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PUMAROSA – Interview – Paris, mercredi 17 janvier 2018

Ça fait un bon bout de temps que cette interview traîne dans nos cartons, depuis le passage de Pumarosa en concert au Point Éphémère en janvier dernier. Un cruel manque de temps nous a obligés bien malgré nous à repousser plusieurs fois sa publication. Mais il n’est jamais trop tard pour parler d’un bon groupe ! Retour sur notre entretien avec Tomoya, le claviste du groupe, qui est revenu en détails sur la belle année qu’ils viennent de passer.

PUMAROSA - Interview - Paris, mercredi 17 janvier 2018

Peux-tu me parler un peu des origines du groupe ? Comment vous êtes-vous rencontrés, et quand avez-vous commencé à faire de la musique ensemble ?

Tomoya : Nous sommes de Londres, j’ai rejoint le groupe il y a environ quatre ans. Ma tante a un pub là-bas et elle avait l’habitude d’y faire jouer des groupes tous les mois, et un jour Isabel et Nick sont venus faire un concert et ils m’ont demandé de les rejoindre. Puis Jamie est arrivé peu après.

C’était donc juste le projet d’Isabel et Nick au départ ?

Tomoya : Oui, et Henry aussi qui était bassiste, mais il a quitté le groupe.

« Pumarosa » est un nom de groupe aux sonorités plutôt latines, est-ce lié aux origines sud-américaines d’Isabel ?

Tomoya : Oui, Isabel est à moitié chilienne, et son deuxième prénom est Rosa. Nous nous appelions Ada au début, mais je crois que c’était aussi le nom d’un groupe de Pop coréen, donc nous avons changé pour Pumarosa il y a deux. C’est aussi un type de fruit, comme une poire ou un avocat, mais je n’en ai jamais vu en vrai !

Donc une fois tous les membres du groupe arrivés, vous êtes partis peu après passer quelques temps en Italie, pour quelle raison ?

Tomoya : Nous étions juste partis pour deux semaines. Nous avons loué une camionnette que nous avons remplie avec nos instruments et du matériel d’enregistrement. Nous avons roulé jusqu’au sud de l’Italie et nous y avons découvert ce cinéma incroyablement vieux, construit dans les caves juxtaposées aux falaises qui longent le sud de la côte méditerranéenne. L’endroit était magnifique et le son incroyable, il avait été pensé pour l’acoustique d’un cinéma. Nous y avons enregistré beaucoup d’improvisations, mais nous avons aussi passé beaucoup de temps à aller nous baigner, profiter de la bonne nourriture, c’était bien, parfait même ! Dormir à la belle étoile en regardant les étoiles près de la mer…

Est-ce là que l’album a commencé à prendre forme ?

Tomoya : Non, pas vraiment. Notre premier album est plutôt constitué d’une collection de chansons composées sur une longue période. Nous avons enregistré certaines d’entre elles trois ou quatre fois dans des versions différentes. Ça nous a pris du temps de savoir comment nous voulions que notre musique sonne, puis de nous développer en tant que groupe et enregistrer. Certaines de nos chansons sont nées là-bas cependant, comme la face B de « Priestess » qui s’intitule « Original Sinna ». C’était une improvisation et tu peux y entendre le bruit d’un chien qui court et aboie dans la pièce.

Donc ces chansons ont finalement été dans l’ensemble plus influencées par votre temps passé à Londres ?

Tomoya : L’Italie a certainement fait une différence, mais lorsque nous sommes rentrés à Londres nous avons trouvé ça extrêmement difficile de rejouer les chansons composées là-bas, parce que nous sommes passés de ce grand espace près de la mer à un peu local de répétition, cher et bruyant, chaud et moite. Il n’y avait plus assez d’espace pour le son comme nous l’avions abordé là-bas. Je pense que tu t’adaptes naturellement à l’endroit où tu joues, non seulement la ville mais aussi la pièce dans laquelle tu te trouves. En tout cas ces difficultés sont l’une des raisons pour lesquelles il n’y a pas beaucoup de chansons de cette période sur l’album.

Vous avez ensuite travaillé avec Dan Carey avec qui vous avez enregistré « Priestess », comment s’est fait cette rencontre ?

Tomoya : Je crois que c’est notre manager qui lui a fait écouter notre musique et ça lui a plu. Il a voulu enregistrer « Priestess » avec nous, puis nous en avons fait un peu plus et avons fini par enregistrer tout l’album avec lui.

« Priestess » est d’ailleurs le genre de chanson qui capte bien l’esprit du groupe, une sorte de grand-messe chamanique.

Tomoya : Oh oui ! Tu peux me redire ça ?

Une grand-messe chamanique ?

Tomoya : Ah oui c’est bien !

Cette chanson en particulier a-t-elle défini le chemin à suivre pour la construction du reste de l’album ?

