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THE STAVES – Interview – Paris, jeudi 6 novembre 2014

Emily, Jessica, Camilla… Trois sœurs, trois voix et un amour commun de la musique et des mélodies acoustiques. The Staves, quel meilleur nom pour un trio dont le nom de famille est Staveley-Taylor ? Après un premier album remarqué outre-Manche en 2012, les revoici avec un nouvel opus enregistré avec Justin Vernon (Bon Iver) qui leur a apporté son expérience et son savoir-faire pour un résultat plus abouti et terriblement touchant. A quelques jours de la sortie de ce disque, nous publions cette interview effectuée à l’occasion de leur première partie du showacse privé de Damien Rice à Paris le 6 novembre dernier.

THE STAVES - Interview - Paris, jeudi 6 novembre 2014

Pouvez-vous me présenter rapidement le groupe, d’où-venez-vous, et comment avez-vous commencé ?

Jessica : Oui, d’abord et avant tout nous sommes trois sœurs… Donc nous nous sommes toujours connues !!! (rires). Nous chantons ensemble depuis notre enfance. Nous avons grandi à Watford, tout près de Londres. Nos parents aiment et jouent de la musique, mais ce ne sont pas des professionnels, ils aiment chanter et jouer de la guitare. Je crois qu’en grandissant nous les avons toujours entendus chanter et écouter de la musique. Ils aimaient les Beatles, Simon & Garfunkel, Crosby Stills & Nash, Bob Dylan… Nous avons donc grandi en écoutant beaucoup de ce genre de musique et je pense que tout cela nous a déjà influencées très tôt. Nous chantions ensemble parce que nous avions entendu tellement de musique à la maison.

Emily : Nos parents chantaient les airs de toutes les chansons qu’ils passaient à la maison, donc nous avons rarement entendu un morceau sans que quelqu’un chante par-dessus, même les chansons enfantines. Nous avions la chance d’avoir pas mal d’amis avec le même genre de famille. Donc nous faisions la fête ensemble, on sortait les guitares et on passait tous de très bons moments ensemble à sa faire plaisir en jouant de la bonne musique. Nous chantions donc beaucoup avec d’autres personnes, jusqu’au jour où l’un de nos amis nous a dit : « Oh ! Vos devriez participer à cette scène ouverte organisée par le Pub ». Jusque-là je n’avais jamais vraiment chanté face à un public, mais nous nous sommes dit pourquoi pas ! Donc nous avons chanté quelques chansons ce soir-là au Pub du village pour nos amis et notre famille et ils ont apparemment beaucoup aimé. C’était un peu ça, les débuts, parce qu’ensuite nous nous sommes dit que nous devrions peut-être faire un concert. Ca fait environ 10 ans de cela.

Donc l’aventure n’a pas nécessairement démarré en chantant des morceaux Folk, mais peut-être en chantant des titres plus Pop et en évoluant à partir de là ?

Jessica : Nous avons commencé en chantant des reprises des Beatles, de Simon & Garfunkel, Joni Mitchell, Bob Dylan, Neil Young, puis nous avons commencé à écrire nos propres chansons et suppose que nous avons alors trouvé notre propre son.

Camilla : C’est bizarre… Je ne sais pas si nous sonnons ‘Folk’ ou non.

Jessica : Oui, on ne se voit pas nécessairement comme un groupe Folk.

Oui j’utilise plus le terme pour définir une musique acoustique ici.

Jessica : Oui, acoustique convient mieux!

Et parmi vos trois voix, il y en at-il une mise en avant plus que les autres ?

Camilla : En fait ça change d’une chanson à l’autre. On n’en a jamais vraiment discuté à vrai dire, qui va chanter ou qui va écrire telle ou telle chanson. Celle qui chante est plus souvent celle qui a commencé à écrire le morceau parce qu’il est basé sur son expérience ou sur ses sentiments. Ou parfois l’une d’entre nous écrit un titre mais sent qu’il conviendra mieux à la voix d’une autre. C’est différent à chaque fois. Et puis il y a beaucoup d’harmonies chantées à trois.

Et pensez-vous que c’est plus facile de jouer ensemble en étant sœurs, ou au contraire cela apporte-t-il plus de tensions au sein du groupe ?

