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SUNFLOWER BEAN – Interview – Paris, samedi 6 février 2016

SUNFLOWER BEAN - Interview - Paris, samedi 6 février 2016Sunflower Bean est un trio originaire de New York composé de Julia Cumming, Jacob Father et Nick Kivlen qui définit sa musique comme étant ‘Néo-psychédélique’. Il ne vous faudra pas longtemps pour comprendre le sens du terme, à mi-chemin entre un Rock hérité des grand classiques 70’s et d’autres influences plus actuelles. Nous sommes allés à leur rencontre à l’occasion de leur passage au Pop Up du Label à Paris, afin d’en savoir un peu plus sur ce groupe à part dont le premier concert parisien l’an dernier (en première partie de Best Coast) nous avait durablement marqués…

Ma première question est très simple, afin de vous présenter au public Français. Pouvez-vous me parler un peu de vous, d’où venez-vous, quand a commencé le groupe ?

Jacob : Nous avons grandi tous les trois à Long Island, une banlieue de New York, et nous sommes allés au lycée ensemble. C’est là que nous avons commencé à jouer ensemble, la dernière année. Il n’y avait alors que Nick et moi, nous avons rencontré Julia l’été suivant juste après le lycée, elle a rejoint le groupe et nous continuons en trio depuis lors.

Et quels sont les premiers groupes que vous avez commencé à écouter plus jeunes ?

Julia : Je pense que nos parents à tous les trois aimaient beaucoup la musique, ce que nous a donné l’opportunité d’écouter plein de choses, plutôt classiques en général, comme les Beatles, les Who, Pink Floyd…

Nick : Le tout premier album que j’ai eu c’est celui des Ramones.

Julia : Donc plein de choses différentes mais en venant chacun de familles très musicales.

Et d’où vient le nom Sunflower Bean, y-a-t-il une signification derrière cela ?

Nick : C’est vraiment venu comme ça, j’y ai pensé un soir. Je ne réfléchissais même pas à un nom de groupe, le nom m’est venu à l’esprit et ça nous plaisait bien.

Et ça vous va plutôt bien, parce qu’il y a déjà un côté plutôt psychédélique derrière ce nom.

Julia : Oui, c’est vrai c’est justement l’une des raisons pour lesquelles il nous plaît.

Est-ce qu’une expérience musicale en particulier vous a fait vous rendre compte que c’est vraiment ça que vous vouliez faire, comme un concert, un groupe, une rencontre ?

Jacob : Pour moi c’est le fait d’avoir vu beaucoup de groupes jouer dans divers endroits à New York quand j’étais adolescent. Les premières fois que j’ai vu ça je me suis dit que c’était vraiment possible de le faire, et notamment du Rock.

Nick : Je donnerais la même réponse que Jacob.

Julia : Oui, c’est ainsi que nous nous sommes rendus compte que nous pouvions faire du Rock. Ce n’est pas forcément facile de le savoir à l’avance, tu le découvres. Personne ne te dit comment être un musicien, il faut te construire toi-même. J’ai étudié la musique classique au lycée et je me disais que je deviendrais peut-être une chanteuse classique, mais je me suis rendue compte que ce n’étais pas ce que je voulais faire. Ou peut-être un jour !

Je vous ai découverts en concert en première partie de Best Coast l’année dernière. La scène est un élément qui a beaucoup d’importance pour vous ?

Nick : Oui, c’est super important ! Nous jouons tout le temps, plein de concerts…

Julia : Et nous composons tous ensemble, donc le procédé d’écriture est lui-même ‘live’. Nous avons enregistré l’album live et joué plus d’une centaine de concerts aux Etats-Unis entre 2014 et 2015. Donc quand nous avons enregistré le disque c’était presque un ralentissement pour nous par rapport à la scène.

SUNFLOWER BEAN - Interview - Paris, samedi 6 février 2016Et pour vous y-a-t-il une différence entre le public américain et européen ?

Nick : Ca dépend dans quelle ville tu te trouves.

