CAROLINE ROSE – CATT – ANNABEL LEE – AILBHE REDDY – JEN CLOHER
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CAROLINE ROSE – The Art of Forgetting (Etats-Unis – New West Records – 24mars 2023)
Lorsqu’elle avait sorti son album « Loner » en 2018, Caroline Rose nous avait littéralement soufflés. Après des débuts Country Folk assez classiques, le personnage qu’elle incarnait sur cette album était un atout majeur dans la construction d’une œuvre singulière et décalée. Un concept qu’elle n’avait pas réussi à reproduire avec autant d’efficacité sur son successeur « Superstar » sorti en 2020. Aujourd’hui l’américaine laisse un peu l’humour noir de côté pour sortir une œuvre plus mélancolique et personnelle. L’autotune est mieux utilisé sur « Rebirth » qui bénéficie d’une construction solide et de variations de styles étonnantes entre Pop synthétique, chœurs balkaniques, et une guitare acoustique plus latine en arrière-plan. Si des chansons comme « Miami » aux couleurs plus Indie Rock semblent la placer dans la lignée d’Angel Olsen, Caroline Rose demeure une chanteuse inclassable qui entraîne ses auditeurs sur des terrains où on ne l’attend pas. Réfléchi et fûté, « The Art of Forgetting » qui se bonifie fortement au fil des écoutes et constitue probablement l’étape la plus ambitieuse de la carrière de Caroline Rose.
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CATT – Change (Allemagne – Listenrecords – 24 mars 2023)
Après avoir sorti en 2019 « Moon », un premier album qui posait les bases de sa Pop Folk séduisante, l’Allemande CATT est de retour avec un disque bercé d’espoir et tourné vers la lumière, avec sa pochette rouge et ensoleillée. Si l’album repose en grande partie sur la poésie et la force émotionnelle de ses chansons posées, parfait écrin pour sa très belle voix, notamment sur le jazzy « Seven Wishes », il bénéficie surtout de deux titres absolument imparables qui justifient à eux seuls le fait de se pencher sur cet album : l’hypnotique « Wild Heart » et sa mélodie récurrente qui accompagne le morceau du début à la fin, et la Pop 80s de « No One Ever Tells You ». Mais CATT, en multi-instrumentiste accomplie, a bien plus à vous faire découvrir ici. On entendra ainsi au détour de ses chansons le piano qu’elle maîtrisait déjà à merveille, mais aussi de beaux accompagnements de cuivres sur « Sow Motion Harmony ». Un album plein de charme, où Pop et Folk font bon ménage.
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ANNABEL LEE – Drift (Belgique – Howlin’ Banana Records – 17 mars 2023)
Groupe bruxellois formé en 2017, Annabel Lee est un power trio composé de la chanteuse et guitariste Audrey Marot, du bassiste Vankou et du batteur Hugo Claudel qui va ravir les nostalgiques des années 90. Avec un son de guitare saturée et des riffs joués à cent à l’heure, le groupe – qui titre son nom d’une poème d’Edgar Allan Poe – dégage une énergie communicative qui ne saurait cacher un talent d’écriture certain. Car les douze titres qui composent « Drift » ne sont pas si vite écoutés et oubliés. Ils vous restent en tête, longtemps, notamment « Kiss & Ride », « By The Sea » et son final décoiffant ou le vibrant Post-Punk de « High Anxiety ». Tout cela sent bon les Pixies, les Wedding Present et une esthétique du rock alternatif qui faisait des merveilles il y a 30 ans. Annabel Lee la fait renaître aujourd’hui avec un certain panache.
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Ailbhe Reddy – Endless Affair (Irlande – MNRK UK – 17 mars 2023)
Trois ans après son premier album « Personal History », l’Irlandaise Ailbhe Reddy est de retour avec un disque qui poursuit son exploration Indie Rock teintée de Folk sur « Endless Affair », un album inspiré par ses relations amoureuses et ses souvenirs éclatés d’innombrables soirées lorsqu’elle avait tout juste la vingtaine. Tel un constat de fêtes arrosées où l’on perd un peu le contrôle, « Shitshow » et « A Mess » ouvrent l’album avec panache. Mais l’album ne s’arrête pas à la chronique d’une soirée arrosée. L’artiste dévoile ses émotions et explore les aléas des relations humaines avec plus de recul et une approche musicale globalement plus Indie Folk, même si guitare, basse et batterie sont toujours de la partie. Ainsi, après un départ sur les chapeaux de roue, « Endless Affair » offre plus de relief dans sa seconde partie, plus de poésie aussi sur « Shoulder Blades ». Un album Indie Rock encore une fois très 90’s dans l’âme, aux allures de passage à l’âge adulte, même si Ailbhe Reddy demeure ‘the last to leave the party’ !
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JEN CLOHER – I Am The River, The River Is Me (Australie – Marathon Artists – 3 mars 2023)
« J’ai passé toute ma vie à essayer de trouver les pièces manquantes » : c’est ainsi que Jen Cloher entame « I Am Coming Home », le dernier titre de son nouvel album. Si son précédent disque arborait déjà un côté très personnel dans son aspect confidentiel, celui-ci sonne comme un retour aux sources. Un voyage au plus profond de ses racines qui suggère que l’on ne se sent pas chez soi grâce à un lieu ou une façon de vivre, mais par la communauté que l’on entretient. Inspiré par la lignée matrilinéaire Wāhine Māori de Jen Cloher, ce disque met en avant les autres, ceux qui l’entourent et la font avancer. Ainsi, au détour de titres posés viennent se greffer des chœurs Māori, une langue que l’on entend particulièrement peu en nos contrées, surtout dans un répertoire Pop/Rock. L’ensemble, très abouti, invite autant à la contemplation qu’à l’excitation provoquée par le plus rythmé « Being Human » et dégage, à l’image de sa pochette, une rare sensation de bien-être.
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