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METRIC – Interview – Paris, jeudi 15 octobre 2015

Avec plus de 15 ans de carrière à son actif, Metric est un groupe qui n’a cessé d’essayer d’évoluer en faisant cohabiter avec réussite son amour du Rock à guitares et des claviers. C’est aujourd’hui la facette la plus électronique des Canadiens qui prend le dessus, avec un album aux sonorités 80’s qui rend hommage aux pionniers du genre. Nous avons profité de la venue de Metric au Bataclan pour nous entretenir avec Emily Haines et Jimmy Shaw, qui nous ont parlé de la genèse de cet album mais aussi longuement de leur position dans l’industrie musicale d’aujourd’hui.

METRIC - Interview - Paris, jeudi 15 octobre 2015

J’écoute Metric depuis déjà plus de 12 ans, et j’ai toujours eu l’impression que vous étiez un groupe à deux visages, entre le combo Indie Rock à guitares plutôt classique et une facette plus électronique. Aujourd’hui il semble que l’électronique ait pris le dessus sur les guitares. Pouvez-vous me résumer le processus qui vous a conduit vers ce disque ?

Emily : Merci de nous écouter depuis tant d’années ! Je pense que tu as raison. Nous avons toujours essayé à travers l’écriture de trouver le bon équilibre en les deux, que ce soit le côté organique du son des guitares ou l’électronique que nous aimons beaucoup également. Et pour la toute première fois nous avons décidé d’ouvrir ce procédé d’écriture, notamment en tant que co-auteurs avec Jimmy, afin que l’on puisse voir clairement ces deux côtés au lieu d’avoir tout placé au centre. C’est une vision qui a donné naissance à deux albums, et ‘Pagans In Vegas’ en est le premier volet. Comme tu l’as remarqué nous nous sommes lancés dans une voie purement électronique. A partir du moment où ça marche nous n’avons pas besoin de mettre des guitares juste parce que nous sommes Metric. Soit dit en passant personnellement j’adore les guitares sur ‘Pagans In Vegas’. Mais lorsque Jimmy qui est à la fois producteur et guitariste te dit « Je n’ai pas envie de jouer de guitare », alors tu lui réponds « OK pas de problème on va essayer autre chose ! ». Cet album résume d’une façon très pure notre amour pour ce genre de musique, notre état d’esprit et les possibilités acoustiques qu’il nous offrait. Le disque suivant qui arrive l’année prochaine en est l’exact opposé. Il a été enregistré en une seule prise dans la même pièce par tout le groupe, aucun synthé, et les chansons ressemblent beaucoup plus à mon album solo, conduites au piano, orchestrales, cinématiques. Et ça aussi c’est très différent de ce principe de tout mettre au milieu auparavant. Notre idée derrière tout ça en tant qu’artistes est de continuer à attirer nos auditeurs et d’évoluer, de ne pas nous répéter et de tout rendre de plus en plus intéressant et passionné et en fin de compte de créer la meilleure expérience scénique possible. C’est le rêve que nous vivons depuis 15 ans et nous ne sommes pas sur le point de nous arrêter.

Avez-vous considéré sortir l’ensemble sous la forme d’un double album ?

Emily : Oui nous y avons pensé mais ça nous paraissait très démodé. Pour moi « Pagans » est un album vraiment très fun sur lequel j’ai pris beaucoup de plaisir. Il est surtout né du travail de Jimmy en studio avec tous ses synthés analogiques et de son style d’écriture. J’arrivais alors et j’essayais de m’exprimer sur des idées qu’il avait lancées. En revanche l’autre album est surtout parti de moi. Il est plus sombre, introspectif, c’est beaucoup plus mon univers ! Je voulais donc profiter de « Pagans In Vegas » pour ce qu’il est, c’est-à-dire quelque chose de vraiment très fun, et il reste ensuite cette autre perspective que tu découvriras avec le second disque. Je pense que c’est une expérience artistique intéressante à essayer, et pour nos auditeurs également.

Avant l’album tu es allée au Nicaragua, et je me souviens qu’avant « Fantasies » tu étais allée en Argentine. L’Amérique du Sud joue-t-elle un rôle de refuge pour toi ?

Emily : Je suppose que oui, ça en a l’air non ? C’est un exil que je m’impose et qui marche pour moi. Dans le cas de Jimmy son exil c’est le studio qu’il a construit. Il a construit son propre échappatoire, ce qui n’est pas le cas pour moi, donc il faut que je m’en aille aussi loin que possible de moi-même. Il ne s’agit pas de m’éloigner des autres mais bien de moi-même. Et je ne sais pas trop pourquoi mais je préfère effectivement l’Amérique du Sud.