Julia : Oui, nous avons passé de très bons moments ces derniers jours au Royaume-Uni. Nous avons joué à Brighton et Birmingham, c’était complet, puis à Londres le 18 février. Nous avons eu beaucoup de chance là-bas, ce soir à Paris c’est notre première date en dehors de cette tournée britannique. Tout dépend aussi du soir, si c’est un vendredi ou un samedi tout le monde sort pour s’amuser.

Et vous avez fait une session à la boutique Rough Trade de Londres, une expérience plutôt cool j’imagine ?

Julia : C’était la première fois que nous faisions une grosse séance de signatures. Ça nous arrive à la fin des concerts mais c’était la première fois que l’on voyait des gens faire la queue pour ça, et j’ai vraiment été étonnée, je ne pensais pas qu’autant de monde nous attendrait. Donc tout cela est vraiment excitant, il se passe de nouvelles choses chaque jour.

Et qu’est-ce que vous préférez en tournée, voyager ce n’est pas trop dur ?

Jacob : Oui, nous aimons voyager d’un endroit à l’autre et avoir la liberté d’être sur la route. Ça sonne peut-être un peu ringard ou insolent, mais, je ne sais pas… C’est une façon très bizarre de vivre mais c’est vraiment fun.

Julia : C’est bien de faire un concert tous les soirs ! C’est une vie très nomade. Tu vas quelque part, tu y joues, puis tu remballes, tu rentres chez toi et le lendemain tu recommences. C’est donc très particulier, tu ne peux pas prendre le temps de t’inquiéter de ce qui se passe chez toi. Il faut être dans l’instant présent.

Jacob : C’est comme une expérience condensée. Ce que tu vis en tournée tu le ferais normalement en 10 ans, et il faut apprendre à faire face à tout type de situation.

Pour en venir à votre style musical, vous êtes un peu en dehors du mouvement actuel des nombreux groupes Indés qui font le buzz en incluant par exemple des samples électroniques pour sonner « moderne ». Pensez-vous que c’est également une réaction à cela ?

Nick : Certainement oui. Quand nous avons commencé à Brooklyn il y avait tellement de groupes Post Rock ou Noise Rock que ça nous a donné envie de monter un groupe qui sonne plus ‘classique’, pas au sens de ‘vieux’, mais qui comprenne des choses que ne font pas les autres groupes, comme des solos de guitares, etc.

Jacob : L’idée de pouvoir jouer en expérimentant ou en improvisant nous plaisait bien, c’était différent.

Vous avez enregistré l’album avec le producteur Matt Molnar (Friends, Kissing Is A Crime, ndlr). Comment vous-êtes-vous rencontrés et comment s’est passée cette collaboration ?

Nick : C’était super, je le connais depuis quelques années maintenant, mais nous ne sommes vraiment devenus bons amis que depuis un an. C’est une grande source de connaissances et de sagesse. Il en connaît beaucoup sur la musique, sur cette industrie, son histoire et de nombreuses chansons, c’est un peu un dictionnaire ! C’était comme travailler avec un ami proche.

Julia : Et c’est quelqu’un de vraiment très gentil, il a produit plusieurs choses avant mais je pense que c’était un gros projet pour lui aussi. Il nous a mis à l’aise et a apporté beaucoup de choses à notre son auxquelles nous n’avions pas pensé, notamment pour le chant. C’était une très bonne expérience. Nous l’aimons beaucoup !

C’est intéressant de voir que le résultat est assez différent de votre précédent EP en fin de compte. Pensez-vous que votre façon de composer a également évolué au long de l’année passée ?

Jacob : C’est sûr, pour ‘Human Ceremony’ nous voulions plus nous concentrer sur l’écriture.

L’EP était très psychédélique en comparaison à l’album où l’on trouve des sonorités plus proches des années 80 et 90 également.

Nick : Oui, l’album est certainement plus éloigné des improvisations psychédéliques que l’EP.

Et par l’utilisation des effets aussi, notamment la pédale de chorus, qui est très présent.

Nick : J’adore mettre du chorus, c’est mon effet préféré !

Je m’en suis rendu compte !

