Date de sortie : 21 juillet 2023 / Label : Parlophone – Warner / Pays d’origine : Angleterre

Il y a des histoires d’amour qui ne s’arrêtent pas. Il y a bien sûr celle du public pour qui Blur restera toujours le symbole d’une époque où le Royaume-Uni voyait émerger comme des champignons des groupes au mélodies imparables. Il y a aussi celle des membres du groupe eux-mêmes qui, bon an, mal an, sont parvenus à rester soudés depuis plus de 30 ans, malgré une brouille temporaire entre Damon Albarn et Graham Coxon aujourd’hui oubliée.

L’éventualité d’un nouvel album de Blur ne semblait pourtant pas si évidente, huit ans après « The Magic Whip », un disque déjà inattendu après un hiatus encore plus long, d’une part parce que Damon Albarn et ses très nombreux projets ne doit pas disposer de beaucoup de temps pour ses vieilles amours, mais aussi parce que la vie continue pour les autres membres, qu’il s’agisse de la ferme d’Alex James, du duo de Graham Coxon et Rose Elinor Dougall nommé The WAEVE, du premier album solo de Dave Rowntree, en marge de ses engagements politiques…

Et pourtant ils se sont bien retrouvés une nouvelles fois, dans tous les sens du terme. Finis les « Woo-hoo », les « La La La » et autres gimmicks de l’ère Britpop. Blur est aujourd’hui un groupe qui ne joue ensemble que s’il en a envie. Un désir de plaisir partagé qu’ils ont prolongé sur scène depuis quelques moi, avec notamment deux stades de Wembley complets. Le fruit d’une complicité que l’on entend sur cet album très maitrisé, produit par le bidouilleur James Ellis Ford; même si la patte de Damon Albarn, de ses albums solo ou du dernier The Good, The Bad and The Queen sont omniprésents. Le titre de l’album fait référence à Darren « Smoggy » Evans, le garde du corps de longue date du groupe. Et les balades sont effectivement à l’honneur, qu’il s’agisse du titre d’ouverture ou de « The Everglades (For Leonard) ». A l’exception notable du plus rythmé « St. Charles Square » qui lorgne fortement dans le rétroviseur, Blur a fait le choix d’une collection de chansons qui n’ont plus besoin d’envolées énergiques pour séduire, à l’image du single « The Narcissist » ou du final raffiné que constitue « The Heights ».

Comme pourrait le suggérer ce dernier titre, Blur prend aujourd’hui de la hauteur et ravi ses fans avec un disque qui ne sera rétrospectivement probablement pas le plus marquant de leur carrière, mais qui respire le plaisir partagé et qui n’a surtout rien d’opportuniste.