Vous êtes ici
Accueil > Interviews > EWERT AND THE TWO DRAGONS – Interview – Paris, mercredi 8 avril 2015

EWERT AND THE TWO DRAGONS – Interview – Paris, mercredi 8 avril 2015

Ewert And The Two Dragons, c’était la révélation de l’année 2012, le seul groupe Estonien que l’on n’ait jamais connu, capable de rivaliser avec les meilleurs groupes britanniques avec des tubes tels que ‘Good Man Down’ et ‘(In The End) There’s Only Love’. Après avoir été révélés en France grâce au précieux label Talitres, les voici chez Sire Records, célèbre label US de Warner Bros Records. Avec un nouvel album, ‘Circles’, à la hauteur de leurs ambitions et de leur nouveau statut. Entretien avec le guitariste Erki Pärnoja à l’occasion de leur concert à Paris en avril dernier.

EWERT AND THE TWO DRAGONS - Interview - Paris, mercredi 8 avril 2015

Peux-tu me parler un peu de la création du groupe?

Erki : Le groupe a débuté vers 2009, disons officiellement depuis 6 ans. Nous venons tous de différentes villes en Estonie, et après le lycée chacun a déménagé à Tallinn. Ewert habitait déjà là-bas, mais pas les autres. Donc nous sommes tous allés dans cette fac de musique. Ce n’est pas vraiment pour ce que tu y apprends, mais parce que c’est au centre des connexions. Quand tu vas là-bas, d’une petite ville comme la mienne, tu choisis cette école pour y faire des rencontres, pour intégrer le cercle des musiciens. Tout se passe à Tallinn.

C’est la capitale?

Erki : Oui, en Estonie il ne se passe pas grand-chose ailleurs dans les autres villes parce qu’elles sont assez petites. Donc si tu veux devenir musicien professionnel c’est là qu’il faut aller. C’est ce que nous avons fait et c’est via cette école que nous nous sommes rencontrés. Nous n’y étions pas tous en même temps mais c’est ainsi que nous avons fait connaissance, et joué dans différents groupes ensemble. Kristjan, le batteur, jouait dans le groupe d’Ewert. J’ai joué avec Ivo dans un autre groupe, puis avec Kristjan aussi. Nous nous croisions à travers nos différents groupes. Et puis vers 2008, nous avons produit un album pour un chanteur estonien. Nous avons écrit pour lui, puis joué et enregistré. Le résultat nous a bien plu, c’est là qu’on s’est dit « pourquoi est-ce que nous faisons ça pour les autres ? Nous devrions le faire pour nous… et être un groupe ! ». C’est ainsi que nous avons commencé. Ewert, Kristjan et moi partagions un appartement depuis plusieurs années, nous étions donc colocataires mais nous n’avions jamais eu de groupe ensemble.

J’ai lu que vous étiez à l’origine un groupe de reprises?

Erki : C’est en partie vrai mais pas complètement. Nous n’avons fait qu’un seul concert de reprises, nous n’étions donc pas un groupe de bal ou quoi que ce soit de ce genre ! Quelqu’un nous a proposé de le faire alors nous lui avons dit… Oui, pourquoi pas ! Mais ce concert nous a aussi conduits à nous dire “pourquoi ne pas jouer notre propre musique ? »… Et c’est ce que nous avons fait !

EWERT AND THE TWO DRAGONS - Interview - Paris, mercredi 8 avril 2015Alors pourquoi Ewert and the “2” Dragons, vous êtes plus de trois dans le groupe?

Erki : Oui, en effet! En fait en Estonie nous sommes même quatre avec trois cuivres en plus, donc il faudrait s’appeler Ewert and The Six Dragons. Mais quand nous avons fait notre premier disque, “The Hills Behind the Hills”, nous étions trois : moi, Kristjan et Ewert. C’est pour ça que nous avons choisi ce nom, et nous avons enregistré ce premier album avant de donner notre premier concert. Nous avons fait un CD et puis voilà ! Mais ensuite, après le concert, nous nous sommes rendu compte que nous avions besoin de plus de monde pour jouer notre musique, mais nous avions déjà un nom.

Parle-moi un peu de Tallinn, la scène musicale y est-elle très active ? Il y a-t-il beaucoup de groupes comme le tiens qui pourraient avoir une carrière internationale ?

Erki : Oui, il y en a beaucoup. Il y a une très bonne scène électronique, et la musique classique est en plein essor en ce moment, mais il y a aussi toutes sortes de musiques Pop et alternatives. Il y a un programme le matin en Estonie où ils font jouer des groupes tous les jours. J’en découvre de nouveaux tous les jours et je me dis « Waouh ! Je ne connaissais pas celui-là avant ! ». Je ne suis pas trop allé en boîte de nuit ces derniers temps parce que j’ai un jeune enfant – j’ai fait un break ! – mais je sais que le festival Tallinn Music Week est respecté et internationalement reconnu. Et la scène musicale de Tallinn est vraiment, vraiment très bonne.

Et puisque vous êtes le seul groupe Estonien vraiment célèbre à l’étranger, est-ce que tu penses que vous avez un rôle à jouer pour représenter votre pays ?