Julia : Nous voulions essayer de nouvelles choses sur le disque, particulièrement après notre première sortie chez Fat Possum, « I Hear Voices / The Stalker ». On nous disait avant « vous êtes un groupe Heavy sur scène, pourquoi ne pas le faire sur disque ?» alors nous avons sorti ce single un peu dans la précipitation je trouve, nous n’en étions pas totalement satisfaits. A partir de là nous avons arrêté d’écouter ce que les gens disaient autour de nous. Enfin, à vrai dire nous n’avons jamais écouté les autres, mais tu as toujours envie de recevoir des conseils. Donc nous avons fait ce disque et nous l’avons envoyé au label tel quel, pas comme une démo, en leur disant ‘faites-nous confiance c’est ainsi qu’il doit sonner’.

SUNFLOWER BEAN - Interview - Paris, samedi 6 février 2016Et l’album aborde-t-il des thèmes en particulier ?

Nick : Je ne sais pas s’il y a un thème mais il y a une humeur, une atmosphère particulière qu’il est facile de reconnaître instantanément. Il n’y a pas de thème lié aux paroles. Il y a des thèmes récurrents, mais pas un en particulier qui définisse l’album.

L’album vient de sortir, quelles sont vos attentes ?

Nick : Je n’en ai absolument aucune idée ! Nous pouvons seulement espérer et nous tenir prêts, quoiqu’il se passe.

Je pense que les choses se présentent bien pour vous !

Nick : Oui, je crois que cette tournée est la meilleure que nous ayons faite. Nos trois premiers concerts étaient complets et il devrait y avoir du monde ce soir aussi. Nous sommes déjà heureux avec ça.

Vous êtes un groupe encore très jeune, est-ce que cela vous a rendu la tâche plus difficile au début, de percer dans l’industrie musicale ?

Nick : Nous avons tous commencé très jeunes donc ce fut relativement facile quand nous avons commencé le groupes parce que nous avions déjà pas mal de contacts, beaucoup de gens de la scène autoproduite New-Yorkaise.

Julia : J’ai eu mon premier groupe à l’âge de 13 ans et Nick & Jacob devaient avoir environ 14 ans. Donc nous savions un peu comment jouer des concerts.

Et il y a-t-il un conseil en particulier que vous aimeriez donner aux jeunes groupes qui débutent ?

Nick : Surtout de continuer à essayer, que tout cela demande beaucoup de travail et de pratique.

Jacob : Et de croire en soi.

Nick : Oui, de croire en soi, de prendre les choses au sérieux, mais pas trop quand même !

Pour finir, si nous revenons à cette influence psychédélique, auriez-vous aimé être un groupe dans les années 70 ?

Nick : Je ne sais pas… Ça devait être cool, il y avait certainement plus d’argent à gagner à l’époque !

Jacob : Mais il y avait probablement aussi moins d’opportunités.

Nick : C’est vrai que pour faire un disque à cette époque-là il fallait être vraiment bon.

Oui, en particulier les groupes qui ont précédé l’ère du Punk.

Nick : Oui, et l’arrivée de l’enregistrement à la maison aussi.

Jacob : Ça devait être totalement différent… pas d’emails, écrire des lettres !

Oui, imaginez, une tournée sans téléphone mobile, sans GPS…

Julia : Oui, et tu dois être bon dans tous les domaines aujourd’hui. Il faut être gentil, drôle, talentueux et doué sur les réseaux sociaux, maîtriser l’enregistrement à la maison, savoir utiliser Twitter, etc. Donc je pense que ça devait être bien, une époque où pour être musicien tout ce que l’on te demandait c’était de savoir jouer, d’y travailler dur, d’avoir un label qui s’occuperait de tout. Mais on veut toujours ce que l’on n’a pas. Toutes ces évolutions sont pourtant remarquables à leur façon, mais en définitive tu ne disposes que du temps qui t’est imparti, celui que tu es en train de vivre, donc il ne faut pas passer sa vie à espérer autre chose mais prendre les choses en main et foncer.

Propos recueillis à Paris le samedi 6 février 2016.

Un grand merci à Sunflower Bean, à Marine Armand pour avoir rendue cette interview possible ainsi qu’à toute l’équipe de Pias France.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de ‘Human Ceremony’

https://www.facebook.com/SunflowerBean
http://sunflowerbean.bandcamp.com/
https://twitter.com/Sunflower_Bean


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