« Pagans In Vegas » sonne comme un hommage aux pionniers du genre : Kraftwerk, Depeche Mode, New Order… Etait-ce là votre intention?

Jimmy : Oui, c’est arrivé naturellement. A chaque fois que nous jouions ces références étaient clairement là, alors au lieu d’essayer de les cacher je pense que nous les avons accentuées. C’était une décision consciente, pour la simple et bonne raison que nous trouvions ça cool de le faire. Nous voulions rendre hommage à ces groupes qui nous ont influencés. J’ai grandi en écoutant leur musique, pour moi c’était la bonne chose à faire, et le bon moment.

L’introduction de ‘For Kicks’ ressemble beaucoup à The Cure, avant qu’Emily ne commence à chanter on pourrait vraiment croire que c’est une chanson d’eux.

Emily : Oui, super, mission accomplie !

Jimmy : C’était tout à fait l’idée !

METRIC - Interview - Paris, jeudi 15 octobre 2015Jimmy, est-ce que ton rôle en tant que guitariste a changé pendant l’enregistrement de l’album ?

Jimmy : Je crois que j’ai toujours aimé l’idée de fixer des règles lorsqu’il s’agit de faire de l’art. Quand il n’y a pas de règles tu peux faire ce que tu veux, comme tu veux, tu peux utiliser toutes les technologies disponibles, et c’est parfois difficile d’avoir juste une idée originale. Comme ce film au Danemark…

Emily : Ah oui, le film de Lars Von Triers ? Comment ça s’appelle déjà … Quand ils ont tourné le film «The Celebration » (qui est bien un film danois intitulé « Festen » ici, mais de Thomas Vinterberg, ndlr)

ils ont entamé ce courant de pensée qui consistait à respecter des règles bien précises.

Jimmy : Par exemple ils ne pouvaient filmer que sous une lumière naturelle.

Emily : Oui, c’était un manifeste pour obtenir un résultat bien précis, une fois que tu élimines certains lieux et plusieurs techniques de tournage. Je ne me souviens plus comment ça s’appelle, mais c’est ça l’idée !

Jimmy : Pour l’enregistrement du disque, je ne voulais utiliser qu’une seule guitare, un seul ampli. Je ne voulais pas jouer beaucoup de styles différents. J’ai essayé de ne pas jouer d’accords à la guitare sur le disque. Il n’y en a pas, juste des mélodies jouées sur une seule corde. C’est l’identité de ce projet, de ce temps, de ce disque, de cette musique, de ce groupe, au lieu de se dire « Oh tiens il y a un morceau plutôt Jazz et aussi un titre Punk… ». Cette identité unique me paraît plus intéressante.

Et tu chantes également pour la première fois sur ce disque, c’est une chose que tu voulais faire depuis longtemps ?

Jimmy : Non, pas du tout !

Emily : Les autres y pensaient depuis longtemps pourtant ! Ils adorent quand Jimmy chante !

Jimmy : Je n’aime pas chanter…

Emily : Eh bien tu aimes ça maintenant !

Jimmy : Ça ne me gêne plus maintenant. Emily et moi avons chacun apporté notre contribution à cet album, moi en studio avec l’électronique, et Emily avec ses chansons. Je ne pense pas que nous savions que nous étions en train d’écrire deux disques de Metric. Nous écrivions parce c’est notre boulot. Donc j’ai composé cette chanson et j’en ai aussi écrit les paroles. Ce n’était pas dans l’intention de dire « Je vais chanter maintenant, l’heure est venue de me révéler au monde ! ». J’ai juste écrit une chanson, et lorsque nous avons terminé le disque nous avions besoin d’un morceau en plus et les autres m’ont dit « on devrait faire celle où tu chantes ». Je me suis dit (il prend un ton ironique, ndlr)

« Oh … Maintenant il va falloir que je prenne soin de ma voix, je ne peux plus faire la fête jusqu’à 6 heures du matin en tournée, je ne peux plus fumer avant les concerts »…

Emily : Tu es un chanteur maintenant !

Jimmy : Tu vois… Tout ça juste pour une chanson, un gros sacrifice !

Emily : Tu chantes aussi sur « Fortunes », alors t’as intérêt à ne pas la foutre en l’air !

Jimmy : Elle m’apporte du thé dans la loge…

Emily : Les temps changent !

Jimmy : C’est une nouvelle ère !

Vous avez choisi d’appeler cet album ‘Pagans In Vegas’, j’ai l’impression qu’il y a derrière ce titre un sentiment de ne pas être à votre place, musicalement au regard de ce que vous faisiez auparavant, ou tout simplement par rapport au monde dans lequel vous vivez ?