Erki : Oui, d’une certaine manière. Nous sommes Estoniens et ce n’est pas une mince affaire pour nous de jouer par exemple en France et d’être attendus, d’avoir des gens qui nous disent « s’il-vous-plaît, jouez ce morceau-là ! ». Nous n’avons pas nécessairement besoin de le mentionner mais nous le faisons presque à chaque fois. Je pense que nous tirons pas mal de fierté de venir d’un petit pays lointain. Oui, c’est vraiment quelque chose dont je suis fier !

Et avez-vous déjà envisagé de chanter en Estonien ? C’est proche du Finnois, n’est-ce pas ?

Erki : Oui, c’en est proche, ce sont les deux seules langues qui se ressemblent comme ça. Mais pas avec ce groupe. Et ça n’a jamais été parce que nous avions établi que nous devions chanter en Anglais, mais les premières chansons sont venues ainsi naturellement, et c’est surtout une question de son. Je crois que la langue a beaucoup à voir avec le son également. Il s’agit de sonorités vers lesquelles nous nous dirigions depuis le début, en ayant grandi en écoutant des groupes comme les Beatles, les Rolling Stones et des millions de groupes britanniques et américains. Donc c’est une chose naturelle pour nous, bien que la chose la plus naturelle soit probablement de chanter dans sa langue maternelle, mais je crois que si nous avions commencé par chanter en Estonien nous ne serions pas là aujourd’hui. Il y a cette langue que j’aime appeler l’Anglais Européen, ça n’a rien à voir avec l’Angleterre ou les Etats-Unis, c’est juste une langue commune qu’utilisent les Européens pour communiquer.

Vous avez eu un sacré hit il y a deux ans avec ‘In The End There’s Only Love’, en France et bien au-delà, penses-tu que cette chanson en particulier a changé beaucoup d choses pour vous ?

Erki : Je pense que oui. Cette chanson et ‘Good Man Down’. Les choses ont commencé à se développer, et ce disque en général nous a emmenés vers plus d’endroits. Avec le premier album nous visions la Lettonie et la Lituanie et c’était déjà énorme pour nous, même si nous ne faisions que 200 kilomètres. ‘Good Man Down’ a vraiment élargi les frontières jusqu’à la Finlande, la Suède, puis la France, l’Allemagne et le reste de l’Europe. Donc je crois que cela nous a vraiment changés, notamment la vie que nous menions. Avant nous vivions chez nous et partions faire un concert le week-end en Lettonie, avec ensuite peut-être 2 semaines de libres, puis repartions en Lituanie ou en Finlande. Mais maintenant c’est…

A temps plein!

Erki : Oui! Et ça a duré très longtemps avec ‘Good Man Down’, nous passions la majeure partie de l’année loin de chez nous, ça a vraiment changé beaucoup de choses.

En France vous avez sorti ‘Good Man Down’ chez Talitres, un label indépendant français, et maintenant vous êtes chez Warner. Y-a-t-il une différence en terme d’attente du label, ou de liberté pour le groupe de jouer ou composer ce qui vous plait?

Erki : Pour la création nous avons une liberté totale. Personne ne nous dit ce que l’on doit faire. J’imagine qu’ils ont eux aussi leurs attentes bien sûr mais nous sommes un groupe, nous continuons à composer notre musique et nous écoutons leurs conseils s’ils en ont à faire. Donc nous sommes en charge de la musique et eux du reste!… Avec Talitres c’était très différent! Le label n’était constitué que d’une personne, Sean Bouchard. Nous avons appris à bien le connaître, c’est vraiment quelqu’un d’adorable et il a fait tout ce travail pour nous tout seul. Une seule personne! Et nous lui devons beaucoup. Nous sommes toujours en train de découvrir comment les choses se passent avec un gros label. Bien que nous ayons été signés depuis près de deux ans nous ne savons pas vraiment encore, nous n’avons pas encore tellement tourné avec ‘Circles’ alors nous en connaîtront les résultats bientôt. Ce n’est que le début.

Le nouvel album s’appelle donc ‘Circles’, peux-tu me parler un peu de son enregistrement, c’était aux Etats-Unis?

Erki : Oui, c’était assez similaire à l’enregistrement des autres albums en fait. Notre truc c’est de nous éloigner de chez nous. Nous avions l’habitude d’aller dans une résidence d’été dans la forêt en Estonie. Cette fois-ci nous sommes allés dans un village au milieu de la forêt aux Etats-Unis, ce qui était similaire, juste beaucoup d’arbres et un paysage magnifique, le calme, les animaux… L’idée venait du label, et lorsque cette occasion d’enregistrer là-bas s’est présentée nous avons répondu “Oui, bien sûr!”. La maison doit avoir 100 ans. C’est une vieille grange et dans les années 70 des hippies en ont fait ce qui est maintenant devenu un studio vintage, avec tout cet équipement, beaucoup de grandes pièces en bois pour enregistrer, et une belle expérience avec toute l’équipe sur place. C’est le genre d’opportunité que tu ne veux pas rater. Nous avons donc passé un mois là-bas à enregistrer, écrire et travailler nos chansons. Ça peut paraître long mais en fin de compte ça ne l’est pas parce qu’à l’inverse de chez nous où nous pouvions faire un break de deux jours si ça nous chantait avant de reprendre, il fallait que tout soit fait pendant le temps qui nous était imparti. Mais nous y avons pris beaucoup de plaisir, nous pouvions nous concentrer sur la musique et si nous avions besoin de nous reposer il y avait cette grande forêt autour de nous… C’était vraiment fun!

