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ST. VINCENT – Interview – Paris, vendredi 24 juin 2011

Depuis la sortie de ‘Marry me’ il y a quatre ans, Annie Clark, plus connue sous le pseudonyme de St. Vincent, s’est peu à peu fait une place à part dans le petit monde des Indés. Originale, aventureuse, assurément décalée, mais aussi perfectionniste, celle-ci nous dévoile aujourd’hui les dessous de son nouvel album, ‘Strange Mercy’, qui succède à l’audacieux et déjà un peu barré ‘Actor’.

ST. VINCENT - Interview - Paris, vendredi 24 juin 2011

La sortie de ton nouvel album arrive à grands pas, comment te sens-tu maintenant, nerveuse, impatiente?

St. Vincent : Je suis surtout excitée, comme si mon anniversaire allait arriver, parce que j’ai encore tellement de travail à faire avant la sortie de l’album, que ce soit la promotion, les photos, les répétitions avec le groupe – on se prépare pour la scène – mais j’aime avoir des projets. Trop de temps libre ce n’est pas bon pour mon état émotionnel, donc je suis vraiment heureuse de travailler et de faire ça! (l’interview a eu lieu fin juin, ndlr).

J’ai lu sur ta biographie officielle qui a été écrite pour ce nouvel album sur le site officiel de Beggars Group (US) que sur ‘Strange Mercy’, tu « redéfinis l’idée du guitar hero », qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire?

St. Vincent : Oh… Je suppose qu’il va falloir que je devine, je ne sais pas vraiment! Je pense que la guitare est mise en avant sur cet album de beaucoup de façons différentes. Je joue d’une manière qui est vraiment proche de mon coeur et de la manière dont j’ai grandi. J’ai grandi en écoutant du Métal, du Rock assez agressif, donc il y a pas mal de distorsion sur les guitares, elles sont assez explosives. Je suppose que c’est ce qu’ils veulent dire!

Il y avait un thème précis sur ton album précédent, ‘Actor’, est-ce le cas pour celui-ci?

St. Vincent : Oui c’est pareil pour celui-ci. L’année dernière c’était l’année du Tigre parmi les signes du zodiaque Chinois – de février 2010 à 2011 – et ce fut pour moi une année vraiment difficile et triste. J’ai écrit toutes les chansons pendant cette période et je pense qu’elles explorent toutes le thème de la douleur et la recherche de réconfort.

Et comment s’est passée la composition, la création de cet album?

St. Vincent : J’ai voulu commencer d’une manière plus simple, donc j’ai éteint mon ordinateur et je l’ai rangé au placard. Je jouais juste de la guitare, et je chantais. J’essayais de revenir à la façon dont j’écrivais ma musique à l’origine.

C’était donc différent des albums précédents?

St. Vincent : Oui j’ai entièrement composé mes premiers albums avec l’aide de l’ordinateur, je ne jouais pas la moindre note de musique moi-même avant d’entrer en studio.

ST. VINCENT - Interview, Paris, vendredi 24 juin 2011Penses-tu que des artistes en particulier ont pu t’influencer sur tes nouvelles chansons?

St. Vincent : J’ai toujours écouté Nick Cave et je trouve The National extraordinaire. mais ce disque a beaucoup plus été influencé par ma propre expérience que par d’autres musiques.

Donc cette fois-ci ton ordinateur n’a pas joué un grand rôle dans la composition, mais de quels autres instruments joues-tu?

St. Vincent : Je joue du piano et de la basse. En fait je peux faire un peu de tout, mais je suis d’abord et avant tout une guitariste.

Tu as enregistré l’album au Texas avec John Congleton, peux-tu m’en parler un peu?

St. Vincent : Je connais John depuis 5 ou 6 ans, quand je travaillais avec The Polyphonic Spree sur un disque intitulé ‘The Fragile Army’, puis il a ‘sauvé’ mon dernier album, ‘Actor’. J’avais commencé à enregistrer avec quelqu’un d’autre puis j’ai appelé John pour lui dire « Il faut que l’on sauve ce disque parce qu’il déraille complètement! ». On l’a alors ramené à des chansons plus Pop en recollant les morceaux de musique. Donc j’ai commencé cet album avec lui. On a passé deux mois tous les jours en studio, à essayer des arrangements différents. Et on est très complémentaires, l’un peut finir les phrases de l’autre! Il me fait avancer et je parviens à le surprendre, ça fonctionne vraiment bien entre nous.

Et comment se passe l’enregistrement ? Essaies-tu de jouer autant d’instruments que possible par toi-même ?

St Vincent : Ca fait bien longtemps que l’idée de tout faire par moi-même m’est passée. J’ai enregistré avec Mckenzie Smith de Midlake à la batterie, il a un excellent feeling , et Bobby Sparks qui jouait dans le groupe de Prince. Il a apporté quelque chose de plus ‘Funky’. Parfois c’est bien d’être surprise plutôt que de tout diriger par soi-même, donc il m’arrivait de lui dire, « Bobby, vas-y ! » et il jouait alors un extraordinaire solo.

Je t’ai vue jouer en concert à Paris il y a deux ans à la Maroquinerie…

St. Vincent : Ah oui !… Etais-je en solo ?