Tomoya : Oui, sans aucun doute, à tel point que d’autres chansons auraient probablement gagné à moins lui ressembler, elles l’ont beaucoup suivie dans la façon dont elles ont été enregistrées, même si l’album fonctionne comme un tout, nous en sommes très satisfaits !

C’est la sœur d’Isabel qui danse dans le clip de « Priestess », tout sa famille a eu une éducation artistique ?

Tomoya : Oui, sa sœur danse, son frère est un très bon pianiste et ses parents sont tous les deux des illustrateurs, c’est une famille artistique.

Et Isabel a dessiné la pochette de l’album ?

Tomoya : Oui, avant elle faisait aussi des décors de scènes.

Que représente ce dessin ?

Tomoya : C’est un peu comme pour « Priestess », l’artwork représente des figures féminines fortes. Je pense que ça lui est venu naturellement.

J’ai lu que vous décriviez l’album comme étant « industriel-spirituel », peux-tu m’en dire plus sur cette définition ?

Tomoya : Ce sont deux choses assez contrastées en fait. Et je crois que nous aimons ce type de combinaisons. C’est intéressant de voir l’influence de l’endroit où tu écris, lorsque tu es à Londres l’espace est bien plus industriel, tu prends le métro, tu respires cet air, et ce cycle monotone de la vie apparaît dans ta musique. C’est une expérience que l’on retrouve souvent dans les grandes villes. C’est assez facile de perdre de vue le côté spirituel de la vie, la compassion envers les gens, l’amour que l’on ressent les uns envers les autres. Dans le métro tu perds tout ça, tout le monde est grognon ! Alors qu’en Italie c’était évidemment beaucoup plus spirituel, mais il ne faut pas dire non plus que ce n’est plus là lorsque tu rentres à Londres. Et puis il y a des albums industriels incroyables que nous aimons qui expriment une certaine euphorie spirituelle.

Les expérimentations jouent un rôle important dans votre musique, comment composez-vous vos chansons, est-ce un effort commun ? On ressent beaucoup de variété entre les titres.

Tomoya : Nos goûts musicaux sont très variés. J’aime beaucoup quand l’un d’entre nous arrive avec des idées auxquelles je n’aurais jamais pensé. En ce qui concerne le fonctionnement, c’est Isabel qui écrit le plus souvent les paroles que nous essayons d’arranger ensemble ensuite. Mais d’autres fois les chansons naissent d’improvisations, ce n’est pas toujours pareil.

En tout cas vous n’avez pas peur des formats longs, des chansons de 7 ou 8 minutes ?

Tomoya : Non, pas du tout, c’est même trop court !

En revenant à l’aspect visuel du groupe, au-delà de l’artwork, il y a également les vidéos, tout cet environnement est très important pour le groupe ?

Tomoya : Oui, souvent tu vois un clip ça t’évoque un lieu et un endroit et je crois que c’est tout à fait le cas dans les nôtres, ils me rappellent vraiment ce que nous faisions à un moment donné et comment était notre vie et notre environnement alors. Tu ne t’en rends pas forcément compte en filmant, mais tu t’en aperçois après. Je pense que cette honnêteté envers soi-même est importante dans les vidéos, bien que celle de « Honey » soit un peu différente, elle ne nous implique pas en tant que personnes et correspond beaucoup plus aux paroles de la chanson.

Et pourquoi l’album s’appelle-t-il « The Witch » ? Cette chanson a-t-elle une valeur particulière pour vous ?

Tomoya : Oui, Isabel lisait un livre qui s’appelle « Caliban and the Witch », elle aime parler de figures féminines fortes, et pour faire court, cet ouvrage racontait l’histoire du sexisme. Des histoires comme celles de femmes traitées de sorcières et brûlées sur le bûcher au Moyen-Age lorsqu’elles ne se conformaient pas aux mœurs.

Vous avez connu une grande année 2017, l’album a reçu un excellent accueil, vous avez tourné aux US et au Japon, quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?

Tomoya : Je n’arrive pas à réaliser que nous soyons allés dans tant d’endroits ! J’adore tourner et faire des concerts et nous en avons fait tellement que je n’ai même pas l’impression d’avoir fait tellement de musique, parce qu’à part faire des concerts le soir, tu passes le reste de ta journée à tout remballer et conduire. J’ai hâte de me remettre à faire des improvisations et des compositions avec le groupe. Nous avons connu une grande année, mais j’ai vraiment envie de m’y remettre !

Propos recueillis à Paris le mercredi 17 janvier 2018.

Un grand merci à Pumarosa, à Lisa Chappot pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Caroline International France.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de « The Witch » (2017)
Le Point Ephémère – Paris, mercredi 17 janvier 2018 : galerie photos

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