Date de sortie : 10 avril 2007 / Label : 4AD / Pays d’origine : Etats-Unis

Un groupe de Pop Rock pas comme les autres…. Ça fait déjà bien longtemps que l’on dit cela de Blonde Redhead. A tel point qu’il paraît bon de dire aujourd’hui « j’écoute Blonde Redhead » comme si l’on disait « j’écoute Radiohead« . Il ne restait plus au trio qu’à prouver le bien fondé de tout cela. Après le subtil ‘Misery Is A Butterfly’ sorti en 2004, le groupe continue sur sa lancée, s’éloignant encore un peu plus loin des envolées bruitistes qui avaient fait son succès il y a déjà près de 15 ans.

La première écoute de ‘23’ a vraiment de quoi surprendre, mais aussi de laisser perplexe. Le chant de Kazu Makino rappelle… mais oui… un peu celui de Mylène Farmer, comme si cette dernière avait subitement décidé de s’associer à My Bloody Valentine. Car les guitares bourrées d’effets (chorus & reverb surtout) nous remémorent les belles années de la noisy pop anglaise des années 90, Lush et Ride ne sont pas des cousins si éloignés eux non plus. Un style qui côtoie parfois aussi la New Wave, avec le très 80’s ‘The Dress’. Une fois passée cette drôle d’impression laissée par sa voix, on parvient enfin à se concentrer un peu mieux sur ce disque musicalement très riche et dont l’enivrement créé par les mélodies planantes prend peu à peu le dessus sur les premiers doutes.

Blonde Redhead ne redeviendra toutefois jamais aussi noisy qu’à ses débuts, les arrangements de ‘23’ sont bien plus lisses et travaillés que sur leurs premiers albums. Un virage qui a certainement fâché certains fans de la première heure, mais qui illustre bien le désir d’évolution du trio. Ce disque est notamment magnifique d’un point de vue rythmique grâce au jeu très imaginatif de Simone Pace, souvent en contre temps et agrémenté de percussions diverses, notamment sur le très beau ‘Dr Strangeluv’. Son frère Amedeo n’est pas en reste, avec des riffs de guitares planants qui nous laissent rêveurs. Mais Amadeo, c’est également l’autre voix de Blonde Redhead, un timbre très aigu et un rien nasillard qui tranche avec le chant de Kazu. On s’y habitue peut-être un peu moins vite, mais celui-ci finit également par convaincre sur des titres tels que l’excellent ‘Spring And By Summer Fall’, l’un des morceaux les plus ‘rock’ de l’album. Après ce titre, Kami commence à faire des merveilles sur ‘Silently’, une chanson de toute beauté à la mélodie 70’s, un charme un peu rétro, mais imparable. Enfin, le groupe continue à explorer de nouveaux horizons avec une part de plus en plus importante offerte aux arrangements électroniques, en particulier sur les breaks de ‘Publisher’, mais aussi les lourds effets sur le chant de ‘Heroine’.

Comme beaucoup de grands albums, 23 n’est pas un disque facile. C’est une œuvre qu’il faut vraiment prendre le temps de comprendre avant de porter un avis, de l’aimer ou de le haïr. Et pourquoi ‘23’ (qui est d’ailleurs sorti le 23 avril) ?…Tout simplement parce que c’est le nombre porte-bonheur Kami, nul doute que cette fois-ci il aura porté chance à Blonde Redhead.