Oui, et c’était ma question en fait. Tu étais là, toute seule, avec un tas de câbles branchés autour de toi pour tes arrangements, est-ce que tu procèdes ainsi en général ?

St. Vincent : Non, je joue avec un groupe, mais pour des raisons d’argent j’ai souvent dû jouer toute seule en Europe, ce qui n’est pas censé être le cas. C’est juste trop cher de faire venir le groupe.

Et c’est difficile d’adapter les chansons à la scène lorsque tu es en solo ?

St. Vincent : Ca dépend des chansons, mais oui. Je n’ai jamais voulu être – et je n’ai jamais été – une singer songwriter toute seule avec sa guitare acoustique. La manière dont ma musique est représentée esthétiquement est aussi importante que les paroles à bien des égards. Donc j’ai du mal à me sentir bien en solo. C’est une autre approche et d’une certaine façon c’est cool d’avoir ce genre d’expérience, mais le son d’un groupe me manque.

Et comment la transition des chansons se fait-elle du studio à la scène, sont-elles fidèles aux versions de l’album ?

St. Vincent : Oui, elles sont assez fidèles à l’album, mais j’essaie de les rendre plus agressives. C’est une chose qui se fait naturellement en live.

Avant de faire une carrière solo tu as joué avec plusieurs autres artistes, dont Sufjan Stevens, The Polyphonic Spree… Quand as-tu décidé de te lancer dans ta propre carrière ?

St. Vincent : Avant de rejoindre The Polyphonic Spree je travaillais déjà sur l’album qui deviendrait ‘Marry me’. Entretemps tout cela m’a apporté une merveilleuse éducation, notamment en tournée avec Polyphonic Spree. Puis Brian Teasley (de Polyphonic Spree, ndlr) a co-produit le premier album avec moi, on l’a fini ensemble. Puis les maisons de disques ont commencé à s’intéresser à moi et j’ai finalement signé avec Beggars Banquet alors que je faisais les premières parties de Sufjan Stevens – et jouais dans son groupe aussi. Mon disque était déjà prêt avant d’avoir un label. J’ai toujours voulu faire ce que je fais aujourd’hui, mais c’est le fait de jouer avec d’autres qui a permis à ma carrière de décoller.

ST. VINCENT - Interview, Paris, vendredi 24 juin 2011Et ça te manque aujourd’hui le fait de ne plus jouer avec eux ?

St. Vincent : Je pense que maintenant je suis trop occupée pour travailler avec d’autres groupes, mais je suis très nostalgique de cette époque : mes premiers concerts avec The Polyphonic Spree notamment, enfin tous mes concerts en fait. Je suis très nostalgique parce que je me rends compte que j’ai passé toute ma vie adulte en tournée. Une vagabonde. Jouer à des concerts, être dans le bus, dans le camion, à l’hôtel, au motel… Et je ne connais rien d’autre.

Tu ne te verrais pas dans un job plus ‘classique’ ?

St. Vincent : Je me suis fait virer de tous les boulots normaux que j’ai eus, donc non, je ne peux pas imaginer ça !

Et ton pseudonyme, St. Vincent, d’où vient-il ?

St. Vincent :Il y a un grand disque de Nick cave & The Bad Seeds intitulé ‘Abattoir Blues/The Lyre of Orpheus’ et il y a une chanson sur cet album, ‘There She Goes, My Beautiful World’ dans laquelle se trouve cette ligne de paroles : « And Dylan Thomas died drunk in St. Vincent’s hospital ». Il le dit d’une façon si sardonique, mais triste et universelle en même temps… Ça vient de là. Et je suis aussi une grande fan de Bob Dylan, et comme son personnage s’appelle Dylan Thomas, je me suis dit que je pourrais peut-être me servir de ça, en douce !

Je pensais que ton pseudonyme avait peut-être un lien avec l’iconographie religieuse, notamment parce que ton premier album a quelques chansons ironiques telles que ‘Jesus Saves, I Spend’ !

St. Vincent : Oui, je pense que c’est parce que ça vient de notre mythologie populaire, que les gens soient religieux ou non, c’est dans leur culture, et ça donne un accès instantané.

L’album sort en septembre, sais-tu si nous aurons le plaisir de te voir bientôt en concert en France ?

St. Vincent : Oui ! Fin novembre… Mais j’ai oublié le nom de la salle ! (la date est confirmée : St. Vincent jouera au café de la Danse à Paris le 30 novembre prochain, ndlr).

Avec un groupe cette fois-ci ?

St. Vincent : Avec un groupe !

Propos recueillis à Paris le vendredi 24 juin 2011.

Un grand merci à St. Vincent, Jean-Christophe Pons pour avoir rendu cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Beggars France.

Pour plus d’infos:

Lire la chronique de ‘Strange Mercy’ (2011)

Galerie photos du concet au Café de la Danse, le Mercredi 30 novembre 2011

Lire la chronique de ‘Actor’ (2009)
Lire la chronique de ‘Marry Me’ (2007)

La Maroquinerie, Paris, dimanche 26 avril 2009 : compte-rendu / galerie photos

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