Emily : Oui, as-tu déjà entendu l’expression ‘casino capitalist’ ?

Non…

Emily : J’ai entendu Bernie Sanders le dire l’autre jour pendant un débat. (Ndlr : Bernie Sanders est un sénateur américain candidat aux élections présidentielles de 2016, sans étiquette politique bien que plutôt apparenté au parti démocrate. Il se définit comme ‘socialiste démocrate’). J’avais déjà entendu cette expression mais pas de la part d’un homme politique. Mais d’abord et avant tout, j’aime la sonorité de ce titre, c’est effronté, et nous avons même des fans à Paris qui en ont fait une version intitulée « Vegans in Paris ».

Jimmy : Je ne suis pas sûr qu’ils soient à Paris, je crois qu’ils sont américains…

Emily : Ah non ? J’ai envie qu’ils y soient! Je vais faire comme si…

Jimmy : C’est possible, j’ai peut-être tort.

Emily : En tant que parolière, le titre de l’album me revient, mais c’est un procédé où chacun a son mot à dire. J’aime l’idée que le terme « païen » désigne une certaine forme d’humanité naturelle, parce que je n’ai que de bonnes choses à dire au sujet de ce mot, il n’a pour moi aucune connotation négative. L’instinct humain naturel, avant d’intégrer cette culture du ‘casino capitaliste’ qui récompense uniquement l’avidité, qui pousse à gagner coûte que coûte. J’ai l’impression que c’est ça, être un humain et un artiste en 2015. Il y a la tentation de suivre cette métaphore, d’évoluer seulement avec les gens que nous connaissons et la tribu dont nous faisons partie, de trouver une place en sécurité dans ce monde. Mais nous continuons à nous ouvrir au monde, culturellement, physiquement, financièrement, ce qui implique une grande prise de risques au niveau personnel. Nous gérons notre propre société, sans filet, donc nous sommes littéralement des païens dans ce casino économique global et massif. Essaie de t’imaginer Bigfoot devant une machine à sous, voilà comment je me sens en tant qu’artiste en 2015. C’est l’origine du titre, mais comme je le disais j’aime la sonorité de cette phrase, je l’avais écrite et elle a tout simplement grandi avec l’album, le reste des paroles, la scène, l’artwork, tous ces éléments sont imbriqués. Ce n’est pas un grand concept mais c’est une idée cool qui nous a apporté beaucoup de positivité et d’énergie. Au bout du compte il s’agit de donner au monde le meilleur concert possible.

D’une manière plus générale, il semble qu’il est important pour vous de sortir de votre zone de confort pour continuer à évoluer, écrire, composer ?

Emily : Oui, c’est malheureusement vrai !

Jimmy : C’est comme ça pour tous les artistes cependant. Quand les grandes œuvres d’art naissent-elles du confort?

Emily : Mais il y a des gens que j’aime qui font toujours la même chose, ils trouvent leur créneau, et c’est aussi le cas pour nous, mais nous nous efforçons de sortir de ce modèle. Et nous nous retrouvons toujours dans une position où il y a des gens qui n’ont jamais entendu parler de nous, si to ego peut le supporter c’est formidable.

Particulièrement après 15 ans de carrière.

Emily : Oui c’est génial, si quelqu’un te dit qu’il ne connaissait pas le groupe auparavant tu peux lui répondre « bienvenue ! ».

Là où vous semblez cependant rester dans votre zone de confort, c’est le studio Giant qui appartient à Jimmy où vous avez enregistré vos trois derniers albums. Est-ce un bon endroit pour travailler, composer et enregistrer ?

Jimmy : C’est bien et c’est dangereux à la fois, et c’est lorsqu’on est à l’aise que ça devient dangereux, parce qu’il n’y a jamais de limite de temps. Il n’y a rien qui te pousse à finir les choses. Il faut faire attention à ça.

Emily : Comme lieu d’écriture c’est super parce que tout est là. Tu peux y faire un disque en haute qualité audio de A à Z, mais en y réfléchissant bien, a-t-on vraiment envie d’écrire des chansons dans un studio commercial ?

Jimmy : Non, en effet. Mais pour le prochain disque qui arrive nous avons enregistré dans un autre studio pour la première fois depuis des années. C’était très rafraîchissant pour nous parce qu’il y avait une limite de temps, de l’inconfort, des périodes d’ajustement où il fallait faire les choses très vite comme se sentir suffisamment à l’aise pour jouer une chanson en 10 minutes parce que nous n’avions qu’une demie heure. Et c’est bien, ce fut positif pour nous.