Et les nouvelles chansons sont arrivés juste après ‘Good Man Down’ ou cela vous-a-t-il pris du temps avant d’en écrire d’autres?

Erki : Eh bien avec ‘Good Man Down’ nous avons tourné, tourné, tourné… puis pris un court break avant de partir enregistrer aux Etats-Unis! Il y a une chanson, ‘Warhorses’ qui avait été écrite avant la création du groupe par Ewert. Nous avions essayé de la mettre sur ‘The Hills Behind The Hills’, puis sur ‘Good Man Down’ mais ça n’avait jamais marché, et enfin nous y sommes parvenus sur ‘Circles’. Le concept et le son du morceau convenaient bien. D’autres chansons venaient d’idées que nous avions eues sur la route en tournée, enregistrées sur un téléphone avant de commencer à les travailler dessus en répétition. Et puis il y a quelques chansons que nous avons écrites en studio, à partir de rien.

EWERT AND THE TWO DRAGONS - Interview - Paris, mercredi 8 avril 2015

Le titre ‘Million Miles’ est bien plus Rock que tout ce que vous avez fait auparavant. Est-ce une direction dans laquelle vous aimeriez vous engager?

Erki : Je crois que nous évoluons naturellement vers ce son. C’est un procédé qui a pris des années en fait. ‘The Hills Behind The Hills’ était plutôt acoustique. Enregistrer un disque c’est une chose mais lorsque tu le joues devant un public tu commences à te dire “Je crois que cette chanson marcherait mieux avec une guitare électrique en fait”. Donc tout a doucement évolué ainsi. Et les nombreux concerts que nous avons joués au fil des ans nous ont naturellement emmenés vers ce son. Ça n’a jamais été quelque chose que nous avons choisi.

Vous semblez donner beaucoup d’importance aux mélodies simples et directes. Peut-on en déduire que vous avez écouté beaucoup de groupes comme les Beatles qui semblent être une influence évidente sur certaines chansons?

Erki : Oui, c’est une grosse influence. C’est le premier groupe que j’ai commencé à écouter, ils me fascinaient. En Estonie nous n’avions pas de CDs jusqu’à un certain point dans les années 90. J’avais donc toutes les cassettes et quand les CDs sont arrivés ce sont les Beatles que j’ai achetés en premier. C’était d’ailleurs la première chose que tu pouvais acheter, même si ça remontait aux années 60! A l’époque il n’y avait pas Spotify ou quoi que ce soit du genre, ni la possibilité d’écouter la musique d’ici ou là-bas, donc on écoutait juste ce que l’on avait en CD. Et j’avais seulement les Beatles! Je ne les écoute plus aussi activement aujourd’hui, mais ça reste toujours en moi, je ne peux pas l’empêcher!

Ce n’est pas si mal comme éducation musicale!

Erki : Oui, plutôt très bonne!

Est-ce que le succès de votre précédent album a mis plus de pression sur vos épaules, ou au contraire est-ce une nouvelle motivation pour aller de l’avant?

Erki : Je pense qu’il y a de la pression, mais pas une pression qui te paralyse. Quand tu fais ton premier album et que tu n’as jamais joué devant un public tu n’en as pas du tout, tu n’as rien à perdre. Ton public est vraiment abstrait à ce moment-là parce qu’il n’y a encore personne en face de toi. “Voilà notre musique, à prendre ou à laisser!”. Mais après ‘Good Man Down’ nous avions un public en Scandinavie et en Europe centrale. Il s’est donc très étendu, c’est une grosse foule maintenant! Alors tu as cette pensée en tête, tu te dis “Je me demande ce qu’il attendant…. Si j’essaie ça que vont-il penser?”. Ce sont de nouvelles pensés qui te viennent à l’esprit que tu n’avais pas eu avant. Ce n’est peut-être pas de la pression mais du changement. Et les changements dans la vie apportent bien sûr une certaine forme de pression, mais toutes ces réflexions t’apportent tout un tas de nouvelles perspectives sur toi-même aussi… C’est intéressant!

Propos recueillis à Paris le 8 avril 2014

Un grand merci à Ewert & The Two Dragons, et à Florian Leroy pour avoir rendue cette interview possible.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de ‘Circles’ (2015)
Lire la chronique de ‘Good Man Down’ (2012)
La Flèche d’Or, Paris, mercredi 8 avril 2015
Festival Fnac Live, Hôtel de Ville de Paris, dimanche 22 juillet 2012

http://www.ewertandthetwodragons.com/
http://www.facebook.com/ewertandthetwodragons
http://twitter.com/ewert2dragons

Laisser un commentaire

Top