Date de sortie : 7 avril 2023 / Label : Dead Oceans / Pays d’origine : Etats-Unis

Il faut en vouloir pour sortir un single de 8 minutes 30 pendant lequel se succèdent riffs de guitares saturés, larsens et hurlement. Ce morceau de Wednesday s’intitule « Bull Believer » et c’est une bénédiction, vraiment. Comme si les Pixies s’amusaient à jouer « Tame » pendant tout un album. Le groupe, composé de la chanteuse guitariste Karly Hartzman, du guitariste Jake Lenderman, de la bassiste Margo Shultz, du joueur de lap steel Xandy Chelmis et du batteur Alan Miller, n’en est pas à ses débuts. Né en 2017 sous l’impulsion de Karly Hartzman comme un projet ‘personnel’, Wednesday a vite trouvé son identité sonore et s’est réfugié dans le bruit, mais avec des textes et des idées.

Leur musique est un mur du son qui puise certainement ses racines dans le rock alternatif des années 90, à la différence près que ces américains sonnent bien comme un groupe d’aujourd’hui. Comme si Mogwai faisait de l’Indie Pop saturée, comme si Big Thief se lançait dans le Grunge et le Shoegaze. Wednesday, c’est un peu tout ça. Avec cinq albums à son actif en à peine plus d’années, le groupe s’est avéré non seulement prolifique mais aussi très inspiré. Poursuivant le sillon creusé par ses premiers albums autoproduits et surtout « Twin Plagues » réédité par le label Dead Oceans, les chansons de « Rat Saw God » forment un recueil de nouvelles, des bribes de souvenirs, un patchwork de portraits du sud américain, des moments disparates qui font sens une fois rassemblés.

L’album a été écrit dans les mois qui ont suivi la sortie de « Twin Plagues », et enregistré en une semaine au studio Drop of Sun d’Asheville. Et l’urgence est effectivement omniprésente ; exécuté avec rapidité mais sans précipitation, ce nouvel album parvient à concilier cette déferlante de décibels avec un vrai souci de la mélodie. Karly Hartzman a pensé aux auditeurs, à sa mère qui entendait ces chansons, à l’impact que tout cela représentait. « J’ai vraiment réussi à sauter cet obstacle avec « Twin Plagues » où je ne me souciais plus du tout d’être vulnérable – j’étais enfin à l’aise, et je veux vraiment rester dans cet état-là. »

« Rat Saw God » a beau être particulièrement saturé et imprévisible à la manière des disques de Pavement, c’est un album qui sait très bien où il va, particulièrement abouti jusque dans sa somptueuse pochette. On peut ainsi vous affirmer que, dans tous les sens du terme, ce disque va faire du bruit !