J’ai lu dans un article que le studio était hanté ?

Jimmy : Giant ? Oui, il est un peu hanté. Il se passe quelque chose sur le côté gauche des deux consoles, le bouton de volume descend à zéro tout le temps, donc on ne peut rien entendre sur l’enceinte de gauche et personne n’est parvenu à trouver ce qui pouvait causer ça. On a fait deux révisions complètes et il n’y a rien ! Et le problème est revenu après avoir réinstallé les consoles. C’est très étrange, mais ça arrive seulement à certaines personnes, pas à moi.

L’album est évidemment sorti en CD et vinyle, mais j’ai cru comprendre qu’une version cassette est également sortie, pourquoi avez-vous fait ce choix ?

Emily : Mon frère a un magasin de disques et il m’a dit que pour les jeunes qui commencent à écouter ou à faire de la musique le vinyle c’est déjà fini, qu’ils considèrent que c’est pour les parents. Ils reviennent aux cassettes, c’est moins prétentieux, moins « hipster ».

Et c’est moins cher…

Emily : Oui, ça ne fait aucun doute, et c’est super pour enregistrer si tu as une petite console 4 pistes. Ils peuvent faire de la musique et la partager avec leurs amis sans avoir besoin d’être en ligne. Et je crois que le procès intenté aux cassettes critiquant leur qualité audio secondaire c’était avant de connaître les mp3s. En ce qui concerne le débat sur la qualité audio, il nous a fallu accepter cette dégradation du son, aussi bien pour les musiciens que les auditeurs. De ce point de vue la cassette n’est pas si mauvaise, c’est plutôt charmant. Donc nous avons sorti l’EP « The Shades » l’été dernier accompagné d’un code de téléchargement de l’album. Et puis nous avons aussi sorti un coffret Deluxe de l’album nommé « Time Capsule » qui contient également des cassettes et d’autres goodies.

Parlons un peu de votre tournée. Vous avez récemment assuré les premières parties d’Imagine Dragons qui est un gros groupe, assez différent du vôtre. Comment avez-vous vécu cette expérience, de jouer devant de grandes foules qui ne connaissent pas nécessairement Metric ?

Emily : C’était super ! Dans notre monde à nous nous avons pas mal de succès auprès de nos amis, nos familles, au sein de « notre culture ». Mais ces gars-là, qui sont d’ailleurs très généreux et sympas de nous avoir invités sur cette tournée évoluent à un tout autre niveau de succès mainstream que je n’avais jamais vu auparavant. Nous avons joué avec les Rolling Stones, avec Muse, mais là c’était vraiment d’un autre niveau. Et c’est la meilleure chose qui ait pu nous arriver, parce que ça nous a rappelé que nous sommes un groupe d’Art Rock, des marginaux, des ‘weirdos’ ! Au milieu de la réalité de cette culture mainstream Nord-américaine, ça nous a révélé que nous sommes un véritable freak show ! Et ça, c’était SUPER ! Et quand tu parlais de sortir de notre zone de confort, c’était vraiment effrayant et bizarre, il y avait des gamins de 7 ans et des gens de 50 ans qui n’avaient pas la moindre idée de qui nous étions, il n’y avait aucun lien. Mais nous avons réussi à trouver la bonne attitude en leur disant « nous sommes heureux de vous rencontrer ! » et nous sommes sortis de cette tournée revigorés par le fait de savoir que personne d’autre ne fait ce que nous faisons.

Et c’était un bon moyen de tester les nouvelles chansons.

Emily : Exactement. Tester les nouvelles chansons, développer notre prestation scénique et se remettre en selle, parce que nous n’avions plus fait de concerts depuis environ deux ans. C’était une bonne façon de dire « nous sommes de retour » et avec 20 000 personnes devant nous, nous nous sommes dit « allons-y ! ».

Au sujet de votre propre label, que vous dirigez depuis « Fantasies », est-ce que cela se passe bien ? Ces dernières années vous ont-elles convaincues que c’était la bonne décision à prendre ?

