Date de sortie : 26 janvier 2024 / Label : Atlantic Records UK / Pays d’origine : Irlande

On a souvent tendance à l’oublier, mais c’est dans les vertes contrées de l’Irlande que le Shoegaze a véritablement vu le jour à la fin des années 80, sous l’impulsion de My Bloody Valentine. Et le jeune groupe de Galway NewDad semble bien s’en souvenir. C’est sûr, ces quatre-là font honneur à leur héritage musical en digérant non seulement ces sonorités de guitares planantes mais aussi plus de trente ans de Rock et de Pop Irlandais.

On imagine sans mal la chanteuse-guitariste Julie Dawson, la bassiste Cara Joshi, la batteuse Fiachra Parslow et le guitariste Sean O’Dowd passer leurs années adolescentes et étudiantes à écouter dans leur chambre des heures et des heures de New Wave, de Dream Pop, et un peu d’Indie plus légère façon Cranberries. Quoiqu’il en soit les EPs « Waves » (2021) et « Banshee » (2022) nous avaient bien mis sur la voie. Avec une ligne de basse dans la veine de The Cure (de manière assez flagrante sur « Nihtmares » et « Angel »), et une signature sonore bien en place, NewDad se pose un peu en cousin moins désespéré des Dublinois de Just Mustard. Car malgré le spleen ambiant, ce disque est plutôt tourné vers la lumière, certainement en raison du chant un peu rêveur de Julie Dawson qui n’est pas si lointain de celui d’Elena Tonra sur les premiers disques de Daughter, notamment sur des titres tels que « Change My Mind ».

La musique de NewDad lorgne irrémédiablement vers le passé. « Madra » (qui veut dire chien en gaélique) aurait parfaitement trouvé sa place dans les bacs au début des années 90. Il la trouve toutefois aussi bien aujourd’hui, dans un univers où les genres et les époques se mêlent. On ne peut que saluer le travail de production de Chris W. Ryan qui a su capter l’esprit du groupe qui ne tombe pas dans le piège d’un album hommage à leurs aînés mais d’un disque qui bénéficie de tout le charme, de l’instantanéité (et l’innocence) d’un premier album, tout comme les Cranberries à l’époque de « Everybody Else Is Doing It, So Why Can’t We? ».

On sent que les années de préparation et de concerts ont aidé NewDad à trouver le naturel nécessaire pour sortir aujourd’hui un disque solide et cohérent, avec de superbes titres de Pop rêveuse tels que « Nosebleed », et d’autres plus directs et saturés comme « Angel » et « Let Go ». Plus les écoutes passent et plus on a le sentiment que NewDad pourrait incarner le renouveau d’un genre qui a urgemment besoin de nouvelles icônes pour entrer de plain-pied dans le XXIème siècle. Avec MADRA, la Dream Pop a encore de beaux jours devant elle.