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ARCADE FIRE – The Suburbs (2010)

ARCADE FIRE - The Suburbs (2010)1. The Suburbs
2. Ready to Start
3. Modern Man
4. Rococo
5. Empty Room
6. City With No Children
7. Half Light I
8. Half Light II (No Celebration)
9. Suburban War
10 Month of May
11 Wasted Hours
12 Deep Blue
13 We Used to Wait
14 Sprawl I (Flatland)
15 Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)
16 The Suburbs (continued)

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Date de sortie : 2 août 2010 / Label : Merge Records / Pays d’origine : Canada

Enfin le voilà… Dire que le nouvel album d’Arcade Fire était très attendu est un euphémisme. Rarement un groupe n’aura suscité autant d’intérêt, et atteint le statut de ‘culte’ en l’espace de 2 albums seulement qui, il faut bien l’avouer, sont à la hauteur de leur réputation : la verve de ‘Funeral’ et la beauté solennelle de ‘Neon Bible’. Deux réussites totales… Alors, Arcade Fire allait-il confirmer le bon vieil adage ‘jamais deux sans trois’?

Et bien oui… et non… Il faut bien comprendre que l’on n’aborde pas un nouvel album d’Arcade Fire comme celui de n’importe quel autre groupe, attente et degré d’exigence étant tellement énormes, on n’ose imaginer la pression sur leurs épaules. De ce point de vue, ils ont probablement fait le disque que l’on attendait d’eux, en adaptant leur musique à leur renommée mondiale, sans pour autant sacrifier leur qualité d’écriture.

Pourtant, l’accueil des fans risque de s’avérer plus mitigé, ce fut d’ailleurs notre première réaction, car cette fois-ci, Arcade Fire semblait être devenu un groupe ouvert à tous, plus direct, plus accessible, en somme moins mystérieux. C’est un peu ça le problème de ‘The Suburbs’. D’un côté ils n’ont jamais semblé aussi inspirés et surtout prolifiques, avec cette fois-ci 16 titres au compteurs, mais d’un autre on a l’impression que leurs nouveaux titres sont presque trop faciles, trop immédiats, taillés pour les stades, comme s’ils étaient en phase de devenir les nouveaux Coldplay. On est donc très étonné d’entendre d’emblée ‘The Suburbs’, un titre au rythme presque enjoué par rapport à ce qu’on a connu jusque-là, qui tranche radicalement avec ‘Neon Bible’, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils soient soudainement tombés dans une Pop légère car les textes ne le sont pas, leur écriture est au contraire d’une rare profondeur. Tout tourne donc cette fois-ci autour des banlieues, celles où ont grandi Win Butler et ses complices. Le flamboyant ‘Ready To Start’ n’a rien d’une comptine et ses paroles, plutôt abstraites, seront sources de nombreuses interprétations, et ce constat peut s’appliquer à la plupart des titres de l’album.

On en oublierait presque que ces deux morceaux sont superbes. Mais – sont-ce leurs banlieues qui diffèrent tant les unes des autres? – c’est leur enchaînement qui pose plutôt problème, comme s’ils s’agissait là d’une collection de singles qui ne parviennent pas toujours à trouver la fluidité nécessaire pour faire de ce disque une oeuvre aussi captivante que les deux précédentes, malgré la qualité certaine de presque tous les morceaux. ‘The Suburbs’ fait donc un peu le « grand 8 »: la tension monte et redescend, mais l’attention aussi. Il faut attendre ‘Rococo’ pour que l’on retrouve le groupe tel qu’on l’a connu, épique, magique, insaisissable. Puis viennent quelques belles envolées au violon en guise d’ouverture du plus rythmé et noisy ‘Empty Room’, où l’on retrouve enfin au chant la voix de Régine Chassagne, un peu plus présente. Son rôle semble avoir un peu changé d’ailleurs, car on l’entend moins, et on le regrette un peu. Si celle-ci assure les choeurs tout au long du disque, on ne l’entendra qu’assez peu au centre des chansons: un peu sur ‘Half Light I’ et ‘Half Light II’, et surtout sur le très inattendu ‘Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)’ ou Arcade Fire se met à ressembler à Blondie. C’est réussi, mais assez caractéristique de cet album où les titres s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. C’est aussi le cas de ‘Month Of May’ qui lorgne clairement vers le Punk sans parvenir à nous convaincre. Pour revenir à Régine Chassagne, on aurait tant aimé qu’elle nous rechante un morceau à la puissance émotionnelle aussi forte que ‘In The Backseat’, mais une page s’est aujourd’hui tournée.

Sur la grande majorité du disque Win Butler se retrouve donc seul (ou presque) au chant, et sait en tirer profit, comme sur le mélancolique ‘Suburban War’. Ca devient vraiment très poignant sur ‘Deep Blue’, où celui-ci nous invite aussi bien à nous retourner vers le passé qu’à nous arrêter dans cette course effrénée que sont devenues nos vies :

« Hey
Put the cellphone down for a while
In the night there is something wild
Can you hear it breathing?
And hey
Put the laptop down for a while
In the night there is something wild
I feel it, it’s leaving me »

Au-delà de la réflexion du texte (à découvrir cependant ans son intégralité), la mélodie de guitare qui accompagne le couplet final est particulièrement vibrante, musicalement ce morceau est tout simplement somptueux.

Malgré son apparente simplicité, ce disque est forcément bien plus complexe et varié q’il n’y paraît, chaque écoute dévoilant de nouvelles surprises. On insistera toutefois sur le sens des paroles, leur intelligence, leur pertinence, car leur lecture et leur interprétation vous permettront sans aucun doute d’écouter cette oeuvre d’une autre oreille, plus attentive et curieuse, plus indulgente et compréhensive aussi. Mais voilà, il y a 16 titres sur ‘The Suburbs’ et c’est long… Trop long pour permettre à Arcade Fire de nous offrir un 3ème album aussi cohérent et réussi de bout en bout que ses prédécesseurs, mais suffisamment pour y trouver quelques grands moments de musique (et de bonheur!) et de nous rappeler que c’est toujours un groupe hors norme, même s’il faudra compter cette fois-ci sur plus de critiques.

Titres conseillés : The Suburbs, Ready To Start, Rococo, Suburban War, Deep Blue, We Used To Wait, Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)

Pour plus d’infos:

Le Casino de Paris, lundi 5 juillet 2010 : compte-rendu / galerie photos
Lire la chronique de ‘Neon Bible’
Lire la chronique de ‘Funeral’

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