Jimmy : C’est ce que c’est… Nous avons décidé qu’il valait mieux avoir notre propre liste de problèmes avec notre label plutôt que celle que nous aurions eu avec une Major. Il n’y a pas de situation parfaite. C’est une toute petite société, nous n’avons pas beaucoup de ressources. Imagine que nous ayons une chanson capable de se retrouver N°1 des charts, elle n’y arrivera jamais parce que nous n’avons pas les moyens de l’amener là. Et les gens qui font qu’une chanson passe de la 100ème place à la première ne choisiraient jamais la nôtre, parce que s’ils le faisaient, ça prouverait qu’on n’a pas besoin d’eux pour y arriver. Tu vois ce que je veux dire ? D’une certaine manière nous nous sommes organisés pour être totalement autonomes ‘en dehors du Top 20’, et on ne peut pas y faire grand-chose. En 2009 c’était un peu différent. Maintenant il reste tellement peu d’argent que les gens qui y ont accès ont verrouillé le système et ne laissent personne entrer. Il y a de bons côtés à ça, nous prenons en charge notre propre carrière, nous prenons toutes les décisions. Mais l’inconvénient de ne pas avoir toute cette machinerie derrière toi c’est que ça ne te permettra pas de monter plus haut.

METRIC - Interview - Paris, jeudi 15 octobre 2015

En revanche c’est une bonne façon de garder une certaine proximité avec vos fans.

Emily : Oui, sans aucun doute, et je pense que c’est une chose qui ne disparaîtra jamais, car c’est la chose à laquelle nous accorderons toujours beaucoup d’importance. Il ne saurait donc en être autrement, mais il y a de quoi se sentir également isolé parce que quand nous avons fait ce grand bond en 2009, il y avait beaucoup plus d’optimisme dans l’industrie musicale. Internet apparaissait comme une opportunité pour démocratiser les choses avec plus de musique indépendante. On avait le sentiment qu’une passation de pouvoirs était en cours, et ça a effectivement changé de mains… juste au-dessus de nos têtes, des Majors à la Silicon Valley !

Jimmy : Le pouvoir est passé de vieux pseudo-riches qui ne savaient plus comment avancer à des jeunes incroyablement riches qui n’en ont rien à f*** de la musique !

Emily : Exactement ! Et nous sommes toujours là, à jouer des concerts complets et passer un excellent moment ! Pagans In Vegas !

Les chroniques de votre nouvel album ont été plutôt divisées en raison de cette nouvelle direction musicale. Prêtez-vous attention à ce que dit la presse et avez-vous déjà appris quoi que ce soit de ce que l’on écrit sur vous ?

Emily : Je ne lis pas vraiment les chroniques d’albums. Je relis parfois les interviews parce que je respecte ceux qui écrivent. Depuis le début de notre carrière les critiques ont toujours été les mêmes, comme beaucoup de choses c’est un éternel recommencement que nous acceptons comme d’autres aspects de notre carrière. Il y a des gens qui ne supportent pas de ne pas pouvoir nous mettre dans une boîte et je n’imagine pas cela changer, parce que pour être un produit parfaitement packagé qui plairait à la fois au public Underground et Mainstream je sais quelles concessions on nous demanderait de faire, et c’est tout simplement hors de question (« No fucking way ! » nous dit-elle, ndlr). Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent, je crois que la plupart de nos fans nous disent « je déteste les chroniqueurs ». Tout ce qu’ils font c’est détruire le disque. Tu l’aimes et il y a des gens qui passent leur temps à écrire que ça ne vaut rien. En 2015 le chroniqueur d’albums doit être la seule personne qui gagne moins d’argent qu’un musicien. Donc nous ne les lisons pas, j’imagine qu’ils ont leur utilité, mais ce qui m’intéresse ce sont les interviews et surtout les conversations avec nos auditeurs et les gens qui s’intéressent à la culture. En fait je ne lis même pas les articles positifs.

Hum, en ce qui me concerne j’écris surtout des chroniques positives…

(Rires de Jimmy et Emily)

Jimmy : Oh ! J’imagine qu’il y a une place pour les critiques, ce n’est juste pas pour moi!

Finalement c’est la musique qui compte !

Emily : C’est ça ! Et si les gens viennent à nos concerts et passent un très bon moment, alors je sais que nous faisons ce qu’il faut.

Propos recueillis à Paris le jeudi 15 octobre 2015.

Un grand merci à Emily Haines et Jimmy Shaw de Metric, ainsi qu’à Estelle Ngantchou pour avoir rendue cette interview possible, ainsi que toute l’équipe de la Mission.

 

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de ‘Pagans In Vegas’ (2015)

Le Bataclan, Paris, jeudi 15 octobre 2015

‘Synthetica’ (2012)
‘Fantasies’ (2009)
‘Live It Out’ (2005)
‘Old World Underground, Where Are You Now ?’ (2003)

Interview, Paris, le lundi 23 mars 2009

Le Trianon, Paris, mardi 3 juillet 2012 : galerie photos
La Maroquinerie, Paris, Jeudi 9 juin 2005 : compte-rendu / galerie photos

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