THE STAVES - Interview - Paris, jeudi 6 novembre 2014Camilla : C’est une bénédiction et une malédiction à la fois ! C’est super parce que nous sommes très proches et nos voix se marient très bien. Je pense qu’il y a une intuition naturelle entre nous qui n’existe pas forcément avec quelqu’un que l’on n’a pas connu toute sa vie. D’un point de vue technique, en chantant nous inspirons instinctivement toutes les trois en même temps, et mettons l’accent sur certains mots de la même façon. Donc c’est bien. Evidemment on se dispute beaucoup quand même ! Mais rien de trop grave !

Emily : C’est étrange d’avoir ce passé partagé, une relation de travail était déjà en place, et quand il s’agit des tournées c’est incroyable parce que nous avions déjà l’habitude de partager nos chambres, de chanter à l’arrière d’une voiture pendant des heures ensemble. Tout cela n’a rien de nouveau pour nous. Et puis il y a cette chose que l’on ne peut pas vraiment expliquer, cette intuition qui découle naturellement des liens familiaux et que l’on retrouve souvent avec son meilleur ami, cette complémentarité, quand l’un finit les phrases de l’autre.

Votre premier album a été très bien reçu au Royaume-Uni, vous attendiez-vous à un tel accueil ?

Camilla : Je crois que nous n’avions jamais osé rêver être signées à une grosse maison de disques un jour. C’était sans aucun doute un rêve qui se réalisait d’être capable de sortir un album et d’avoir quelqu’un qui paie pour ça ! On se préparait à de bonnes et de mauvaises critiques, mais heureusement la plupart ont été très positives.

Emily : C’est bizarre, tu as toutes ces sources d’inquiétude qui te passent par la tête, mais une fois que le disque est fait, tout ce qui compte c’est que nous l’aimions, ou que nos parents l’aiment !

Jessica : Je crois que les choses se sont mieux passées que nous ne l’espérions, nous avons eu beaucoup de chance.

Après les questions sur votre passé passons à l’avenir ! Vous avez sorti à l’automne dernier un EP intitulé ‘Blood I Bled’ qui était je suppose un premier aperçu de l’album à venir ?

Emily : Nous avons donc enregistré un album mais nous savions que cela prendrait du temps avant qu’il ne sorte, ces choses-là prennent toujours du temps, je ne sais pas trop pourquoi. Mais nous avions vraiment envie de sortir quelque chose de nouveau parce que nous étions très excitées par les nouvelles chansons que nous avions écrites et leur enregistrement. Nous avons donc sorti cet EP dont le titre principal, « Blood I Bled », sera également sur l’album. Cette chanson c’était la première dont nous avions fait une démo lorsque nous sommes allées dans le Wisconsin pour enregistrer et aussi pour nous détendre. L’énergie de cet endroit et l’état d’esprit dans lequel nous étions alors étaient incroyablement excitants pour nous. Nous n’avions jamais rêvé d’avoir tous ces instruments à notre disposition et d’atteindre le niveau auquel nous sommes arrivées.

Et pourquoi êtes-vous allées enregistrer dans le Wisconsin ?

Camilla : Nous avons enregistré l’album avec Justin Vernon de Bon Iver avec qui nous avions fait quelques tournées, aux Etats-Unis et en Europe. Nous nous sommes très bien entendues avec lui et tout le groupe. Ca faisait déjà deux bonnes années que nous tournions et nous commencions à être un peu fatiguées par la route. Donc Justin nous a dit « Venez chez moi dans le Wisconsin, il y a un studio, vous pourrez juste vous détendre, boire des bières, jouer quelques chansons. » Bien sûr tout cela semblait très fun pour nous. Donc nous avons réussi à trouver ce petit coin de liberté après la tournée. Nous sommes donc allées là-bas et avons passé environ 10 jours à enregistrer des démos et en fin de compte nous avons écrit tellement de chansons et passé un très bon moment, notamment à expérimenter tous les instruments qu’il possède. Il y avait si longtemps que nous n’avions rien écrit parce que nous étions en tournée, nous n’avions rien créé. Donc c’est comme si tout cela était resté en attente depuis des lustres et quand nous avons fait ce break tout est ressorti d’un coup. C’était vraiment le meilleur endroit pour se dédier à la création. Nous y sommes donc retournées deux fois, et nous étions alors prêtes à enregistrer un album.

