussi un album beaucoup plus posé que ‘The Big Machine’, complètement différent, est-ce que tu penses que c’est aussi une réaction au côté très dansant de ton disque précédent?

Emilie Simon : Non. ‘Franky Knight’ a sa propre logique. Ce n’est pas une réaction à ‘The Big Machine’. Après c’est bien évident que chaque album va apporter sa pierre à l’édifice, va me nourrir, me donner d’autres envies. Bien sûr tout est lié, toute cette évolution mène au point où l’on se trouve aujourd’hui, mais c’est quand même un album qui parle d’amour, qui parle aussi de la perte de quelqu’un mais d’abord d’amour. On est plus dans quelque chose de très spontané, humain, des sentiments qui sont absolument universels. Ça ne se situe pas au niveau de la prouesse, de l’exercice de style, on n’est pas dans le concept artistique du contrepied. On est dans l’émotion, quelque chose de très basique quelque part, et dans la vie. Voilà : c’est un album qui ne se situe pas au niveau de l’effet de style.

Et comment s’est passé l’enregistrement, c’était encore à New York ? Tu vis toujours là-bas ?

Emilie Simon : Entre New York et Paris. Oui, je vis là-bas, mais en ce moment je suis beaucoup à Paris, j’ai suivi la finalisation du film, et comme il sort maintenant je suis restée à Paris avec toute l’équipe.

EMILIE SIMON - Interview - Paris, mardi 20 décembre 2011On retrouve cette fois-ci beaucoup plus de morceaux en Français, ou aussi une cohabitation entre les deux langues Français-Anglais ? Comment vient le choix de la langue, ça se fait tout seul ?

Emilie Simon : C’est très spontané, c’est le morceau lui-même qui va choisir en fait. C’est mon morceau qui va naître avec une mélodie qui va appeler le Français ou l’Anglais. Après il est évident qu’il y a des choses qu’on dit dans sa langue uniquement, ou des formes de poésie qui sont très françaises. Mais ça ne veut pas du tout dire que les morceaux en Anglais sont moins personnels. C’est une autre sensibilité, d’autres couleurs, un peu comme une palette de couleurs en fait.

Et tu avais déjà pensé à écrire certains morceaux de l’album ou à les sortir avant la B.O. du film ?

Emilie Simon : Il y avait certains morceaux qui existaient et je sentais bien que ce serait important pour toute l’histoire, d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire de ‘sortir’, c’est ça la finalité. Mais je serais incapable de te dire ce qui se serait passé sans le film. En tout cas c’est l’arrivée de La Délicatesse dans ma vie qui a fait en sorte que tout ça prenne un sens, dans ma carrière et dans le destin du film.

Et pour le moment je ne crois pas qu’il y ait de tournée prévue pour cet album ?

Emilie Simon : Pas pour l’instant. Il va y avoir des dates mais pour le moment on n’a pas encore fixé tout ça !

En fin de compte, malgré son thème, comment qualifierais-tu ‘Franky Knight’: est-ce un album mélancolique, triste, ou au contraire optimiste et plein d’espoir?

Emilie Simon : C’est un album lumineux ! Ce sont des chansons d’amour et c’est un album lumineux !

Propos recueillis à Paris le mardi 20 décembre 2011.

Un grand merci à Emilie Simon, à Pauline Bérenger pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Barclay.

Pour plus d’infos :

‘The Big Machine’ (2009)
Interview d’Emilie Simon, le 18 septembre 2009

Le Casino de Paris, dimanche 17 janvier 2010 : compte-rendu / galerie photos

Voir la galerie photos du concert au Point Ephémère, le jeudi 17 septembre 2009

‘L’Olympia’ (2007)
‘Végétal’ (2006)
‘La Marche De L’Empereur’ (2005)
‘Emilie Simon’ (2003)

L’Olympia, Paris, mardi 19 septembre 2006 : compte-rendu / galerie photos

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