Donc Justin Vernon s’est occupé de la production ?

Jessica : Il l’a produit et il chante sur une chanson que je ne peux pas encore révéler ! Les gens vont donc devoir attendre que l’album sorte ! Il joue quelques instruments aussi.

Emily : Nous n’avions jamais expérimenté de sonorités électroniques auparavant et il a une belle collection de synthés, il comprend vraiment bien comment les utiliser avec sensibilité. C’était super de pouvoir bénéficier de son expertise dans ce domaine.

Jessica : Et sur cet EP, ‘Blood I Bled’, nous avons produit nous-même les deux autres chansons, ‘Open’ et ‘America’, mais nous les avons aussi enregistrées dans le Wisconsin, parce c’était un peu comme une maison pour nous.

Emily : Oui, en plus Justin avait dû s’absenter quelques jours, donc nous lui avons dit que nous pouvions le faire !

THE STAVES - Interview - Paris, jeudi 6 novembre 2014

Sur votre premier album vous aviez fait un clip pour ‘Tongue Behind My Teeth’, habillées en Cow-girls. Maintenant l’univers de votre nouveau clip, ‘Blood I Bled’ est complètement différent, c’est apparemment basé en Inde…

Jessica : C’est nous… déguisées en Indiennes ! (rires)

Pouvez-vous me dire quelle est l’histoire derrière ce clip ? Je l’ai regardé et pour moi il s’agit de grossesse, de communauté et d’honneur de famille…

Camilla : Oui, nous avions l’idée de filmer en Inde parce que c’est un endroit si dynamique est dramatique et la chanson elle-même a beaucoup de tout cela et surtout un côté assez cinématique. Nous avons donc pensé que les deux iraient bien ensemble. Nous avons parlé à un réalisateur que l’on nous avait recommandé et il a eu cette idée de filmer ces personnages en Inde, dans une ville ou un village, qui vont et viennent tout au long du clip. Il y a donc plusieurs histoires qui se croisent à la fois, ce n’est pas nécessairement un récit clair, mais il y a des thèmes précis qui sont tous liés. Des choses comme la naissance et la renaissance…

Emily : Il y a la naissance et la mort, et peut-être aussi la rédemption je suppose. L’idée d’un début et d’une fin.

Camilla : Oui, et faire face à l’adversité également. Il y a un petit garçon qui escalade une tour humaine, il a très peur au début puis à la fin il monte jusqu’en haut.

Jessica : C’était une belle collaboration avec le réalisateur Nick Rutter. Il y a de la colère dans cette chanson, elle traite notamment de la puissance de la colère, combien elle peut être destructrice, puis la fin du morceau montre la liberté de laisser partir cette colère, d’être libre donc.

Emily : Nous voulions explorer ces thèmes à travers le clip : renaissance, renouveau, une sorte de purification, la vie et la mort… Tous ces thèmes présentés dans une vidéo plutôt énigmatique, selon les personnes ce que l’on en retient est différent. J’aime vraiment cette ambiguïté.

Terminons avec vos concerts. Vous avez déjà tourné hors d’Europe, ces voyages vous plaisent-ils, sont-ils épuisants ?

(Toutes les trois) : C’est super !

Camilla : … mais c’est fatigant au bout d’un moment. C’est comme avec toutes les choses que tu fais trop, ça finit par rendre un peu fou. Mais sinon c’est ce qu’il y a de plus fun. C’est comme un voyage scolaire avec tous tes amis, et en plus tu joues de la musique tous les soirs. Nous nous sentons sans aucun doute plus chez nous sur scène que dans un studio. Ca nous paraît plus naturel de jouer devant des gens et d’avoir cette interaction. Faire ça tout le temps, c’est un rêve devenu réalité !

Propos recueillis à Paris le jeudi 6 novembre 2014

Un grand merci à The Staves, à Arnaud Lefeuvre pour avoir rendue cette interview possible, ainsi qu’à toute l’équipe de Warner Music France.

Pour plus d’infos :

Lire la chronique de « If I Was » (2015)

Galerie photos du showcase au Chalet des Iles, Paris, jeudi 6 novembre 2014

Lire la chronique de ‘Dead & Born & Grown’ (2012)

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